Adalet ve Kalkınma Partisi - Parti de la Justice et du Développement - Parti au pouvoir fondé autour de Recep Tayyip Erdoğan - Parti conservateur de droite, il se présente comme musulman et démocrate. Représente un électorat populaire mené par les (ex-) petits entrepreneurs d’Anatolie
Il est fréquent en Turquie d’accuser son adversaire politique d’être soutenu de façon inconditionnelle par les États-Unis. Les révélations apportées dans les câbles publiés par Wikileaks montrent qu’il s’agit plus, de la part des américains, d’une attitude pragmatique qui leur permet de garder un allié stratégique précieux. Erdoğan et son gouvernement sont loin d’être considérés comme des « modéles » et il ne sont ni plus ni moins soutenus inconditionnellement par l’Oncle Sam que leurs prédécesseurs, il ne (...)
Enfant, dans la proche campagne smyrniote, tandis que je traversais les oliveraies de mon-grand père, pour aller cueillir des figues fraîches sur les arbres bordant les champs, il m’arrivait de croiser des animaux errants. Échappés d’un enclos ou débarrassés de la longe qui les retenait, béliers, taurillons, chevaux, mulets ou autres quadrupèdes divaguaient parfois dangereusement, mais fort de mes expériences champêtres, je savais où et comment me mettre à l’abri. Sauf… si le hasard avait mis sur mon (...)
Un printemps turc ?
Comme il était à prévoir, les comparaisons avec les printemps arabes ont vite fleuri et sont encore présentes dans toutes les têtes. Certaines analogies existent bel et bien : importance d’Internet et des réseaux sociaux, rôle moteur de la jeunesse, réappropriation pacifique d’un espace public confisqué par l’État, caractère résolument urbain, sur fond de baisse de la fécondité, d’augmentation du niveau d’éducation et d’urbanisation massive. Mais la comparaison s’arrête là, car (...)
Taksim, place du partage ou de la division ?
La contestation elle-même, en dépit de son aspect confraternel, n’est pourtant pas exempte de divisions qui apparaissent de plus en plus clairement. La poignée d’étudiants militants à l’origine du mouvement d’occupation l’avoue d’ailleurs sans ambages : ils se sentent dépassés par l’ampleur du mouvement, qui catalyse des forces et des frustrations accumulées sur plus d’une décennie. En réalité le mouvement d’origine spontané et peu organisé, soutenu par le (...)
Le jeu dangereux des symboles
Dans cette volonté affirmée de marquer les esprits et les territoires, le parti au pouvoir n’hésite pas à s’en prendre aux symboles de l’histoire républicaine et laïque de la Turquie, persuadé que le pays a définitivement engagé sa mue vers une démocratie conservatrice et qu’il n’est plus de retour en arrière possible. Ainsi le troisième pont sur le Bosphore a-t-il été baptisé du nom du sultan Selim Ier dit l’Inflexible ou le Terrible (yavuz en turc ottoman), père de Suleyman (...)
Ces violations massives des droits de l’homme risquent de ramener peu à peu la Turquie au statut qui était le sien dans les années 90 vis à vis des Nations Unis et du Conseil de l’Europe.
Je pourrais entreprendre de vous expliquer longuement la nouvelle loi sur le MIT [Organisation Nationale du Renseignement], écrire que même Orwell n’aurait pu rêver d’un service de renseignement qui conserve les analyses d’urine des gens [référence aux révélations récentes du journal Taraf sur les pratiques (...)
À l’origine de la contestation
Tout est parti de l’occupation par quelques militants du parc Gezi, situé sur la place Taksim, au cœur du quartier européen d’Istanbul. Les manifestants s’opposent au déracinement des arbres du parc dans le cadre du plan de rénovation et de piétonisation de la place, dont les travaux ont commencé il y a quelques mois de cela, et décident d’occuper le parc en campant sur place. Si le motif peut paraître futile, une sensibilité écologique est bel et bien apparue en Turquie (...)
C’est un jour de grande tristesse, le lendemain du décès de ma mère, que je croisai la face sombre de l’intégrisme religieux sous les traits du menuisier de notre quartier. Le matin où, le regard enlaidi par une jubilation mesquine, il refusa à mon père la fabrication du cercueil sous prétexte que notre famille n’était assez pieuse, et qu’il ne pouvait se compromettre ainsi auprès de Dieu, en répondant favorablement à notre demande. De mœurs bizarres, inconnues de ma famille, cet homme venait de (...)
La Turquie vit depuis près d’une semaine l’une des pages les plus importantes de son histoire récente et l’AKP l’un des plus gros défis qu’il ait connus depuis son arrivée au pouvoir en 2002. Qualifiés de « vandales » (çapulcu) par le Premier ministre Erdoğan, les manifestants n’ont pas tardé à faire œuvre de dérision et s’approprier le vocable, qui connaît désormais ses déclinaisons anglaise (« chapulling ») et française (« chapuler »). Retour en cinq parties sur des événements susceptibles de changer la face du (...)
Dix jours après l’évacuation par la force du parc Gezi, la Turquie se trouve dans une situation étrange. Pour Erdoğan, la neutralisation du centre névralgique de la contestation devait constituer l’ultime étape du rétablissement de l’ordre. Une fois les centres-villes du pays reconquis, la terreur d’État ferait son œuvre, et chacun rentrerait chez soi ou retournerait au travail. Terreur d’État il y a bien eu. Le gouvernement a fait savoir que les manifestants seraient désormais traités « comme des (...)