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VU DE TURQUIE - Bonjour les vieux grincheux !

jeudi 2 juin 2005, par Nevval Sevindi

Courrier International(Zaman)

Au moment même où nous, Turcs, nous apprêtons à y entrer, l’Union européenne s’écroule. Les Français ont voté non au référendum du 29 mai. Le débat a beaucoup porté sur la Turquie. La France ne veut ni d’un nouveau cadre, ni de nouveaux membres. En disant non, elle rejette l’esprit et la structure institutionnelle de l’Europe. Sans l’un de ses piliers, comment l’Union européenne va-t-elle devenir une puissance continentale ?

Le chaos politique et la désintégration de l’axe franco-allemand semblent inévitables. Des positions nationalistes sont en train de prendre le dessus, portant un grand coup au rêve européen.

L’Europe connaît le marasme économique et le chômage. Elle doit également faire face au vieillissement de sa population. Rien qu’en Allemagne, le nombre de personnes âgées nécessitant une prise en charge s’élève à 2 millions et devrait atteindre les 2,5 millions d’ici à 2010. Durant cette période, le budget de la sécurité sociale consacré au troisième âge va grimper de 1 milliard d’euros à 5,6 milliards. Der Spiegel a publié dernièrement un dossier de une intitulé “Que faire pour nos grands-mères ?” En 2030, les plus de 50 ans représenteront 60 % de la population de l’Allemagne.

Avec son infrastructure vieillissante, son système d’Etat-providence et ses bâtiments délabrés, l’Europe ressemble à une maison de retraite pour vieux grincheux. L’euro, l’unique source européenne de profits, semble condamné à perdre son prestige. Si, après la France, les Pays-Bas votent non, on peut craindre le pire pour l’économie. Les investissements comme les entreprises vont fuir l’Europe, en proie à la désindustrialisation. Incapable de faire naître une nouvelle mentalité, l’Europe n’a pas su non plus se doter d’un leader qui lui permette de jouer le rôle d’Etat-continent. Elle a été vaincue par des positions nationalistes superficielles et par la mentalité villageoise de l’Etat-nation.

Alors, que doit faire la Turquie ? Si elle veut jouer un rôle central en Eurasie, elle doit apprendre à être autonome, ce qui implique la mise en œuvre d’un projet de société. Une Turquie à l’écoute de sa région et du reste du monde pourrait avoir de meilleures chances de réussite que dans une Europe accrochée aux idées du XIXe siècle.

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