Étienne Copeaux est chercheur associé au Groupe de Recherche et d’études sur la Méditerranée et le Moyen Orient (GREMMO) du CNRS, et est ancien pensionnaire de l’Institut Français d’Études Anatoliennes (IFEA - Istanbul).
Depuis l’émergence de l’affaire Ergenekon, nombreux sont ceux, hors de Turquie (et même en Turquie) qui se demandent ce que signifie ce terme et quelle est son origine. Je propose ici un extrait un peu remanié de mon ouvrage Espaces et temps de la nation turque (1997), lui-même tiré de ma thèse « De l’Adriatique à la mer de Chine. Les représentations turques du monde turc à travers les manuels scolaires d’histoire » (1994).
Les inscriptions de l’Orkhon : le passé exemplaire des Turcs
Au sud du lac (...)
Newroz, ce terme désigne la fête du printemps, fête de l’année nouvelle dans les sociétés irano-kurdes. En turc, on écrit Nevruz. Utilisez un w et vous révélez ipso facto des penchants pro-Kurdes, car « la lettre w n’existe pas dans l’alphabet turc ». En Turquie, newroz est fêté dans le sud-est du pays et partout où se trouvent des Kurdes en nombre… c’est-à-dire un peu partout, et comme les Kurdes sont souvent dans les banlieues pauvres, c’est, dans les grandes villes, une fête de déshérités, c’est la fête des (...)
À la fin du XIXe siècle, la naissance du nationalisme turc a coïncidé avec une période de découverte de l’ancien monde turc grâce aux travaux historiques et archéologiques : la turcologie scientifique a nourri le nationalisme. Histoire critique de cette gémellité fondatrice en Turquie, suite...
Partie N°1
Rappelons d’abord la vision officielle de l’Anatolie du manuel de 1929 : « La Turquie est composée de terres où sont établis uniquement des Turcs. » La politique postérieure consiste à le réaffirmer, (...)
Le texte qui suit a été présenté à l’ENS de Paris en 2008 et révisé en mars 2011. On y trouvera des idées antérieurement exposées et publiées, mais sous une forme plus synthétique, avec toutefois quelques idées et références nouvelles.
Pour répondre à la problématique du séminaire, j’ai choisi de réexaminer mes travaux sur l’historiographie turque en concentrant mon attention sur le problème du rapport entre le citoyen et le territoire de la nation.
Si j’emploie le mot « problème », c’est parce que, même en (...)
Les frontières et limites existant ou ayant existé, à Chypre, ont entièrement déterminé la vie de tous les Chypriotes, « turcs » et « grecs », de 1964 à nos jours. Pourtant, la question des frontières de la république Chypre, indépendante depuis 1960, devrait être simple : officiellement, il y a sur l’île un seul État souverain, et ses frontières coïncident avec la limite de ses eaux territoriales. Mais l’île a subi de 1964 à 1974 une première division de facto, en un territoire « grec » parsemé de 45 enclaves (...)
“Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue dans un délai raisonnable”
Depuis les lendemains de ce 9 février, j’ai souvent essayé d’écrire, en vain. Ni dans les trop brefs moments de joie, ni dans la déception, je n’ai pu trouver le ton juste.
J’aurais voulu écrire immédiatement, pour partager. La préparation un peu fiévreuse et les propos dépourvus d’optimisme inutile, la veille, lors de la réunion présidée par l’avocate Yasemin Öz. « Une seule chose est sûre, avait-elle dit, c’est que cette (...)
Dans le travail que je fais sur les années 1990 en Turquie, de nombreux événements et personnages de l’époque me raccordent au présent ; l’affaire Pınar Selek en est un triste exemple. Mais une parution récente, découverte dans une librairie d’Istanbul où j’étais justement pour soutenir Pınar, nous en donne un exemple réjouissant : The State of Ata. The Contested Imagery of Power in Turkey, par Mike Mandel et Chantal Zakari [publié par Eighteen Publications, Boston, 2010, 256-xvi p.].
Je ne l’ai jamais (...)
Semih Vaner nous quittait le 12 février 2008, Turquie Européenne publie à sa mémoire cet hommage de l’historien Étienne Copeaux dont il fût le guide et l’inspirateur. Il reste présent à la mémoire de ceux qui ont croisé sa route, ne retenant que l’étymologie de ce mot, il était toujours accessible même pour les « amateurs » comme moi. Il respectait simplement les gens qui aimaient à apprendre et comprendre sans préjugés. (ndlr : Reynald Beaufort)
L’article d’Etienne Copeaux :
Grâce à Cengiz Çafila et Haldun (...)
« Deux peuples ont marqué l’histoire mondiale : les Turcs et les Juifs. Les Turcs sont un peuple glorieux, victorieux, leur histoire est mondiale. C’est un peuple de soldats. C’est le peuple qui, au cours de l’histoire, a fondé le plus d’États, qui a fondé des empires. Ce n’est pas le cas des Juifs. La scène sur laquelle se déroule l’histoire des Turcs s’étend sur trois continents (…). Au cours des âges, ils y ont accompli une mission historique (…), car ils ont rencontré et influencé beaucoup de peuples. (...)
Voici plus de douze ans que Pınar Selek est poursuivie par l’Etat turc. Elle a été en effet arrêtée en août 1998. Il me paraît intéressant de rappeler le contexte, en feuilletant la presse turque des mois d’août et septembre de cette année.
La coalition à dominante « islamiste » dite Refahyol menée par Necmettin Erbakan (Refah) et Tansu Çiller (DYP), avait dû quitter le pouvoir en juin 1997, sous la pression de l’armée. L’été 1997 s’était déroulé dans une atmosphère de soulagement puisque les « bigots » (...)
0 | 50 | 100 | 150 | 200 | 250 | 300 | 350 | 400 | ... | 1200