La question de la réalité de la victoire remportée par le premier ministre Erdoğan durant la nuit du 15 juin à Istanbul, mérite d’être posée. Certes, tout concoure à le déclarer vainqueur d’une épreuve de force sans précédent en Turquie depuis le coup d’État militaire de 1980. Il a mis fin à l’occupation du jardin Gezi, au cœur d’Istanbul, que lui-même, son gouvernement et son parti AKP ont déclarée illégale. Il a permis à la police, usant d’une violence extrême, de blesser et d’arrêter des milliers de (...)
Au matin du 11 juin, la place de Taksim a été évacuée et « nettoyée ». Il n’était pas pensable qu’une telle fête puisse durer indéfiniment, dans un tel pays et alors qu’une très sévère répression frappe les opposants depuis plus de deux ans. Nous avons vu au cours de la journée du 11 juin la réponse des manifestants et des mouvements de société civile à cette évacuation. Surtout, nous avons vu la réponse du pouvoir : brutale comme toujours, extrêmement brutale. Ce n’est pas étonnant.
Il est certain que l’arrivée (...)
Pour l’universitaire et éditorialiste Ahmet Insel, les événements montrent qu’une nouvelle génération a « pris goût au souffle de la liberté ».
Vous avez dit que la mobilisation actuelle à Istanbul incarnait la « nouvelle Turquie » et que le Premier ministre incarnait, quant à lui, la « Turquie ancienne ». Pouvez-vous nous décrire cette « nouvelle Turquie » ?
Ahmet Insel La nouvelle Turquie est en quelque sorte le résultat des mesures politiques et économiques adoptées depuis dix ans par le Premier ministre (...)
Monsieur le Premier ministre, nous te devons tant de remerciements. Tu as beau ne pas l’avoir voulu, voire même avoir souhaité tout le contraire, te voilà devenu notre sage-femme en chef. Tu as été « l’accoucheur » de la Société civile de Turquie. Je m’explique.
Dans un premier temps (après avoir remis l’économie sur les rails et lancé le processus de paix avec les Kurdes), tu as mis un terme à la « tutelle militaire kémaliste » qui pesait sur le pays et s’acharnait à couler tous les citoyens dans le même (...)
De retour de Turquie, une auteure franco-turque témoigne : Je rentre d’Istanbul. Si je n’y étais pas allée, je n’aurais pas compris. Je n’aurais pas ressenti « l’esprit de Gezi » si je ne l’avais pas vu de mes propres yeux, en dépit des milliers de photos et de vidéos que j’épie obsessionnellement sur Facebook et Twitter depuis le 30 mai.
Ce parc abrite des milliers « d’habitants » depuis quinze jours. On y trouve bien évidemment des tentes, mais aussi une infirmerie, une longue table où des volontaires (...)
Dix jours après le début des premières manifestations contre le gouvernement turco-islamiste, incarné par le premier ministre Recep Tayyip Erdoğan, la répression étatique vient de franchir un seuil. Le but est on ne peut plus clair. Semer la terreur, faire taire les citoyens, annihiler toute forme de résistance à l’islamisation fascisante de la société, intimider les démocrates par tous les moyens, les priver de leurs droits fondamentaux, mais aussi faire planer dans toutes les villes du pays la menace (...)
À l’image de la « fille en rouge » gazée par la police, des manifestantes descendent dans la rue pour défendre leurs droits.
Le visage de la révolte est féminin. C’est celui de « la fille en rouge ». Une jeune femme habillée d’une robe rouge fait face à une rangée de policiers casqués des pieds à la tête. L’un d’eux l’asperge de gaz lacrymogène. Ses cheveux se soulèvent. Le cliché a fait le tour du monde. Bien malgré elle, Ceyda Sungur est devenue l’icône du parc de Gezi et le symbole de la répression policière (...)
Ce matin vers 7h30, la police a organisé une farce pathétique sur la place de Taksim mettant en scène des policiers en civil déguisés en faux activistes « provocateurs » et « terroristes » jetant des cocktails Molotov et des pierres sur les TOMA (véhicules anti-émeute et canons à eau) de la police dans le but de justifier une attaque d’une violence extrême pour « protéger le pays de groupes marginaux terroristes ». Comme par hasard, les médias turcs arrivés sur commande qui, manipulés et serviteurs du (...)
Les contestations qui secouent Istanbul et plusieurs autres villes de Turquie traduisent la colère de trois acteurs radicalement différents. Le premier, de loin le plus important, regroupe les intellectuels et une jeunesse de sensibilité de gauche ou écologiste qui rejettent la volonté de l’AKP, le parti au pouvoir, d’imposer sa domination sur le corps, le temps et l’espace. Fort du soutien d’une grande partie de la bourgeoisie provinciale depuis sa conversion à un néolibéralisme à outrance, ainsi (...)
Comment sortir de la crise ? Telle est bien la question qui se pose au gouvernement turc et plus particulièrement à son premier ministre après 4 jours d’occupation du Gezi Parkı sur la place Taksim à Istanbul, qui ont tourné à l’émeute, le 31 mai dernier. Le 1er juin, alors que les tensions restaient très vives, Recep Tayyip Erdoğan qui venait d’affirmer qu’il ne céderait rien, a finalement décidé de retirer la police anti-émeute de Taksim. Ce recul du premier ministre a fait suite à un appel au calme lancé (...)
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