Le 20 décembre 2011 s’est produite une première dans l’histoire de la presse turque : ce jour-là, 44 journalistes et employés de la presse ont été arrêtés au cours d’une même descente de police visant la presse kurde, dans le cadre des opérations dites « KCK ». Il s’agissait du bureau central du quotidien Özgür Gündem, de l’ensemble des bureaux de l’Agence de presse Dicle (DIHA), de la revue Demokratik Modernite, de l’entreprise de distribution Fırat, de l’agence Etik et de l’imprimerie Gün.
C’était la première fois dans l’histoire de la république de Turquie qu’un si grand nombre de journalistes, quarante-quatre, ont été arrêtés simultanément. Et le 24 décembre, quatre jours plus tard, une autre première s’est réalisée, avec une nouvelle rafle touchant 29 journalistes et 6 employés de presse.
Un véritable crime de masse envers le journalisme.
Cette rafle dirigée contre la liberté de la presse, de l’expression et de l’opinion, et particulièrement contre la presse kurde, s’est faire en application de la loi Toplumla Mücadele yasası, qui est la mouture « AKP » de la loi de répression du terrorisme.
L’acte d’accusation est tragicomique. Les fréquents appels téléphoniques entre les journalistes et employés de presse, qui font partie de leur quotidien et le plus souvent concernent leur travail d’information, sont considérés comme preuve de leur appartenance à une « organisation criminelle ». Ainsi les employés de presse et journalistes deviennent, selon cet acte, des « terroristes membres d’une organisation », voire des « terroristes dirigeants d’une organisation ».
Selon l’acte d’accusation, et les communications téléphoniques en rapport avec la collecte d’informations, passées entre les journalistes, leurs rédactions et les rédacteurs en chef sur des sujets tels que le tremblement de terre [de Van], le harcèlement sexuel sur les lignes de Turkish Airlines [qui a entraîné un grève fin mai], les viols d’enfants détenus dans la prison de Pozantı, les conférences de presse et les manifestation, tout cela prouverait qu’il s’agit d’activités d’une « organisation ».
(…)
Le procès des 44 inculpés commencera le 10 septembre au tribunal de Çaglayan (Istanbul), devant la 15e Haute cour de justice criminelle.
Ce sera le plus grand procès de journalistes de l’histoire de la Turquie.
Le 10 septembre, c’est le procès de l’exercice du journalisme dans la presse kurde qui s’ouvrira.
La Plateforme de soutien aux journalistes emprisonnés (TGDP) appelle toute personne sensible au libre exercice des droits de l’Homme, à la liberté de la presse, de l’opinion et de la pensée, à se rendre à ce procès pour témoigner de son soutien aux journalistes inculpés sans preuves et sans raisons, inculpés simplement parce qu’ils sont journalistes.
La Plateforme exige que les 35 journalistes emprisonnés préventivement soient libérés dès le 10 septembre.
Selon Murat Çakır, de la fondation Rosa Luxemburg, une délégation viendra d’Allemagne. Un groupe d’observateurs internationaux est en cours de formation, venant en particulier d’Autriche et de Suisse. Voici la liste provisoire des participants :
- Pr. Dr Norman Paech, spécialiste du droit international, ancien député ;
- Jürgen Reents, rédacteur en chef du journal Neues Deutschland ;
- Willi van Ooyen, qui représentera le groupe parlementaire Die Linke du Land de Hesse ;
- Joachim Legatis, membre du comité directeur de l’Union fédérale des journalistes allemands ;
- Edgar Auth, de l’agence de presse allemande DPA ;
- Hans-Jürgen Hinzer, représentant de l’Union des victimes du nazisme et du fascisme (Vereinigung der Verfolgten des Naziregimes – Bund der Antifaschistinnen und Antifaschisten - VVN-BdA) et responsable fédéral du syndicat NGG ;
- Christoph Nitz, membre du comité directeur de Rote Reporter ;
- Benjamin Hiller, photographe de presse ;
- Murat Çakır, au nom de la Fondation Rosa Luxemburg.
Voici l’identité des journalistes emprisonnés :
- Selahattin ASLAN : éditeur de la revue Demokratik Modernite
- Oktay CANDEMİR : ancien reporter de l’agence Dicle (DİHA) (bureau de Van)
- Fatma KOÇAK : rédactrice en chef de Dicle (DİHA)
- Kenan KIRKAYA : agence Dicle (DİHA), responsable du bureau d’Ankara
- Zeynep KURAY : reporter au quotidien BirGün, employée à l’agence Fırat
- Çagdas KAPLAN : agence Dicle (DİHA)
- Ismail YILDIZ : rédacteur en chef de Dersim Gazetesi
- Semiha ALANKUŞ : agence Dicle (DİHA), responsable du bureau de Diyarbakır
- Sadık TOPALOĞLU : agence Dicle (DİHA), bureau d’Urfa
- Turabi KİŞİN : éditeur au journal Özgür Gündem
- Ertus BOZKURT : éditeur, agence Dicle (DİHA)
- Hüseyin DENİZ : ancien journaliste à Özgür Gündem, actuellement reporter à Evrensel
- Nahide ERMİŞ : membre du comité fondateur de la revue Demokratik Modernite
- Nilgün YILDIZ : reporter à l’agence Dicle (DİHA)
- Mazlum ÖZDEMİR : éditeur, agence Dicle (DİHA)
- Dilek DEMİRAL : ancien éditeur à Özgür Gündem
- Davut UÇAR : journaliste indépendant
- Nevin ERDEMİR : éditeur et reporter à Özgür Gündem
- M. Emin YILDIRIM : propriétaire et directeur du journal Azadiya Welat
- Nurettin FIRAT : rédacteur à Özgür Gündem
- Ayse OYMAN : ancienne chef de rubrique à Özgür Gündem
- Pervin YERLİKAYA : reporter, agence Dicle (DİHA)
- Yüksel GENÇ : rédacteur à Özgür Gündem
- Ramazan PEKGÖZ : éditeur, agence Dicle (DİHA)
- Zuhal TEKİNER : agence Dicle (DİHA)
- Sibel GÜLER : ancienne éditrice, Özgür Gündem
- Ziya ÇİÇEKÇİ : Özgür Gündem gazetesi imtiyaz sahibi
- Ömer ÇELİK : reporter, agence Dicle (DİHA)
- Ömer ÇİFTÇİ : Demokratik Modernite
Employés d’entreprises de presse emprisonnés
- Cihat ABLAY : employé à l’entreprise de distribution Fırat Dagıtım
- Irfan BİLGİÇ : employé à Fırat Dağıtım
- Saffet ORMAN : employée à Demokratik Modernite
- Çigdem ASLAN : employé à Fırat Dağıtım
- Haydar TEKİN : ancien employé à Fırat Dağıtım
- Seyhmus FİDAN : employé à Fırat Dağıtım
Tutuklu Gazetecilerle Dayanışma Platformu (TGDP) - 27 août 2012
Contacts : Necati ABAY, porte-parole de TGDP, portable : 0535 929 75 86,
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