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Baskin Oran entre en campagne

vendredi 1er juin 2007, par Ismail Saymaz, Marillac

Effervescence parmi la gauche turque avec le lancement de la campagne des candidats indépendants de la gauche démocrate. En tête d’affiche, Baskin Oran, éditorialiste et membre d’honneur de TE, qui se lance en politique en tant que candidat indépendant à la députation dans la seconde circonscription d’Istanbul.
Premier rendez-vous, politique, avec l’opinion publique aujourd’hui pour une conférence de presse donnée à l’hôtel Taksim Hill dans laquelle il annoncera publiquement sa candidature et les raisons de celle-ci. Soutenu par l’ensemble des mouvements réformateurs et démocrates de la gauche turque, Baskin Oran et ses amis lancent cette initiative destinée à contourner un système électoral injuste et à donner une voix parlementaire à tous les démocrates turcs.
Une campagne de soutien est d’ores et déjà lancée via un site Internet destinée à devenir l’une des plate-formes de ce mouvement commun de candidats… indépendants.

- Le Site Internet

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Voilà le projet imaginé par le professeur Ahmet Insel de candidatures indépendantes de gauche soutenues collectivement qui prend peu à peu corps. L’universitaire Baskin Oran et le Président du Parti de la Liberté et de la Solidarité (ÖDP), Ufuk Uras se préparent à poser leurs candidatures à Istanbul. Des initiatives sont également lancées à Ankara et Izmir, à Kocaeli, Aydin, Denizli et Manisa. Objectif : obtenir 5 sièges.

En réponse au barrage des 10 % de votes au niveau national qui n’offre pas à l’opposition issue de la base et de la société le moindre espoir de représentation, l’appel à une campagne commune de candidats indépendants dans le cadre des élections du 22 juillet prochain commence à donner ses premiers résultats. Baskin Oran sera candidat dans la seconde circonscription d’Istanbul dans les quartiers de Şişli, Beyoğlu, Beşiktaş et Sarıyer. Ufuk Uras sera quant à lui candidat dans la première circonscription. Président de l’ÖDP, il annonce que son parti présentera des candidats sous sa bannière sans hésiter non plus à soutenir des candidatures indépendantes dans certaines crirconscriptions (les candidatures indépendantes permettant de se soustraire à la nécessité des 10 % au niveau national : un candidat ayant remporté le plus grand nombre de suffrages dans sa circonscription peut très bien ne pas être élu si le parti auquel il appartient ne dépasse pas les 10 % à l’échelle de la Turquie tout entière).

« Nous allons tenter d’entrer à l’Assemblée en creusant un tunnel », a déclaré Ufuk Uras.
A Denizli, on s’attend à ce que le secrétaire local de l’Association des Journalistes, Nebi Ebci dépose sa candidature. Dans la seconde circonscription d’Ankara, on évoque les noms du chercheur Haluk Gerger et de l’ancien président de l’ordre des médecins de Turquie, Metin Bakkalci. Tous les candidats devraient être connus d’ici à la fin de la semaine.

L’un des responsables du site Internet http://www.ortakaday.net, véritable plate-forme de la campagne qui s’annonce, Sertuğ Çiçek a déclaré que le mouvement avait pu pour l’instant rassembler plus de 11 000 signatures.

Le soutien des Kurdes

Çiçek a aussi précisé que le DTP (Parti pour une Société Démocratique, pro-kurde) soutiendrait dans certaines villes de Turquie occidentale les candidats indépendants. Ce qui ne préjuge en rien de l’attitude des possibles députés indépendants en cas d’élection : rien n’a été décidé quant à leur éventuelle participation au groupe parlementaire que pourrait constituer ce parti.
La campagne commune de ces candidats indépendants mettra l’accent sur des thèmes tels que la démocratie et les libertés.

Outre le DTP, cette campagne reçoit également le soutien du SDP (Parti de la Démocratie Socialiste), et du Parti Emek (EMEP) comme de nombreux autres partis et associations de gauche, d’intellectuels, d’académiciens, de syndicalistes et d’étudiants. On apprend également que le SHP (Parti Social démocrate et populaire) qui ne participe pas aux élections ainsi que la Confédération des Syndicats Ouvriers et Révolutionnaires qui furent à l’origine du Mouvement d’union de la gauche dit du « 10 décembre » soutiennent cette initiative.

Comme en 1965

Editorialiste à Radikal, Tarhan Erdem a accueilli la démarche des candidats indépendants et la candidature de Baskin Oran comme un heureux événement. Selon lui, étant donné les positions et les caractéristiques des candidats, il n’est pas exclu d’obtenir des résultats aux prochaines élections :
« Des candidats honnêtes, connus, savants et expérimentés comme Baskin Oran sont en mesure de gagner. D’un point de vue politique, des candidats démocrates et connus du public sont des choix très judicieux. Je suis persuadé qu’à l’instar du parti communiste en 1 965, les candidats indépendants sont à même de rendre un grand service à la Turquie, et ce, quand bien même ils ne seraient que 5 sur les rangs de l’Assemblée. »

D’après Sertuğ Çiçek, le mouvement se propose d’infléchir ce que l’on entend des discours prononcés à l’Assemblée. « Notre rêve est que tous les démocrates sincères, tous ceux qui sont favorables au vivre ensemble de toutes les identités puissent se reconnaître dans leur assemblée représentative. Nous ne jouons pas avec le pouvoir. Nous souhaitons juste porter là-bas la voix de ceux qu’on n’entend pas, de tous ceux qui ont une conscience et un sens des responsabilités. Au lieu de 200 Baykal, qu’il n’y en ait que 199… » (Président du CHP, principal parti d’opposition kémaliste et nationaliste).

La barre des 10% volera en éclats

Amet Insel, professeur à Galatasaray et Paris 1 est plutôt satisfait de ce que son idée d’une telle campagne, pour la première fois formulée dans les colonnes de Radikal 2, puisse finalement prendre chair. Il pense qu’en cas de victoire de certains de ces candidats, le barrage des 10 % risque de faire la démonstration de son inutilité.
Pour lui, cette initiative pensée comme un moyen de contourner ce seuil des 10 % ne correspond pas au lancement d’un parti mais plutôt à l’expression de la nécessité de tenir compte de la vois de la conscience populaire.
« Notre objectif est de faire entendre au parlement la voix de l’égalité et de la justice face aux nationalismes montant, de nous mettre en mouvement en direction de tous les exclus économiques comme culturels. »

En cas d’élection de députés indépendants, ceux-ci seront disponibles pour soutenir et travailler avec tous les démocrates.

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Sources


© Marillac et Turquie Européenne pour la traduction
© Radikal 30/05/2007

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