Des mesures de sécurité renforcée sont prises en Turquie avant la venue du pape Benoit XVI demain et jusqu’à vendredi. Hier, 20 000 manifestants ont protesté contre cette visite à Istanbul. Le pape tentera de faire oublier ses propos contre l’islam au discours de Ratisbonne notamment. Le Vatican a déjà annoncé hier qu’il était favorable à l’adhésion de la Turquie à l’UE.
Des propos malvenus. Ce voyage est placé sous haute sécurité, deux mois et demi après le discours de Ratisbonne qui a provoqué la colère du monde musulman. Ce jour-là, dans une allocution dans son Allemagne natale, Benoît XVI avait cité un empereur bizantin disant que les enseignements de Mahomet étaient « mauvais et inhumains », notamment « son commandement de propager la foi par l’épée ». Depuis le 12 septembre, le Vatican a multiplié les gestes d’apaisement en expliquant notamment que ce discours visait à souligner l’incompatibilité entre la foi et la violence. Benoit XVI a même fait part de ses regrets. Hier, le Saint-Siège a confirmé que, durant son séjour à Istanbul, le pape se rendrait à la Mosquée bleue. Après la prière de l’Angelus, Benoît XVI a envoyé depuis son balcon surplombant la place Saint-Pierre de Rome « un salut cordial au cher peuple turc, riche d’histoire et de culture ». Il lui a présenté ses « sentiments d’estime et d’amitié sincère ». Le Vatican s’est également déclaré favorable à l’adhésion de la Turquie à l’UE à condition qu’Istanbul respecte les critères de Bruxelles. Alors qu’avant d’être pape, le cardinal Ratzinger avait estimé que la Turquie avait « toujours été un continent différent, en contraste permanent avec l’Europe ».
De légères tensions
Hier, à Istanbul, 20.000 personnes -selon la police- ont manifesté contre cette visite. Rassemblées à l’appel du parti islamiste Saadet (Félicité), elles scandaient « Non au pape ». « Le pape nous a manqué de respect et il doit s’excuser », demandait une banderole. Le ministre turc des Affaires étrangères a cependant espéré que la visite de Benoît XVI contribue à « lever certains malentendus » entre chrétiens et musulmans. Le directeur des Affaires religieuses, Ali Bardakoglu, plus haut dignitaire musulman du pays, a aussi plaidé pour une réponse « civilisée » à la visite du pape. « Même si nous ne sommes pas d’accord avec eux, nous accueillons toujours nos invités de manière civilisée », a-t-il assuré. La visite de la Mosquée bleue sera la première visite de Benoît XVI dans un lieu de culte musulman. Son prédécesseur, Jean Paul II, avait visité une mosquée à Damas en 2001, une première pour un pape.
Le programme
Benoît XVI arrivera demain à Ankara, la capitale turque, visitera Ephèse mercredi puis Istanbul jusqu’à vendredi. Il y rencontrera le patriarche Bartholomée Ier, primat de l’Eglise orthodoxe de Constantinople. Le voyage de Benoît XVI aura de toutes façons des retombées sur les relations entre catholiques et musulmans. Le souverain pontife devrait attirer l’attention sur le sort des minorités chrétiennes dans le monde musulman, notamment la communauté grecque orthodoxe de Turquie. La visite de Benoît XVI devrait également raviver le souvenir du meurtre du prêtre italien Andrea Santoro, tué par un adolescent dans son église à Trabzon, sur la mer Noire. Un drame intervenu durant l’affaire des caricatures de Mahomet.