La fausse république. 51 questions sur Atatürk et le kémalisme : ce livre de Sevan Nisanyan (prononcer « Nichanian »), historien, linguiste et – entre autres - rédacteur à l’hebdomadaire arméno-turc Agos, est une remise en cause des dogmes sur lesquels reposent le kémalisme et l’histoire officielle enseignée en Turquie. L’histoire de la république, en particulier, est enseignée comme un catéchisme. C’est Mustafa Kemal lui-même qui en a fixé le récit, dans son célèbre discours-fleuve, le Nutuk, prononcé en (...)
Orhan Kemal Cengiz nous raconte comment, sur son chemin, la Turquie vient de croiser un officier arménien et un Atatürk anatolien...
Deux moines Zen, Tanzan et Ekido, vont le long d’une route rendue passablement boueuse par la pluie. Approchant d’un village, ils voient une jeune femme hésitant à franchir la mer de boue s’étalant devant elle. Si elle traverse, elle salit sa robe en soie. Tanzan comprend tout de suite la situation, attrape la fille et la fait passer de l’autre côté. Les moines (...)
À quoi sert Atatürk dans la Turquie d’aujourd’hui ?
Un tel culte de la personnalité, une telle langue de bois sont étonnants dans un pays qui n’est pas une dictature. Mais la république de Turquie est un État autoritaire contrôlé par l’armée, où s’exerce une coercition avec la complicité d’une grande partie des citoyens, grâce à l’efficacité du discours idéologique, véhiculé notamment par l’école. Le culte d’Atatürk est justement la clé du système coercitif. Il est effectivement un bouclier que l’on oppose comme (...)
Le culte
La dévotion a ses dates particulières, notamment lors des cinq fêtes officielles, qui sont toutes liées à la personne et à la geste d’Atatürk. Elle a aussi ses temples, le mausolée d’Atatürk, qui domine la capitale (Anıtkabir), et le monument de la république, place de Taksim à Istanbul. Partout, des monuments sont le point focal de toutes les célébrations et actions de grâce, le lieu central de toute localité turque.
Le mausolée est un lieu où l’on est « face à face avec Atatürk ». C’est à (...)
Dans un éditorial précédent : « La Turquie est-elle une démocratie ? » nous avions évoqué la dévotion dont est l’objet Atatürk et l’élévation de l’ataturquisme au niveau d’une religion par les kémalistes. Ce texte publié initialement en 2002 dont voici une première livraison, vient étayer cette thèse avec des citations de la presse turque des années 90. Vingt ans plus tard, contrairement à ce qu’on aurait pu attendre après le « règne » de l’AKP le culte a été préservé et son « clergé », constitué par l’armée, (...)