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La semaine de toutes les incertitudes

lundi 26 septembre 2005, par Nükte V. Ortaq

La Libre Belgique 2005

A une semaine du début des négociations d’entrée dans l’Union européenne, la tension monte.
Tous les scenarios sont envisageables.

A tout juste une semaine de la date prévue pour le début des pourparlers entre l’Union Européenne et la Turquie en vue de l’intégration, à terme, de cette dernière, le suspens continue et la tension monte sur les scènes intérieure turque et internationale, rendant tous les scénarios envisageables pour la semaine prochaine.

Chypre

Le principal noeud de l’intrigue s’articule autour de Chypre. La Turquie refuse, en effet, de reconnaître officiellement la République chypriote, tant que l’île reste divisée et l’avait fait savoir par une déclaration écrite. Les 25, dans une contre-déclaration, ont souligné la nécessité de reconnaître Chypre pendant les négociations et exigé une ouverture rapide des ports et aéroports aux bâtiments et avions sud-chypriotes.

Ankara craint que tout assouplissement de sa position ne retarde l’établissement d’une solution durable et équitable pour les Chypriotes turcs. Hasan Cemal, l’un des éditorialistes du quotidien de centre gauche « Milliyet », qui incite Ankara à se préparer à satisfaire le plus rapidement possible les exigences européennes, indique que « la ligne rouge » que le gouvernement ne doit par franchir est l’inscription dans le document-cadre de la possibilité d’un « partenariat spécial » à l’issue des négociations. Dans une telle éventualité, le 3 octobre signifierait le gel du processus d’intégration. Plusieurs commentateurs turcs pro-européens n’hésitent pas à s’interroger sur l’opportunité de l’arrêt du processus devant l’intransigeance chypriote et l’opportunisme de certains pays européens.

La question arménienne

L’approche du 3 octobre est également à l’origine de l’exacerbation de tensions en Turquie. Recep Tayyip Erdogan et son équipe sont bien décidés à poursuivre la démocratisation de la société sans se laisser piéger par les provocateurs de tous bords. Une conférence sur la question arménienne organisée par trois universités turques avait dû être annulée en mai dernier, en raison des menaces des cercles nationalistes. Reportée aux 23-25 septembre, la manifestation a bien failli être victime d’un groupe d’avocats souverainistes, qui avait obtenu de la justice une décision empêchant la tenue du colloque - une première.

Le Premier Ministre Recep Tayyip Erdogan a qualifié cette manœuvre d’action « planifiée et provocatrice, destinée à maintenir la Turquie enfermée sur elle-même dans un espace étriqué ». Les organisateurs sont parvenus à transférer la conférence dans une université non visée par la décision du tribunal administratif. La réunion a pu se tenir, sans références aux thèses officielles, et le mot de « génocide » a même été prononcé plusieurs fois. Un tabou est donc tombé, non sans peine, en Turquie cette fin de semaine.

Autre cas notoire d’obstruction, les batailles autour des déclarations du romancier turc de réputation internationale Orhan Pamuk qui avait confié à un journal allemand que l’Anatolie « avait vu la mort d’un million d’Arméniens et de trente milles Kurdes« . Jugé pour »dénigrement de la turquicité", Pamuk avait été relaxé par un juge se basant sur le nouveau Code pénal. Mais un second juge s’est alors saisi de la procédure et l’auteur devra finalement répondre de ses propos le 16 décembre.

Les Kurdes

De leur côté, les autonomistes kurdes du PKK ont repris les actions terroristes à l’est de la Turquie, tuant de nombreux soldats. Des attentats revendiqués par des organisations kurdes ont également secoué les régions touristiques cet été. Malgré cela, M. Erdogan a reconnu officiellement pour la première fois l’existence d’une
« question kurde » et annoncé qu’il souhaitait la résoudre par une amélioration de l’atmosphère démocratique dans la région. Il a catégoriquement rejeté toute idée d’un retour à l’État d’exception qui régnait jusqu’à l’an passé dans certaines provinces. Le parlement examine par contre sur une nouvelle mouture de la loi antiterroriste.

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