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Hrant Dink : les suites de l’enquête

lundi 2 juillet 2007, par Marillac, Perihan Magden

De ce bas que l’on tente de nous passer autour de la tête, c’est un trou relativement inquiétant qui a commencé de se faire jour : et à chaque maille enlevée sort un autre militaire (en retraite). Des nationalistes, des patriotes, de braves garçons retraités...

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Tiens en parlant de soldats : dans le cadre de l’enquête menée sur l’assassinat de Hrant Dink, les inspecteurs de la gendarmerie et des affaires publiques ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur les conclusions de leurs investigations respectives dans la ville de Trabzon (ville d’origine des assassins de Hrant Dink).

Les gens de l’administration n’ont pas trouvé, dans leur rapport, la gendarmerie suffisamment convaincante. Et la gendarmerie, qu’a-t-elle fait ? Elle a pointé la police du doigt : « la police est fautive » a –t-elle laissé entendre dans son rapport. Car en plus du fait que la quartier de Pelitli à Trabzon est une zone relevant de la responsabilité de la gendarmerie, c’est quand même l’ombre de la gendarmerie (y compris Veli Küçük, fondateur du JITEM, organisme de la gendarmerie en charge de la lutte anti-terroriste, mouillé dans le scandale politico-terroristo-mafieux de Susurluk) qu’on a retrouvé étrangement mêlée au meurtre de Hrant Dink.

Disons également que le beau-frère de Yasin Hayal (l’un des organisateurs du meurtre de Hrant Dink), un certain Coskun Igci a déclaré que son « parent était un des indicateurs de la gendarmerie ; il avait donné l’information du meurtre de Hrant Dink. » (Demet Ergün, Timur Soykan, Radikal)

Penchons-nous maintenant, si vous le voulez bien, sur cette info concernant les inspecteurs des affaires publiques : « ce que la police n’a pas pu trouver, les inspecteurs l’ont déniché » Hürriyet – 28 mai.

Dans le rapport consacré aux recherches faites à propos du grand frère de Yasin Hayal par des unités du renseignement dans le quartier de Ümraniye (Ankara), il manque la note relative à l’adresse de Osman Hayal. Or Osman Hayal travaillait au fournil de M. Tüylüoglu. Il aurait fallu le préciser, peut-on lire dans le rapport. L’un des deux inspecteurs s’est rendu à l’adresse indiquée, a trouvé le fournil où travaillait Osman Hayal et s’est entretenu avec le propriétaire des lieux.

Le rapport que je viens de citer est le même qui accuse M. Cerrah, le directeur de la sécurité à Istanbul, de graves manquements à sa mission. Ce rapport qui évoque « des manquements personnels dans la prévention d’un événement très fortement prévisible. »

Alors que s’est-il passé ? Les renseignements n’ont pas pu déterminer l’adresse d’une personne jouant un rôle essentiel dans l’instruction concernant l’assassinat de Hrant Dink ! Et l’un des inspecteurs a réussi à s’entretenir avec le patton du fournil Tüylüoglu qui en détenait l’adresse.

Et ce fournil, où se trouve-t-il ? Devinez-donc. Dans le quartier de Ümraniye.

Et, par exemple, le taudis couvert de vigne vierge appartenant à l’ancien sous-officier Oktay Yildirim dans lequel on a retrouvé 27 bombes (il en manquait trois), se trouvait à Ümraniye. On a aussi dit que ce Muzaffer Tekin souvent vu au procès de Dink avec Oktay Yildirim, Veli Küçük et d’autres encore, est souvent passé par là. Veli Küçük, par exemple, est connu comme l’un des membres fondateurs de ce fameux JITEM dont l’existence n’a jamais pu être avalée, acceptée et encore moins reconnue par notre armée.
Mais quelle toile décidément !

Et passons, s’il vous plaît, à un autre aspect de la mort de Hrant Dink : à celui de cette vidéo qui n’existait pas. Hürriyet le 21 avril : « la police s’est emparée le jour même de l’assassinat de toutes les caméras des banques et autres institutions à proximité. Les enregistrements qui ont donné le meilleur signalement et joué le plus grand rôle dans l’arrestation du coupable sont ceux de la banque Akbank. On les a examinés pour n’en révéler au public qu’une toute petite partie concernant les enregistrements de l’après-midi. Les procureurs ainsi que les avocats ont demandé à la police les enregistrements. On leur a répondu qu’on ne disposait que des enregistrements de l’après-midi du meurtre, comme de la journée précédente mais que ceux de la matinée et du midi du meurtre n’étaient pas disponibles. »

Et puis que se passe-t-il ? Avocats et procureurs s’adressent eux-mêmes à Akbank. Et ils les obtiennent ! C’est-à-dire que ces enregistrements que la police disaient ne pas exister, existent bien. Mais on a enregistré par-dessus les enregistrements de cette matinée.
C’est tout (très certainement parce qu’on ne les a pas réclamées à temps).
On s’adresse alors à un spécialiste mondialement connu pour ses capacités à démêler deux enregistrements superposés sur bande vidéo. Voyons voir ce qui nous attend. Que sortira-t-il donc de ces vidéos que le police disait inexistantes ?

Les images de la matinée du crime sont particulièrement importantes. Voyons donc ce que le jeune tueur a préparé, fomenté durant toute cette matinée. Pendant des heures. Disons que je ne peux pas croire qu’il ait pu agir seul.

[…]

Elle est là l’évidence de très profondes « coïncidences » dans le meurtre de Hrant Dink.

Notre droit le plus naturel est celui d’une instruction complètement honnête, fondée sur les principes de l’indépendance et de l’objectivité de la justice.
Aujourd’hui, tous devant le tribunal de Besiktas !

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