Première conséquence à chaud de ses contacts à Ankara, le Hamas renonce à se rendre à Téhéran où il était attendu au sortir de Turquie. La chancellerie turque poursuit sa mission d’information auprès des membres du Quartette. L’heure est aussi à la reprise d’un dialogue serein avec les autorités israéliennes, particulièrement échaudées par cette initiative surprise.
© Radikal, le 19/02/2006
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Suite au conseil donné par le ministre turc des Affaires étrangères, la délégation du Hamas a modifié son parcours initial, préférant revenir à Damas que de poursuivre sur Téhéran. Le Hamas qui prévoyait de poursuivre sa tournée des capitales régionales par Téhéran juste après Ankara a reçu un avertissement sec de la part d’Abdullah Gül, chef de la diplomatie turque : « si vous vous rendez à Téhéran, les équilibres régionaux seront bouleversés. Et le message que vous souhaitez faire entendre à l’ensemble du monde sera déformé et travesti. Ce n’est vraiment pas le moment de se rendre à Téhéran. » La chancellerie turque considère ce revirement de la délégation du Hamas comme l’une des premières conséquences positives de cette visite en Turquie.
L’administration était au courant
Le conseiller du premier ministre pour les affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a vivement réagi aux rumeurs selon lesquelles il aurait organisé cette rencontre de son propre chef : « Il est ici question d’une initiative de l’Etat et non d’une décision personnelle. Personne ne se lancerait dans l’organisation d’une telle visite de son propre chef. Ce contact n’est qu’un début. La Turquie entend bien prendre place dans toute initiative en faveur du dialogue , dans toute démrache visant à mettre un terme au terrorisme dans la région.
Les conséquences de cette visite se manifesteront dans un temps très court. »
Le vice premier ministre Abdüllatif Şener devait, quant à lui, confirmer que cette visite du Hamas le 16 février avait été évoquée lors du conseil des ministres qui a eu lieu 3 jours plus tôt.
« La Turquie n’est pas un Etat tribal. Toutes les communications nécessaires avec l’ensemble des organismes d’Etat concernés ont été effectuées », a-t-il ajouté.
Tension sur l’axe Ankara / Tel-Aviv
Le premier pas destiné à faire retomber la tension entre Ankara et Tel-Aviv suite à la visite du Hamas en Turquie sera jeté dès le début de la semaine prochaine.
Le directeur de la section des Affaire étrangères pour le Proche-Orient et l’Afrique, M. Bozkurt Aran, a invite l’ambassadeur d’Israël à Ankara, M. Avivi pour une rencontre au ministère lundi 20 février.
Après que le porte-parole du gouvernement israélien ait évoqué la ressemblance entre le Hamas et le PKK, c’est entre le conseiller politique du ministre turc des Affaires étrangères, M. Cengizer et M. Avivi que les paroles les plus dures ont été échangées. Au représentant turc qui dénonçait cette comparaisons, le diplomate israélien devait répondre : « Pourquoi ne montrez-vous pas la sensibilité qui est la vôtre pour le PKK dans le cas du Hamas ? Ce sont deux organisations terroristes. Le PKK fait couler le sang des Turcs. Le Hamas, celui des Israéliens. Quelle est la différence ? Le sang turc aurait-il plus de prix que le sang israélien ? »
La diplomatie turque qui a informé les représentants du Quartette à Ankara au sujet de ses entretiens avec le Hamas, se chargera demain de souligner l’inutilité d’une brouille entre Tel-Aviv et Ankara tout en précisant que la Turquie avait insisté sur le désarmement auprès de l’organisation palestinienne.
© Radikal, le 19/02/2006