Ils ne veulent être ni les instruments de la mondialisation, ni des pions dans un combat identitaire. C’est l’émergence d’une population préoccupée par des valeurs morales, d’acteurs sociaux non liés à une structure de pouvoir. Et c’est ainsi que Gezi est devenu rapidement un mouvement œcuménique, conforme au message clamé lors des obsèques de Hrant Dink.
[Ce texte est destiné à une manifestation toulousaine, « La Turquie de Gezi Parkı. Quatre jours pour comprendre le soulèvement populaire du printemps (...)
Le pouvoir d’Erdoğan, accusé de corruption, se durcit et se replie sur lui-même, tandis qu’une partie du pays manifeste pour plus de libertés. Les rapports se tendent et réapparaissent les règlements de compte violents. Le tout sur fond de campagne électorale.
Si le jeune Berkin Elvan, 15 ans, est mort, l’« esprit de Gezi », 9 mois, est, lui, toujours vivant. Des dizaines de milliers de personnes ont de nouveau défilé mercredi 12 mars dans les rues d’Istanbul pour accompagner en terre un enfant du pays (...)
Mardi 17 septembre, Le Minstère de l’Intérieur a levé, par décision administrative, l’interdiction de territoire turc dont faisait l’objet Élisa Couvert. En juin 2013, cette étudiante de 24 ans avait été arrêtée par la police turque en marge des manifestations contre le gouvernement Erdoğan qui avaient secoué Istanbul. Suspectée « d’activité terroriste », l’élève de Science-Po, alors en échange universitaire, avait été détenue 4 jours dans un commissariat avant d’être transférée 10 jours dans un centre de (...)
À l’heure où les gaz lacrymogènes se dissipent et où le gouvernement croît être enfin venu à bout des dernières manifestations ou occupations qui ont encore sorti parfois le Ramadan de sa torpeur estival, il est temps de revenir sur les semaines de contestation que la Turquie a vécues, depuis la fin du mois de mai. Sans entrer dans des débats complexes et des analyses hasardeuses, Ekümenopolis, le film passionnant d’İmre Azem, n’explique sans doute pas tout, ce n’est pas d’ailleurs un documentaire sur la (...)
Sur la place Taksim d’Istanbul, les manifestations se succèdent depuis plusieurs semaines, décuplées par les violentes répressions des forces de l’ordre et l’autoritarisme du Premier ministre Erdogan. Un mouvement sans précédent en Turquie, parfois comparé à celui de mai 68, aux Indignés d’Occupy ou aux printemps arabes. Que signifie ce soulèvement d’une partie de la jeunesse ? Quel sera l’impact de cette contestation sur la société turque ? Retour sur un siècle d’histoire, pour comprendre les racines de (...)
Un printemps turc ?
Comme il était à prévoir, les comparaisons avec les printemps arabes ont vite fleuri et sont encore présentes dans toutes les têtes. Certaines analogies existent bel et bien : importance d’Internet et des réseaux sociaux, rôle moteur de la jeunesse, réappropriation pacifique d’un espace public confisqué par l’État, caractère résolument urbain, sur fond de baisse de la fécondité, d’augmentation du niveau d’éducation et d’urbanisation massive. Mais la comparaison s’arrête là, car (...)
Taksim, place du partage ou de la division ?
La contestation elle-même, en dépit de son aspect confraternel, n’est pourtant pas exempte de divisions qui apparaissent de plus en plus clairement. La poignée d’étudiants militants à l’origine du mouvement d’occupation l’avoue d’ailleurs sans ambages : ils se sentent dépassés par l’ampleur du mouvement, qui catalyse des forces et des frustrations accumulées sur plus d’une décennie. En réalité le mouvement d’origine spontané et peu organisé, soutenu par le (...)
Le jeu dangereux des symboles
Dans cette volonté affirmée de marquer les esprits et les territoires, le parti au pouvoir n’hésite pas à s’en prendre aux symboles de l’histoire républicaine et laïque de la Turquie, persuadé que le pays a définitivement engagé sa mue vers une démocratie conservatrice et qu’il n’est plus de retour en arrière possible. Ainsi le troisième pont sur le Bosphore a-t-il été baptisé du nom du sultan Selim Ier dit l’Inflexible ou le Terrible (yavuz en turc ottoman), père de Suleyman (...)
Ces violations massives des droits de l’homme risquent de ramener peu à peu la Turquie au statut qui était le sien dans les années 90 vis à vis des Nations Unis et du Conseil de l’Europe.
Je pourrais entreprendre de vous expliquer longuement la nouvelle loi sur le MIT [Organisation Nationale du Renseignement], écrire que même Orwell n’aurait pu rêver d’un service de renseignement qui conserve les analyses d’urine des gens [référence aux révélations récentes du journal Taraf sur les pratiques (...)
À l’origine de la contestation
Tout est parti de l’occupation par quelques militants du parc Gezi, situé sur la place Taksim, au cœur du quartier européen d’Istanbul. Les manifestants s’opposent au déracinement des arbres du parc dans le cadre du plan de rénovation et de piétonisation de la place, dont les travaux ont commencé il y a quelques mois de cela, et décident d’occuper le parc en campant sur place. Si le motif peut paraître futile, une sensibilité écologique est bel et bien apparue en Turquie (...)
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