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Turcs et Arméniens : « construire un avenir commun »

Entretien avec Michel Atalay, fondateur du collectif turco-arménien Biz Myassine

jeudi 23 avril 2009, par Marillac

Alors que la glace semble fondre entre Turquie et Arménie et que la société civile turque s’empare de la question de ce passé douloureux, TE souhaitait adresser quelques questions à des personnalités franco-turques engagées.

- Michel Atalay, pourquoi ?

En 2007, Michel Atalay fut avec Denis Donikian le fondateur du collectif « Biz Myassine », Nous ensemble. Depuis cette date, ils appellent les citoyens d’origine turque et arménienne à se rassembler en un geste de commémoration devant la statue du père Gomidas à Paris, monument symbole de la tragédie de 1915.

- Depuis quelques mois les choses semblent bouger entre la Turquie et l’Arménie, plus généralement entre Turcs et Arméniens. Quel regard portez-vous sur ces évolutions ?

Pour ma part, cette évolution est très positive. La France et L’Allemagne ont réussi à dépasser leur haine pour finalement mettre les bases de l’actuelle Union Européenne. Il faut qu’Arméniens et Turcs fassent aussi preuve de courage pour aller vers l’autre, pour construire un avenir qui est forcément commun d’un point de vue historique, économique et géographique. Dans la démarche Biz-Myassine (Nous - Ensemble), nous avons mis l’accent sur le rapprochement des individus des deux peuples.

- Tout le monde a le regard braqué sur le 24 avril et la possible reconnaissance du génocide arménien par Barack Obama. Est-il normal encore une fois que l’agenda de cette question douloureuse échappe aux principaux concernés, à savoir les Turcs et les Arméniens ?

Je considère que Turcs et Arméniens ont trop souvent laissé certaines grandes puissances dicter leur politique étrangère, volontairement ou pas. Les deux cotés ont toujours déployé une énergie folle à convaincre l’un les Etats-Unis de reconnaître le génocide et l’autre l’inverse, chacun avançant ses arguments. Les perdants seront toujours les deux peuples arméniens et turcs car il ne faut pas oublier que l’intérêt d’Obama est avant tout son pays. J’espère qu’Arméniens et Turcs prendront enfin leur destinée en mains et décideront de résoudre leurs problèmes.

- Il n’est aujourd’hui qu’une figure qui rapproche, sur des malentendus, Turcs et Arméniens : Hrant Dink. Que pensez-vous de son message de réconciliation entre les deux peuples ?

La démarche du collectif Biz-Myassine est née quelques mois après l’assassinat du journaliste Hrant Dink. Hrant Dink a œuvré pour que les deux peuples, arméniens et turcs, vivent ensemble sur une même terre. Le mot dialogue a toujours été dans sa bouche et il n’a jamais essayé de diaboliser l’autre. Il voulait rester citoyen turc malgré l’ingratitude des pouvoirs publics turcs.

- Nous approchons du 24 avril : selon vous, les Turcs doivent-ils tenter de s’adresser aux Arméniens ? Comment ?

La pétition lancée en décembre dernier par un groupe d’intellectuels turcs est un exemple de démarche que les Turcs peuvent apporter aux Arméniens. Au niveau du gouvernement, je pense qu’il faut ouvrir la frontière qui sépare la Turquie et l’Arménie. Avant de vouloir réconcilier les Etats, il faut déjà que les citoyens se fréquentent à nouveau et puissent vivre ensemble en sortant de leur inconscient qui leur dicte l’inverse.

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