Sur la place Taksim d’Istanbul, les manifestations se succèdent depuis plusieurs semaines, décuplées par les violentes répressions des forces de l’ordre et l’autoritarisme du Premier ministre Erdogan. Un mouvement sans précédent en Turquie, parfois comparé à celui de mai 68, aux Indignés d’Occupy ou aux printemps arabes. Que signifie ce soulèvement d’une partie de la jeunesse ? Quel sera l’impact de cette contestation sur la société turque ? Retour sur un siècle d’histoire, pour comprendre les racines de (...)
À l’origine de la contestation
Tout est parti de l’occupation par quelques militants du parc Gezi, situé sur la place Taksim, au cœur du quartier européen d’Istanbul. Les manifestants s’opposent au déracinement des arbres du parc dans le cadre du plan de rénovation et de piétonisation de la place, dont les travaux ont commencé il y a quelques mois de cela, et décident d’occuper le parc en campant sur place. Si le motif peut paraître futile, une sensibilité écologique est bel et bien apparue en Turquie (...)
La Turquie vit depuis près d’une semaine l’une des pages les plus importantes de son histoire récente et l’AKP l’un des plus gros défis qu’il ait connus depuis son arrivée au pouvoir en 2002. Qualifiés de « vandales » (çapulcu) par le Premier ministre Erdoğan, les manifestants n’ont pas tardé à faire œuvre de dérision et s’approprier le vocable, qui connaît désormais ses déclinaisons anglaise (« chapulling ») et française (« chapuler »). Retour en cinq parties sur des événements susceptibles de changer la face du (...)
Dix jours après l’évacuation par la force du parc Gezi, la Turquie se trouve dans une situation étrange. Pour Erdoğan, la neutralisation du centre névralgique de la contestation devait constituer l’ultime étape du rétablissement de l’ordre. Une fois les centres-villes du pays reconquis, la terreur d’État ferait son œuvre, et chacun rentrerait chez soi ou retournerait au travail. Terreur d’État il y a bien eu. Le gouvernement a fait savoir que les manifestants seraient désormais traités « comme des (...)
Si les négociations se débloquent petit à petit, le pays a encore un long chemin à parcourir avant de faire partie du club des pays européens. Au même titre que les projets d’unions politique et militaire, l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne (UE) constitue un des serpents de mer de l’histoire communautaire. Il y a plus de cinquante ans que la Turquie tente de se rapprocher de son voisin occidental, elle qui a un pied à l’Ouest, l’autre en Asie. Dès 1963, le pays a signé un accord (...)
Lettre aux Ministres des Affaires Etrangères des pays membres de l’Union Européenne
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Nous apprenons avec consternation que le Conseil Européen risque d’ajourner mercredi prochain les négociations, prévues de longue date, du chapitre concernant la Politique régionale.
Face à la réaction du gouvernement turc et à la brutalité de la répression envers les manifestants pacifiques du parc Gezi et ceux à l’échelle du pays, certains gouvernements de pays membres de l’Union (...)
Samedi 22 juin, une semaine à peine après l’évacuation mani militari de Gezi Parkı, les manifestants étaient de retour sur Taksim, et la police a du faire à nouveau usage de ses canons à eau pour faire disparaître des revenants qui n’ont pas l’air de considérer que tout est fini. Au cours de la semaine qui vient de s’écouler, un certain nombre de manifestations, d’actes de résistance, de protestations civiques, à Istanbul et dans différentes villes de Turquie, ont montré que la situation était loin d’être (...)
A tous ceux qui cherchent une filiation du mouvement actuel avec quelque “printemps arabe”, je demande s’ils ont observé un phénomène comme celui que je décris ci-après en Libye, en Égypte ou même en Tunisie. « L’empire de la peur s’est écroulé, le mur de la peur est tombé », écrit Füsun Özbilgen ce matin 5 juin sur bianet.org.
Février 1997, un précédent ?
Les gens sont dans la rue, et à la maison ils retrouvent un mode de protestation qui était né en février 1997. Le mouvement s’appelait « Sürekli aydınlık (...)
Monsieur le Premier ministre, nous te devons tant de remerciements. Tu as beau ne pas l’avoir voulu, voire même avoir souhaité tout le contraire, te voilà devenu notre sage-femme en chef. Tu as été « l’accoucheur » de la Société civile de Turquie. Je m’explique.
Dans un premier temps (après avoir remis l’économie sur les rails et lancé le processus de paix avec les Kurdes), tu as mis un terme à la « tutelle militaire kémaliste » qui pesait sur le pays et s’acharnait à couler tous les citoyens dans le même (...)
L’AKP, Recep Tayyip Erdogan et les événements de la place Taksim vus par Mahan Doğrusöz, militante féministe à Istanbul
Mahan Doğrusöz a 43 ans. Psychologue de formation, elle est une féministe stambouliote convaincue. Pour elle, les événements de la place Taksim sont une véritable révolution. Comme les manifestants, elle dénonce les manœuvres d’Erdogan pour rompre avec la République laïque. Et rogner insidieusement sur les acquis des femmes. Interview.
Le figaro.fr/madame. - Peut-on parler de régression (...)
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