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Le textile brûle à l’OMC entre la Chine et la Turquie

mercredi 11 mai 2005, par Christian Losson

Libération - 11/05/2005

De l’avis d’un fonctionnaire de l’OMC, « c’est du jamais vu ». Chine et Turquie se sont tellement déchirées hier à Genève qu’une réunion entre les 148 pays membres a dû être reportée sine die. Clash qui traduit la violence de la bagarre planétaire contre les exportations textiles chinoises qui explosent depuis la fin des quotas en janvier.

Tout commence hier matin, avant une réunion du comité des marchandises. La Turquie et la Jordanie proposent que figurent à l’agenda du jour des « propositions d’actions face à l’impact de la disparition des quotas ». Propositions déposées en mars par la Tunisie mais renvoyées illico dans les cartons par la Chine et l’Inde. Tout juste ces deux derniers pays tolèrent-ils que l’étude en question porte sur les pays les plus pauvres... Hier, Pékin refuse de nouveau. Mais accepte d’en parler de façon « informelle ». Ankara, lui, veut du « formel ». Du tangible. Face au blocage, le président du comité, le Finlandais Vesa Tipani Himanen, suspend la séance. Tente de parvenir à un compromis. En vain.

Pourquoi tant de haine ? « Parce que les Turcs ont fait ce que l’Europe n’a pas pu faire », grince Thierry Noblot, délégué général de l’Union des industries textiles. A savoir activer dès janvier des clauses de sauvegarde sur 42 produits. Où le boom des importations chinoises est limité à 7,5 %. Washington ou Bruxelles, qui brandissent le même couperet, ont déjà été menacés de rétorsions par Pékin.

Reste que si ces mesures protègent le marché intérieur turc, elles ne changent rien à la donne de l’industrie exportatrice. Deuxième fournisseur européen derrière la Chine, Ankara presse Bruxelles d’activer à son tour les clauses de sauvegarde. Car « que peut faire la Turquie, qui vend une paire de chaussettes à 23 centimes d’euros quand la Chine, qui vend à perte, l’exporte à 16 centimes ? » , interroge un économiste. Rien, sinon croiser le fer avec Pékin. « Et espérer, raconte un diplomate, que la Chine soit tellement isolée sur la scène internationale qu’elle décide de lâcher du lest. » Pas gagné.

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