Mon Frère
Comme le scorpion, mon frère,
Tu es, tu es comme le scorpion dans une nuit d’épouvante,
Comme le moineau, mon frère,
Tu es comme le moineau dans ses menues inquiétudes,
Comme la moule, mon frère,
Tu es comme la moule,
Enfermé et tranquille,
Ah ! Tu es terrible, mon frère,
Comme la bouche d’un volcan éteint,
Et tu n’es pas un hélas,
Tu n’es pas cinq,
Tu es des millions,
Tu es comme le mouton, mon frère
Quand le bourreau habillé de ta peau,
Quand le bourreau lève son bâton,
Tu te hâtes de rentrer dans le troupeau
Et tu vas a l’abattoir
En courant presque fier
Tu es la plus drôle des créatures en somme,
Plus drôle que le poisson qui vit dans la mer
Sans savoir la mer,
Et s’il y a tant de misère sur Terre,
C’est grâce à toi, mon frère,
Si nous somme tiraillés, épuisés,
Si nous sommes écorchés jusqu’au sang,
Pressés comme la grappe pour donner notre pain
Irai-je jusqu’à dire que c’est de ta faute ?
Oh non !
Non, mais tu y es pour beaucoup, mon frère.