Monsieur le Premier ministre, nous te devons tant de remerciements. Tu as beau ne pas l’avoir voulu, voire même avoir souhaité tout le contraire, te voilà devenu notre sage-femme en chef. Tu as été « l’accoucheur » de la Société civile de Turquie. Je m’explique.
Dans un premier temps (après avoir remis l’économie sur les rails et lancé le processus de paix avec les Kurdes), tu as mis un terme à la « tutelle militaire kémaliste » qui pesait sur le pays et s’acharnait à couler tous les citoyens dans le même (...)
De retour de Turquie, une auteure franco-turque témoigne : Je rentre d’Istanbul. Si je n’y étais pas allée, je n’aurais pas compris. Je n’aurais pas ressenti « l’esprit de Gezi » si je ne l’avais pas vu de mes propres yeux, en dépit des milliers de photos et de vidéos que j’épie obsessionnellement sur Facebook et Twitter depuis le 30 mai.
Ce parc abrite des milliers « d’habitants » depuis quinze jours. On y trouve bien évidemment des tentes, mais aussi une infirmerie, une longue table où des volontaires (...)
À l’image de la « fille en rouge » gazée par la police, des manifestantes descendent dans la rue pour défendre leurs droits.
Le visage de la révolte est féminin. C’est celui de « la fille en rouge ». Une jeune femme habillée d’une robe rouge fait face à une rangée de policiers casqués des pieds à la tête. L’un d’eux l’asperge de gaz lacrymogène. Ses cheveux se soulèvent. Le cliché a fait le tour du monde. Bien malgré elle, Ceyda Sungur est devenue l’icône du parc de Gezi et le symbole de la répression policière (...)
Ce matin vers 7h30, la police a organisé une farce pathétique sur la place de Taksim mettant en scène des policiers en civil déguisés en faux activistes « provocateurs » et « terroristes » jetant des cocktails Molotov et des pierres sur les TOMA (véhicules anti-émeute et canons à eau) de la police dans le but de justifier une attaque d’une violence extrême pour « protéger le pays de groupes marginaux terroristes ». Comme par hasard, les médias turcs arrivés sur commande qui, manipulés et serviteurs du (...)
Pour Zihni Özdil, doctorant à l’université Erasmus de Rotterdam, loin de représenter une menace pour le gouvernement, les manifestations de Gezi Parki seraient le chant du cygne, le dernier soubresaut de la classe moyenne et supérieure, laïque et kémaliste, qui a définitivement perdu tous les leviers du pouvoir en Turquie. Seule une possible crise économique pourrait détourner la base conservatrice de la société turque de « son » Premier Ministre.
Dès leur commencement, les projets du gouvernement turc (...)
Les vents de résistance qui viennent d’Istanbul portent les voix de la Commune de 1871, les chansons de 1968 et les slogans du « printemps arabe ». Moi, j’y ai aussi entendu les rythmes altermondialistes de Seattle en 1999 et les éclats de la manifestation pour le « mariage pour tous » à Paris.
Davantage que la quantité, c’est la pluralité de ces voix qui étonne dans la capitale turque : féministes, militant(e) s gays et lesbiens, anarchistes, artistes, anticapitalistes et écologistes, main dans la (...)
Comment sortir de la crise ? Telle est bien la question qui se pose au gouvernement turc et plus particulièrement à son premier ministre après 4 jours d’occupation du Gezi Parkı sur la place Taksim à Istanbul, qui ont tourné à l’émeute, le 31 mai dernier. Le 1er juin, alors que les tensions restaient très vives, Recep Tayyip Erdoğan qui venait d’affirmer qu’il ne céderait rien, a finalement décidé de retirer la police anti-émeute de Taksim. Ce recul du premier ministre a fait suite à un appel au calme lancé (...)
Les Turcs qui descendent dans la rue défendent une ambiance, une ville, un style de vie auxquels ils tiennent et qui sont mises à mal par le gouvernement islamiste de plus en plus autoritaire.
Le parallèle est tentant. La place Taksim à Istanbul aujourd’hui serait la place Tahrir du Caire hier. C’est effectivement là, dans le parc qui borde la place Taksim au cœur d’Istanbul, et d’une manière également spontanée et très inorganisée, que tout a commencé. Avec comme détonateur une « banale » question (...)
En tant que citoyen turc inquiet depuis longtemps des carences démocratiques, j’apporte mon soutien au mouvement de contestation pacifique qui consiste à demander au gouvernement Erdoğan de ne plus ignorer les revendications pour les libertés fondamentales.
Dans un pays démocratique, lorsque le pouvoir politique confond la majorité parlementaire et le pouvoir absolu, applique une censure générale par l’intimidation sur la grande majorité des médias, emprisonne des dizaines de journalistes, des (...)
Cela couvait mais nous ne savions pas que l’incendie viendrait des arbres de la place de Taksim. Depuis plusieurs jours, des associations, des groupes de citoyens, des « collectifs » en formation tentaient de défendre la promenade située en plein cœur d’Istanbul, le dernier espace vert du centre ville, contre les tronçonneuses, puis contre les policiers, les gaz et les canons à eau. Il faisait beau et chaud. Des groupes campaient sur place pour occuper le lieu. Cela ressemblait à une révolte (...)
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