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Turquie : le terrorisme condamné

vendredi 12 octobre 2007, par Marillac

Regain de violence dans le Sud-Est à majorité kurde de la Turquie. Le PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) lancé dans un guérilla contre l’Etat turc depuis 1983 semble avoir décidé de refaire parler de lui : avec plusieurs attaques menées depuis le week-end dernier, il soumet la Turquie à un bilan qui la ramène 12 ans en arrière au plus fort de la guérilla...

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Forte de quelques milliers de combattants basés en Irak, l’organisation considérée comme terroriste par les Etats-Unis et l’UE infiltre des équipes sur le territoire turc pour y disséminer mines et autres armements déclenchables à distance. Alternant le chaud et le froid depuis des mois au gré de la situation politique en Turquie, le PKK semble bien décidé à reprendre la main dans les affaires kurdes en donnant la priorité à ce qui a fait son fond de commerce jusqu’à aujourd’hui, à savoir la violence.

Alors que le nationalisme kurde perd du terrain dans l’électorat kurde au profit de la stabilité incarnée par les « néo-islamistes » de l’AKP ( parti gouvernemental en Turquie) et ce depuis plusieurs années désormais, le PKK a conscience de ce que la démocratisation de la question kurde peut porter atteinte au monopole qu’il a exercé pendant des années sur la politique et la société civile des populations d’origine kurde.

La stratégie du pire est donc lancée : attentats, provocations…Nuance cependant : la société civile kurde n’est plus aussi amorphe que par le passé et sait faire entendre sa voix. Même modestement.

Les politiques sont désormais chargés d’en prendre le relais : le Parti pour une Société Démocratique (DTP), issu de la mouvance nationaliste kurde qui dispose d’une vingtaine d’élus au Parlement turc depuis le mois de juillet dernier trouvera-t-il l’espace d’une certaine autonomie démocratique entre les nationalismes ethniques exacerbés par la violence en recrudescence ?
Les autorités turques sauront-elles audacieusement marginaliser le PKK plutôt que de chercher vainement à l’anéantir ?
Les deux questions sont liées. [Rédaction TE]


Radikal

La société civile kurde prend la parole

Le barreau de Diyarbakir , la plus grande ville du Sud-Est anatolien à majorité kurde ainsi que les organisations patronales de la même ville ont lancé un appel au dépôt des armes après le massacre de 14 soldats dans la province voisine de Sirnak (frontière irakienne).

- Le président du barreau, Sezgin Tanrikulu a souligné que dans une région où l’on connaît des affrontements armés depuis 23 ans et ce de manière intense, il était désormais absurde de continuer à parler en se basant sur les chiffres.
« Il nous faut désormais sortir la violence de la liste des moyens possibles de parvenir à une solution. Nous l’avvons déjà exprimé à de nombreuses reprises. Nous le réitérons aujourd’hui. La violence armée ne doit plus fonder quelque espoir que ce soit dans le sens d’une solution. Le gouvernement doit prendre sur lui de lancer au plus vite une démarche dans le sens d’une solution globale. Si les affrontements venaient à se poursuivre de la sorte alors le nombre de victimes ne ferait que croître.
Chaque jour nous parviendront encore les annonces de nouvelles morts. De soldats. De membres du PKK. Le PKK doit de lui-même prendre la décision de mettre fin à la violence et de définitivement couper les ponts avec elle. Il est temps de formuler des démarches qui aient un sens dans un cadre démocratique.
 »

- Le patron des patrons (président de la DISIAD) Raif Türk a envoyé un message de condoléances à toutes les familles de victimes. Il a ensuite déclaré : « on ne voit nulle part et surtout à l’époque que nous vivons que des hommes doivent être tués pour des demandes formulables en termes démocratiques. On ne peut pas dire d’un côté que l’on ne vise que des aspirations démocratiques et de l’autre assassiner des soldats. Ce n’est tout simplement pas défendable. Ceux qui aspirent à la démocratie se doivent en tout premier lieu d’être eux-mêmes des démocrates. Notre souhait c’est de ne plus revoir ce que l’on a vu pendant les années 90. Nous nous rendons bien compte depuis des années que la violence ne sert à rien du tout. »

’L’inquiétude est à son comble’

Le président de la Fédération des Industriels et des Hommes d’affaire de la région du Sud-Est turc, Seyhmus Akbas, a quant à lui déclaré que les derniers événements avaient été cause d’une grande inquiétude dans le monde des affaires. « A un moment où des développements économiques tout ce qu’il y a de plus sérieux sont en cours dans la région, où les milieux d’affaire de Turquie commencent à s’intéresser sérieusement à cette zone, ce regain de violence suscite une vive inquiétude chez la plupart de nos membres. Il nous faut absolument mettre un terme à cette lutte fratricide. En tant que patrons et responsables des milieux d’affaire, nous nous adressons à tous. Unissons-nous pour mettre un terme à cette tragédie. »

- Mehmet Kaya, le président de la Chambre de Commerce et d’industrie de Diyarbakir a déclaré condamner de manière absolue les derniers événements. Envoyant ses condoléances aux familles des victimes, il a précisé que dans la région on ne souhaitait plus voir se reproduire de tels actes. « Non seulement dans la région, mais dans le pays tout entier, la violence ne doit devenir le moyen de quelque revendication que ce soit. La violence ne fait que porter atteinte aux populations. Nous avons la conviction que la violence est une voie qui appartient désormais au passé. La violence, c’est un terrorisme. Il faut y renoncer. »

’Que la violence prenne fin sur le champ’

Le président de l’Ordre des Médecins de Diyarbakir, M. Avcikiran, a précisé que le regain actuel de violence dans la région était une sérieuse cause d’inquiétude. « Ce genre d’événements violents doit absolument quitter notre quotidien. Il est désormais évident qu’avec la violence, nous n’arriverons à rien. On ne peut envisager de solution qui ne passe pas par un dialogue pacifique. Nous sommes en train de nous demander si les événements actuels ne sont pas en train de nous ramener au plus noir des années 90. Notre souhait c’est que cette violence cesse au plus vite. »

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Sources

Source : Radikal, le 10-10-2007

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