WASHINGTON - La Turquie doit « regarder au delà » de l’Union européenne dont la crise interne actuelle risque de brouiller les orientations pour un moment, et davantage se tourner vers les Etats-Unis notamment, a assuré mardi le secrétaire d’Etat adjoint américain Robert Zoellick.
« Il est important pour la Turquie de regarder au delà de l’Union européenne et de prendre en compte un contexte global », a-t-il déclaré lors d’une conférence sur les relations Turquie-USA à Washington.
Le « numéro deux » de la diplomatie américaine a estimé que les difficultés rencontrées par le projet de constitution européenne constituaient un « nouveau développement pour le processus d’intégration » de nouveaux pays comme la Turquie.
« Je pense qu’il va falloir du temps au Européens pour régler cela entre eux, voir quelles sont les implications et voir comment repartir », a-t-il dit, en faisant implicitement allusion aux conséquences du rejet du projet par la France et les Pays-Bas et la décision britannique de suspendre un référendum sur ce texte.
Le responsable américain a rappelé le soutien de Washington à l’entrée de la Turquie dans l’Union, mais a aussi voulu « suggérer qu’il est important que nos relations bilatérales ne soient pas trop limitées par les efforts d’adhésion à l’UE ».
« Les connexions de la Turquie avec l’Europe sont très importantes, mais devraient être complétées par une perspective globale » pour laquelle les Etats-Unis, de par leur poids dans le monde, constituent un partenaire « particulièrement appréciable », a-t-il dit.
Le président américain George W. Bush doit recevoir mercredi à la Maison Blanche le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier souhaite améliorer des lien bilatéraux mis à mal par la guerre en Irak, et convaincre Washington d’agir contre les rebelles kurdes opérant en Turquie depuis le nord irakien.
A la veille de cette rencontre, M. Zoellick a souhaité évoquer les relations avec Ankara dans un contexte plus large que celui de la guerre en Irak.
« Mon sentiment, c’est que dans cinq, dix ou quinze ans, les principales sources de croissance continueront d’être les Etats-Unis et le monde développé. L’Europe et le Japon vont rester importants, mais, pour des raisons démographiques et autres, ils n’auront plus le même rôle qu’auparavant tandis que la Chine, l’Inde et l’Asie du sud-est poseront des défis croissants », a-il-dit.
A la croisée de l’Europe, du Proche-Orient et de l’Asie « la Turquie doit avoir de bonnes relations avec l’Europe et les Etats-Unis, mais elle doit aussi avoir une perspective à 360 degrés », a souligné M. Zoellick.
Le chef de la diplomatie turque Abdullah Gul, qui participait à cette conférence, a pour sa part souligné qu’une entrée de la Turquie dans l’UE renforcerait les liens d’Ankara avec Washington.
Les efforts en vue d’une adhésion « ne diminueront en rien l’intérêt que nous avons pour notre relation avec les Etats-Unis, au contraire. Les Etats-Unis tireront profit d’avoir un partenaire plus fort partageant les mêmes objectifs », a ajouté M. Gul.