« Le jour où Istanbul tremblera » est le titre d’un article paru dans La Croix le 30 Octobre dernier sur le fort séisme que tout le monde attend dans cette région parmi les plus agitées au monde (sur le plan tellurique …). Depuis les tremblements de terre qui ont fait 27 000 victimes et des centaines de milliers de sans-abris en 1999, la recherche en matière de séisme s’est fortement intensifiée afin de mieux connaître ces fameuses failles qui lacèrent la mer de Marmara et de mettre en place des moyens de prévention.
Dès 2000, de nombreuses missions menées conjointement entre l’Ifremer et l’Université du Bosphore ou la Teknik Istanbul Universitesi (ITU) ont permis de dresser une cartographie du réseau de failles long de 160 kms, parcouru de 3 fossés d’une profondeur de 1200m et de découvrir que la faille Nord anatolienne se scinde en plusieurs branches quand elle arrive dans la Marmara, la branche Nord partant droit sur Istanbul. Querelles d’experts ensuite pour déterminer si le prochain tremblement de terre sera simplement « violent » soit 7,2 sur l’échelle ouverte de Richter ou « destructeur », soit plutôt 8, il n’empêche le risque existe et les Turcs travaillent sur la prévention.
L’observation des bulles de méthane et d’hydrocarbures tout d’abord : le sous-marin Nautile a permis de confirmer qu’il s’en échappait « en minces filets par une multitude de petits conduits perçant à travers des sédiments de couleurs noires ». Mais les scientifiques ne peuvent affirmer avec certitude qu’il existe une relation entre ces émanations de fluides et la déformation mécanique de la croûte terrestre,
Les fibres optiques ensuite : elles permettent de donner l’alerte quelques secondes avant l’impact réel du séisme. Ces quelques secondes ne permettent pas de sauver la population d’une ville, mais sont précieuses pour couper automatiquement gaz, électricité, trains, bloquer les 2 ponts du Bosphore … etc etc. L’alerte sera donnée de l’Observatoire de l’université du Bosphore, vers où convergent les précieux signaux.
La mairie d’Istanbul enfin : les urbanistes ont classé les 2.5 millions d’immeubles en fonction de leur vulnérabilité : A pour construction parasismique, F pour vétuste et fragile. La moyenne s’établit à C … La mairie diffuse de l’information (un camion itinérant), consolide les écoles, crée un centre de gestion des catastrophes, prévoit des espaces pour les premiers secours … avec un budget de 500 millions de dollars alors qu’il « faudrait 10 milliards de dollars » selon Jean-François Perouse, chercheur émérite à l’Institut français des Etudes Anatoliennes (IFEA).
Et tout cela pourquoi ?
Parce que la plaque Arabie s’obstine à remonter vers le Nord, de 2,5 cm par an, qu’elle pousse inexorablement la plaque Anatolie, laquelle, coincée contre l’Asie, n’a d’autres choix que de dériver vers l’Occident. Parfois, je me demande pourquoi nos hommes politiques se perdent jusque dans une bataille de mots (l’épique “conférence intergouvernementale pour éviter de prononcer le mot “adhésion” cette semaine) alors que tout est déjà écrit dans l’écorce terrestre, sous nos pieds en somme …
A moins que …..