Le texte de la pétition
La semaine dernière [la pétition a démarré fin juin 2013] le premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan a appelé publiquement ses millions de supporters à conspuer Memet Ali Alabora et l’a désigné comme une cible. Alabora est un artiste, président d’un syndicat d’artistes et un citoyen. De même, le maire d’Ankara, Melih Gökçek a participé à une émission de télévision il y a trois jours où il a déclaré à propos d’Alabora : « Avec la grâce de Dieu, l’État mettra la main sur Alabora, et moi je verrai cet homme derrière les barreaux ».
Cette manière de désigner ostentatoirement un artiste comme homme à abattre est sans précédent.
Nous rejetons cette hostilité qui est disproportionnée pour n’importe pays qui se revendiquerait de la démocratie.
Chaque être humain a le droit de s’exprimer, de créer, d’écrire, de jouer et transposer ses opinions dans ses créations. Ceux qui déclarent un artiste coupable d’incitation à la rébellion par un tweet, ou qui l’accusent d’avoir répété un coup d’état à travers une pièce qu’il mettait en scène, ou d’avoir rencontré « le lobby d’intérêts bancaires » en Egypte ont leur place dans une comédie, mais pas dans le droit, ni dans la politique.
- Le tweet de Memet Ali Alabora
- « Le sujet n’est pas seulement le Parc Gezi mon ami , tu n’as toujours pas compris ? Allez viens. »
Cette vision est un effort tragicomique pour refuser de voir ce qui se passe dans le parc de Gezi. Ce discours de haine à l’encontre de Memet Ali Alabora a atteint des niveaux très inquiétants et menaçants pour sa sécurité et signe sa mort « civile ».
Nous appelons à ceux qui sont responsables de cette campagne de lynchage public et d’intimidation : « Trop c’est trop, vous êtes en train de commettre un crime ».
Nous appelons les avocats, les médias, les éditorialistes à ne pas rester silencieux devant ce lynchage.
Restons unis contre ce langage de haine qui en la personne de Memet Ali nous vise tous.
Ce qu’est Memet Ali, nous le sommes aussi.
La pétition s’adresse à Abdullah Gul, le président turc.
Quelques précisions : Memet Ali Alabora qui a été parmi les manifestants dès le début a été très violemment attaqué par le premier ministre turc et le maire d’Ankara, désigné à la vindicte populaire lors des meetings pro-AKP pour être « un des cerveaux de ces opérations de sédition contre le gouvernement », servant les intérêts des puissances étrangères dont CNN (Alabora a donné une interview à CNN où il dit « la police est violente avec les manifestants »), pour le maire d’Ankara que CNN aille chercher Alabora pour un entretien était déjà signe du complot dont il faisait partie. Enfin, on a affirmé aussi qu’à travers les répétitions d’une pièce au théâtre, Alabora fomentait en réalité les protestations de Gezi, et un coup d’état.
Lien vers la pétition lancée en Turquie - (Texte en turc et en anglais)