« Assise sur le banc des témoins, je ne sais pas qui est juge ou procureur, mais je prends la parole devant l’obscur mécanisme de l’Histoire. »
Pınar Selek appartient à un genre particulier d’historiens et de sociologues, des personnages-histoire qui s’imprègnent de l’objet de leur étude afin d’en être eux-mêmes le protagoniste. En l’occurrence, Parce qu’ils sont arméniens est écrit à la première personne. Il s’agit d’une plongée dans l’histoire turque récente, dans l’histoire des minorités, y compris celle (...)
A la veille du 100e anniversaire du cauchemar de 1915, beaucoup se souviennent, d’autres découvrent, il est temps de partager la douleur pour la disperser. Mais quelle douleur ? Se souvenir de quoi exactement ? Pourra-t-on un jour savoir au juste la teneur de toutes les souffrances et lever les voiles qui recouvrent les vérités ?
En novembre 2013, la Fondation Hrant Dink organisait une conférence de trois jours sur les Arméniens islamisés « Müslümanlaş(tırıl)mış Ermeniler Konferansı » à (...)
Ils ne veulent être ni les instruments de la mondialisation, ni des pions dans un combat identitaire. C’est l’émergence d’une population préoccupée par des valeurs morales, d’acteurs sociaux non liés à une structure de pouvoir. Et c’est ainsi que Gezi est devenu rapidement un mouvement œcuménique, conforme au message clamé lors des obsèques de Hrant Dink.
[Ce texte est destiné à une manifestation toulousaine, « La Turquie de Gezi Parkı. Quatre jours pour comprendre le soulèvement populaire du printemps (...)
Je suis dans la clarté qui s’avance Mes mains sont toutes pleines de désir, le monde est beau. Mes yeux ne se lassent pas de regarder les arbres, Les arbres si pleins d’espoir, les arbres si verts. Un sentier ensoleillé s’en va à travers les mûriers. Je suis à la fenêtre de l’infirmerie. Je ne sens pas l’odeur des médicaments. Les œillets ont dû fleurir quelque part. Et voilà, mon amour, et voilà, être captif, là n’est pas la question, La question est de ne pas se rendre… Nazim Hikmet Ran
Récemment encore, (...)
Istanbul- Nous sommes le 24 avril 2013, square Sultanahmet à Istanbul. Des personnes se sont réunies devant le Musée des Arts Islamiques de Turquie qui en 1915, servait de prison et où furent détenus les intellectuels arméniens avant qu’ils ne soient envoyés à la mort. Mais quelque chose de très inhabituel se passe. On entend, annoncés dans un haut-parleur, des noms arméniens. Ce sont les noms de villages arméniens. La voix dit : “ Province du Vaspouragan... Avants... Lezk... Shabaghi... Akhzia... (...)
Turquie Européenne reproduit ici un texte d’une grande force publié initialement en français par la rédaction des Nouvelles d’Arménie. Il s’agit du discours de la militante Ayşe Günaysu, diffusé en ligne sur le site The Armenian Weekly et prononcé au cours d’une table ronde à l’Institut Grotowski à Wroclaw, en Pologne, le 10 novembre 2012.
Elle y affirme que la négation du génocide arménien n’est absolument pas seulement une différence de perception de l’histoire, mais qu’elle modifie et structure (...)
Il y a peu de temps, Buşra Ersanlı était relaxée après un long procès au cours duquel elle passa 8 mois en détention. Arrêtée le 28 octobre 2011 en même temps que le journaliste Ragıp Zarakolu, ils étaient tous deux accusés de dispenser des cours aux universités du BDP (Barış ve Demokrasi Partisi, Parti pour la Paix et la Démocratie) et d’entretenir des liens avec le KCK (cf. édition du 5 novembre 2011 « Nouvelles arrestations inquiétantes en Turquie »). Ces arrestations répétées d’intellectuels et de (...)
Dimanche 27 mai dernier, l’Association Afrikalılar – Dayanışma, Kültür ve Yardımlaşma Derneği (Africains – Association de Solidarité, de Culture et de d’Entre-aide) organisait sa sixième fête annuelle de la vache (Dana Bayramı). L’histoire de cette association, presque autant que l’histoire des descendants d’esclaves africains en Turquie, est intéressante, touchante et représente une preuve d’une conscience d’un mouvement noir nouveau en Turquie.
Les études sur la traite des noirs sous l’Empire Ottoman sont (...)
« Deux peuples ont marqué l’histoire mondiale : les Turcs et les Juifs. Les Turcs sont un peuple glorieux, victorieux, leur histoire est mondiale. C’est un peuple de soldats. C’est le peuple qui, au cours de l’histoire, a fondé le plus d’États, qui a fondé des empires. Ce n’est pas le cas des Juifs. La scène sur laquelle se déroule l’histoire des Turcs s’étend sur trois continents (…). Au cours des âges, ils y ont accompli une mission historique (…), car ils ont rencontré et influencé beaucoup de peuples. (...)
Le racisme est une idéologie affirmant la supériorité d’une race sur les autres. Il en existe aujourd’hui deux genres dont le second peut tous nous interroger légitimement :
a - L’un violent et motivé par une puissante passion xénophobe qui théorise sa peur et sa haine brutes de l’étranger, de l’autre, par un discours mettant en scène la supériorité de sa communauté, de sa race. Une supériorité fondée sur des déterminations biologiques, voire génétiques. Racisme historique et primaire, il est aujourd’hui (...)