La presse française a pour le moins acquis ces derniers temps le sens bien respectueux de l’euphémisme.
Lorsqu’en 1995, un Jacques Chirac nouvellement élu avait essuyé le refus inopiné du chef de l’Etat algérien de se rendre à une rencontre pourtant prévue de longue date dans l’enceinte de l’ONU, elle s’était empressée d’évoquer « l’humiliation » d’un tout jeune chef de l’Etat. A la décharge de celle-ci, sans doute faut-il rappeler que la sensibilité française a le don de l’irritation très marquée pour tout ce qui a trait aux frasques et autres « coups d’éventail » sur la côte barbaresque… Mais passons…
Aujourd’hui, elle se fourvoie en gloses éparses sur la « stratégie du risque » suivie par la diplomatie du nouveau chef de l’Etat.
Du risque au néant, il n’y a qu’un pas que le fou ne franchit pas mais que le clown sait répéter avec amusement.
D’autres interprétations résistent-elles à cet hétéroclite ballet des genres diplomatiques ?
Est-il nécessaire de revenir au discours de Dakar et à ce désormais fameux « homme africain », icône brandie en face d’un on-ne-sait-quel « homme moderne » dont la quintessence est manifestement sublimée par le détenteur de ce verbeux verbe si… présidentiel ? Non.
Pas plus que de rappeler le scandale auquel durent assister de très médusés homologues européens (discours décousu tenu en septembre dernier) sur la condition et les déterminations culturelles de « l’homme musulman », ma foi si nombreux, en terre d’Europe…
Aurait-il ensuite fait pipi dans un violon en faisant état de la nécessité de faire barrage au « choc des civilisations » (discours de rentrée au corps diplomatique) que personne n’aurait su s’en offusquer !!!
De manipulations en médiatisations, le voilà s’emparant d’un clinquant concept – stratégique ? – d’Union méditerranéenne. Vide. Le concept. Sans volonté au sud. Sans moyens au nord. Ou sans volonté au nord et sans moyens au nord. Si ce ne sont ceux de se pointer par un beau pied de nez.
Si la diplomatie française a fait des pieds et des mains du fait d’un prurit prononcé à l’idée de la seule évocation du terme adhésion accolé à celui de Turquie pour que cet élément puisse enfin disparaître du lexique qui est celui des négociations de ce pays avec l’UE, la paume ne lui a point brûlé au contact de celle du leader lybien. Ou si peu.
Masochisme ou ... ?
Mais cela n’est rien à comparer de ce qui suit.
Les lignes bougent à l’Est de l’Europe. Un rapport des renseignements américains rappelle que le programme nucléaire militaire iranien a pris fin en 2003, mettant en évidence la véritable attente stratégique de Téhéran sur la scène internationale, celle de la fin de l’isolement et de la prise en responsabilité de son statut de puissance régionale voire globale.
Au même moment, se forme ou se reforme un axe Khatami – Rafsandjani sous l’égide d’un Guide de la Révolution qui tance vertement le Président Ahmadinejad pour son incurie – sa clownerie ?- diplomatique.
L’enjeu ? Une ouverture à l’occident, voire à l’Europe si celle-ci accepte de se confronter aux responsabilités de sa politique de voisinage. Les objectifs ? Sur le plan énergétique, ils sont pour le moins évidents.
Mais l’ours de l’énergie mondiale ne compte pas en rester là. Pris d’une bonne quinte de toux, le voilà qui se remet à souffler sur les braises d’Ahmadinejad en annonçant bien haut une livraison d’uranium à Téhéran… Situation classique qui à toute ouverture occidentale associe une « ouverture » russe.
Et Paris quel numéro ?
Téhéran attend un signe ? L’animal qui nous sert de symbole national se met bien en évidence sur le rebord du mur de protestations adressées à l’Iran en lui rappelant très haut et très fort que la guerre reste une option envisageable.
Moscou rejoue la scène de la provocation ? On s’empresse, seuls en Europe, de féliciter notre camarade Poutine – autrefois si vilipendé – pour le modèle de victoire électorale qu’il a su remporter en toute transparence.
Et pour finir (parce qu’il le faut bien) ? On prend un week-end à Eurodisney.
Tout va bien, je …