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Le premier objecteur de conscience de Turquie, Tayfun Gönül, s’en est allé…

lundi 6 août 2012, par Ekin Karaca, Trad. Aurélien Roulland

Le premier objecteur de conscience au service militaire de Turquie s’en est allé à l’âge de 54 ans des suites d’un arrêt cardiaque dans la nuit de lundi. Docteur de formation, Tayfun Gönül avait apporté des contributions décisives au mouvement antimilitariste en Turquie, selon ses amis.

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Tayfun Gönül
Premier objecteur de conscience turc - Photo : Bianet.org

Tayfun Gönül, le premier objecteur de conscience au service militaire de Turquie, s’en est allé des suite à l’âge de 54 ans des suites d’une crise cardiaque dans la nuit de lundi.

Gönül avait déjà passé une longue période dans un service de soins intensifs suite à un infarctus survenu le 16 février mais avait quitté l’hôpital après y avoir passé deux mois, déclara à Bianet, Serkan Sültan, un proche ami de Gönül.

Suite à sa décharge, la condition de Tayfun Gönül a commencé rapidement à s’améliorer, dit Sultan, ajoutant qu’ils avaient même commencé à partir faire le tour de l’Egée, mais qu’il a finalement abandonné dans la nuit de lundi à 22h30 quand il a eu son arrêt cardiaque.

« L’uniforme sert partout le meme objectif »

Médecin de formation, Tayfun Gönül a élucidé les raisons pourquoi il a choisi de ne pas exercer sa profession durant un interview qu’il donna à Sokak (La Rue) Magazine en 1990 :
« Toutes les institutions ont pris les codes des casernes comme modèle pour leurs opérations internes durant leur établissement, incluant les écoles et les hôpitaux. Les blouses blanches des médecins en sont l’indication la plus flagrante. L’uniforme sert partout le même objectif : rendre homogène et dépersonnaliser les gens, pour en faire des robots remplissant uniquement leurs fonctions. La couleur de l’uniforme est insignifiante à tel point que j’en suis concerné. Elle aurait pu tout aussi bien être kaki que blanche », dit Gönül.

Eryılmaz : « Gönül a planté les graines de l’éveil contre le militarisme »

« Tayfun était un personnage extrêmement intéressant. Il était obsédé par le service militaire durant la période entre 1988 et 1989. Nos horizons se sont étendus grâce à lui, et ensemble nous avons lancé la campagne du “Non au service militaire” », dit le journaliste Tuğrul Eryılmaz, le camarade de Gönül à Sokak Magazine durant les années 80.
Aussitôt que nous lancions la campagne, les officiels nous fichaient un procès pour « aliénation des personnels du service militaire ». Nous avons continuié ensemble nos actions dès rentrés de la Cour de Sultanahmet durant toute toute cette période… En fait, Metin Münir, qui était à la barre du journal Güneş, s’est aussi mis en piste avec nous, et il avait fait les gros titres avec notre campagne, dit Eryılmaz.
« Tayfun avait une attitude sans compromis, mais il ne le montrait pas à travers une attitude belliqueuse mais par un style extrêmement doux. Il fut la personne qui planta les graines de l’éveil contre le militarisme en Turquie » a-t-il ajouté.

« Abandonner la rhétorique du martyre »

Gönül a participé à l’International Conscientious Objectors’s Day (La Journée Internationale des Objecteurs de Conscience) le 15 mai alors qu’il venait à peine de sortir de l’hôpital et a critiqué le langage de haine qui gangrène les médias dans son discours.
Les agences d’information turques et kurdes emploient de concert une la terminologie du « martyr » a dit Gönül.

« Toutes les strates de la société devraient abandonner la rhétorique du “drapeau” et du “martyre” sans se contraindre eux-même à un engagement politico-idéologique particulier. Je ne sais cependant pas comment nous allons dépasser le langage présent du nationalisme, a-t-il dit dans son discours ».
« Oğuz Sönmez du groupe contre la guerre a aussi mis en lumière la contribution de Gönül aux mouvements antimilitaristes et d’objection de conscience en Turquie et a dit que le décès de Gönül représentait une perte majeure pour la Turquie. »
« Nous voulions vraiment que le premier objecteur de conscience de Turquie, Tayfun Gönul, participe à la Semaine de l’Objection de Conscience. Il assistait aussi à nos activités malgré le fait qu’il soit hospitalisé. Notre objectif fondamental était d’assurer que cette personne, qui a initié le mouvement de l’objection de conscience, ne soit pas oublié » a-t-il dit.
Gönül a aussi publié plusieurs travaux avec la maison d’édition Kaos, incluant « La Manifestation de l’Ordre aux Chaos, interview avec Gediz Akdeniz », « Qu’est-ce que l’Anarchisme ? » et « Recherche pour un nouveau paradigme dans l’éthique médicale : complexité – réconciliation avec la mort ».

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Sources

Source turque : Istanbul - BIA News Center - Mardi 31 Juillet 2012 - Titre original : Turkey’s First Conscientious Objector Tayfun Gönül Passes Away
Traduction de l’anglais : Aurélien Roulland

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