Retour sur les verdicts du procès fleuve Ergenekon rendus le 6 août dernier, au travers d’un reader’s digest préparé par l’excellent site turc indépendant d’informations T24 sur les réactions d’un certain nombre de chroniqueurs de la presse écrite turque. J’ai parfois rajouté ou retranché une phrase ou deux de la sélection opérée pour rendre les textes plus intelligibles.
Quelques explications sur Ergenekon.
[ndt] Ergenekon serait le nom d’une organisation secrète ayant eu pour objectif de (...)
Sur la place Taksim d’Istanbul, les manifestations se succèdent depuis plusieurs semaines, décuplées par les violentes répressions des forces de l’ordre et l’autoritarisme du Premier ministre Erdogan. Un mouvement sans précédent en Turquie, parfois comparé à celui de mai 68, aux Indignés d’Occupy ou aux printemps arabes. Que signifie ce soulèvement d’une partie de la jeunesse ? Quel sera l’impact de cette contestation sur la société turque ? Retour sur un siècle d’histoire, pour comprendre les racines de (...)
L’artiste turc Memet Ali Alabora est désigné à la vindicte populaire par le Premier Ministre Recep Tayyip Erdoğan et le gouvernement AKP suite à un tweet dont le texte disait simplement que le mouvement issu de Gezi Parkı n’était pas que pour sauver les arbres du parc Gezi et appelait à le soutenir. A cause ce tweet et d’autres actions qui ailleurs seraient anodines, il est accusé de complot et stigmatisé par le pouvoir... Le pire est à craindre, ce genre de stigmatisation avait conduit le journaliste (...)
Enfant, dans la proche campagne smyrniote, tandis que je traversais les oliveraies de mon-grand père, pour aller cueillir des figues fraîches sur les arbres bordant les champs, il m’arrivait de croiser des animaux errants. Échappés d’un enclos ou débarrassés de la longe qui les retenait, béliers, taurillons, chevaux, mulets ou autres quadrupèdes divaguaient parfois dangereusement, mais fort de mes expériences champêtres, je savais où et comment me mettre à l’abri. Sauf… si le hasard avait mis sur mon (...)
Un printemps turc ?
Comme il était à prévoir, les comparaisons avec les printemps arabes ont vite fleuri et sont encore présentes dans toutes les têtes. Certaines analogies existent bel et bien : importance d’Internet et des réseaux sociaux, rôle moteur de la jeunesse, réappropriation pacifique d’un espace public confisqué par l’État, caractère résolument urbain, sur fond de baisse de la fécondité, d’augmentation du niveau d’éducation et d’urbanisation massive. Mais la comparaison s’arrête là, car (...)
Taksim, place du partage ou de la division ?
La contestation elle-même, en dépit de son aspect confraternel, n’est pourtant pas exempte de divisions qui apparaissent de plus en plus clairement. La poignée d’étudiants militants à l’origine du mouvement d’occupation l’avoue d’ailleurs sans ambages : ils se sentent dépassés par l’ampleur du mouvement, qui catalyse des forces et des frustrations accumulées sur plus d’une décennie. En réalité le mouvement d’origine spontané et peu organisé, soutenu par le (...)
Le jeu dangereux des symboles
Dans cette volonté affirmée de marquer les esprits et les territoires, le parti au pouvoir n’hésite pas à s’en prendre aux symboles de l’histoire républicaine et laïque de la Turquie, persuadé que le pays a définitivement engagé sa mue vers une démocratie conservatrice et qu’il n’est plus de retour en arrière possible. Ainsi le troisième pont sur le Bosphore a-t-il été baptisé du nom du sultan Selim Ier dit l’Inflexible ou le Terrible (yavuz en turc ottoman), père de Suleyman (...)
Ces violations massives des droits de l’homme risquent de ramener peu à peu la Turquie au statut qui était le sien dans les années 90 vis à vis des Nations Unis et du Conseil de l’Europe.
Je pourrais entreprendre de vous expliquer longuement la nouvelle loi sur le MIT [Organisation Nationale du Renseignement], écrire que même Orwell n’aurait pu rêver d’un service de renseignement qui conserve les analyses d’urine des gens [référence aux révélations récentes du journal Taraf sur les pratiques (...)
À l’origine de la contestation
Tout est parti de l’occupation par quelques militants du parc Gezi, situé sur la place Taksim, au cœur du quartier européen d’Istanbul. Les manifestants s’opposent au déracinement des arbres du parc dans le cadre du plan de rénovation et de piétonisation de la place, dont les travaux ont commencé il y a quelques mois de cela, et décident d’occuper le parc en campant sur place. Si le motif peut paraître futile, une sensibilité écologique est bel et bien apparue en Turquie (...)
La Turquie vit depuis près d’une semaine l’une des pages les plus importantes de son histoire récente et l’AKP l’un des plus gros défis qu’il ait connus depuis son arrivée au pouvoir en 2002. Qualifiés de « vandales » (çapulcu) par le Premier ministre Erdoğan, les manifestants n’ont pas tardé à faire œuvre de dérision et s’approprier le vocable, qui connaît désormais ses déclinaisons anglaise (« chapulling ») et française (« chapuler »). Retour en cinq parties sur des événements susceptibles de changer la face du (...)
0 | 20