Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s’est montré très critique à l’égard du débat en Europe sur une reconnaissance par la Turquie de Chypre à l’approche de l’ouverture des négociations d’adhésion de son pays à l’UE, estimant qu’il n’est pas digne d’une « éthique diplomatique ».
« La Turquie a rempli les critères (politiques) de Copenhague en travaillant jour et nuit (...) et, maintenant, après tout ce que nous avons fait, on se pose encore la question (de savoir) si les discussion d’adhésion peuvent débuter ou pas », a-t-il dit lors d’un discours prononcé tard mardi à New York au Conseil des relations étrangères, cité par l’agence Anatolie.
« Amener devant la Turquie certaines questions qui n’ont aucune pertinence n’est pas digne d’une éthique diplomatique internationale. C’est laid », a-t-il martelé.
Le 29 juillet, la Turquie a signé un protocole étendant l’union douanière qui la lie aux Européens aux dix nouveaux Etats membres de l’UE. Cette signature était la dernière condition posée à Ankara pour entamer le 3 octobre ses négociations d’adhésion.
Mais le gouvernement turc a adjoint à ce protocole une déclaration affirmant que cette avancée ne signifiait pas une reconnaissance de Chypre.
Ankara avait soutenu le plan de paix de l’ONU mettant fin à la partition de l’île, entre un secteur grec (Chypre) et un secteur turc (République turque de Chypre du Nord, unilatéralement proclamée), mais le plan de réunification a été enterré par le « non » massif des Chypriotes grecs lors d’un référendum en avril 2004.
« Nous avons tout fait au sujet (d’une solution) à Chypre », a affirmé le chef du gouvernement turc, estimant que l’UE devait payer le « tribut » résultant de l’acceptation en son sein, en mai 2004, du secteur grec de Chypre en dépit du « Non » de ses électeurs.
« Vous (les Européens) ne pouvez rien faire payer à la Turquie. C’est terminé. La Turquie va entamer le 3 octobre ses négociations et va marcher dans la voie en vue de rejoindre la famille européenne », a-t-il ajouté.
Les 25 essaient depuis une dizaine de jours de s’entendre sur une réponse commune à une déclaration faite par Ankara le 29 juillet.