Les guerres intestines se multiplient au sommet de l’Etat turc : entre la justice et la police d’une part, le gouvernement et les services secrets de l’autre, le tout sur fond de question kurde. Cette situation grotesque met en danger la séparation des pouvoirs, estime l’écrivain Ahmet Altan.
Au moment où j’écris ces lignes, le Parlement turc étudie un projet de loi selon lequel un membre des services de renseignements (MIT) ayant commis un délit dans le cadre d’une mission ordonnée par le Premier (...)
Chez nous, ça n’est pas cent ans de solitude, mais cent années de mensonge. Du lancement du processus de ’nation-building’ initié lors de l’effondrement de l’empire ottoman, jusqu’à nos jours, un siècle quasiment, nous vivons dans un monde virtuel, un monde de mensonges. Enfin, « on nous fait vivre » dans un monde de mensonges, je devrais dire, parce que nous, nous n’avons pas choisi ; cela fait au moins trois générations qui viennent au monde dans ce mensonge ; nous avons été élevés dans ce monde-là, (...)
Ankara vit au rythme des « révélations » sur cette nébuleuse censée fomenter des coups d’Etat. Les « puissants » d’hier, les militaires et membres de l’establishment kémaliste (républicains laïcs), sont dans l’œil du cyclone judiciaire turc.
Depuis quatre ans, les Turcs vivent au rythme éprouvant de l’« Affaire Ergenekon » . Un terme quasi générique qui recouvre tout à la fois des actions subversives, des tentatives de coup d’Etat et des complots qui auraient été fomentés, depuis des années, par une nébuleuse (...)
Depuis deux semaines, c’est l’alerte en Turquie. “Ah, par pitié, faites qu’Ergenekon ne devienne pas un nouveau Susurluk !” Susurluk, c’était un scandale aussi grand qu’une montagne et son procès avait donné naissance à un Mickey Mouse. Mais ce n’est pas là le fond de la chose que visent ces mises en garde. Elles visent le fait qu’en caricaturant, d’une certaine manière, cette affaire, on ait manqué une superbe occasion de débarrasser le pays de ce qu’on appelle l’Etat profond. Et on nous dit, attention, (...)
Le parti de la Justice et du développement, l’AKP est au pouvoir en Turquie depuis plus de huit ans aujourd’hui. Il a été aux commandes d’un pays pour lequel la première décennie du XXIè siècle restera comme l’une des plus déterminantes de sa jeune histoire républicaine. Issu d’un islam politique au discours radical, l’AKP s’est voulu réformateur et a su se montrer pragmatique. D’où vient-il ? A-t-il évolué ? Dans quelle mesure ? Editée en 2006, cette analyse se révèle d’autant plus pertinente qu’elle permet (...)
L’affaire « Ergenekon » a connu de nouveaux développements importants, ces dernières semaines. Le 25 mars 2009, le parquet a lancé un deuxième acte d’accusation qui met en cause, en particulier, les généraux Şener Eruygur et Hursit Tolon (arrêtés en juillet 2008, puis relâchés respectivement en septembre 2008 et en janvier 2009) et leur reproche d’avoir été au cœur d’un complot visant à déstabiliser le gouvernement de l’AKP, en 2003/2004.
À bien des égards, ce nouvel acte d’accusation avait semblé accroître le (...)
Reclus dans un village, « quelque part dans le sud de la Suède », Abdülkadir Aygan vit sous la protection des services secrets suédois. Et pour cause : ce réfugié fait trembler la Turquie à chacune de ses révélations.
Ancien membre de la rébellion kurde du PKK, il a été « retourné » par l’armée turque dans les années 1990. Il a alors collaboré avec le Jitem, une cellule clandestine de la gendarmerie chargée de la lutte antiterroriste. Pendant dix ans, il a pris part aux crimes perpétrés dans le sud-est de la (...)
Tout d’abord ce qui m’afflige : je déteste profondément être traité de “défenseur de l’AKP” lorsque je fais part de ma réaction face à tous ceux qui défendent ouvertement ou à couvert l’Etat profond (structure interlope dans les profondeurs de l’Etat et de l’armée, liée au crime organisé comme aux forces antiterroristes et accusée de tirer les ficelles du régime politique en Turquie. L’organisation Ergenekon en serait l’émanation aujourd’hui en partie exposée au grand jour, NdT). Désormais ils peuvent dire ce (...)
Un reportage dans le district de Cizre, dans l’extrême sud est de la Turquie, provoque toujours chez moi un sentiment presque insoutenable de profonde inquiétude pour l’avenir.
Les rues étroites et poussiéreuses, les petites maisons qui, vues du toit de l’une d’elle, évoquent des rangées de tentes construites en ciment, les hommes sans emploi, la tristesse dans les yeux des femmes et les enfants que l’expérience de la vie font paraître plus âgés que leur âge - toutes ces scènes rendent palpable (...)
Les déclarations faites par les anciens chefs d’état-major de l’armée turque, Hilmi Özkök et Yasar Büyükanit donnent le ton de la nouvelle tournure prise par l’affaire Ergenekon à la suite de la révélation du journal personnel de Mustafa Balbay.
C’est le journaliste de Milliyet Fikret Bila qui interroge. Et les réponses de ces deux officiers supérieurs finissent à la une de ce quotidien. Par la suite, Hilmi Özkök s’entretient avec Enis Berberoglu de Hürriyet. Hilmi Özkök a vu son nom être cité dans les (...)