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Sarkozy, 5 heures en Turquie

mercredi 9 mars 2011, par Marie-Antide

Président de la République française, chef d’Etat européen, Président du G20 … au choix … Nicolas Sarkozy a finalement choisi la casquette de Président du G20 pour se rendre dans la capitale turque Vendredi 25 Février pour une visite qui a duré un peu plus de 5 heures. Cette casquette était la moins polémique mais pas vraiment celle qu’attendaient ses hôtes, Abdullah Gül, Président de la République de Turquie et Receip Tayip, Premier Ministre.

La Turquie, partenaire incontournable du G20 -Nicolas Sarkozy l’a répété tout au long de ses entretiens, y compris avec la presse turque : « la Turquie est un grand pays ami et allié : un pays qui joue un rôle de plus en plus actif dans les affaires du monde […] Si j’ai proposé la création du G20, c’est pour que des pays comme la Turquie se voit reconnaître enfin la place éminente qui leur revient dans la gouvernance mondiale » (Posta, 25 Février 2011).
Avec sa diplomatie hyper-active, ses 8% de croissance économique en 2010 et ses entreprises très bien implantées dans les pays arabes, la Turquie est en effet une voix qui compte maintenant. Nicolas Sarkozy est donc venu pour une « discussion en profondeur » sur les sujets de gouvernance qui structurent l’agenda de la présidence française du G20 : réforme du système monétaire international, lutte contre la volatilité excessive des prix des matières premières énergétiques et agricoles, développement et financement innovant.
Gageons que celle-ci fut fructueuse puisqu’un projet de séminaire sur la volatilité des matières premières à Istanbul est à l’étude pour Avril … et que Nicolas Sarkozy pourrait bien y faire une visite d’Etat cette fois-ci.

La Turquie, partenaire privilégié de l’UE - Au bouillant Recep Tayip Erdogan qui l’avait interpelé la veille par média interposé sur son opposition à l’entrée de la Turquie dans l’UE, Nicolas Sarkozy a expliqué que la Turquie a une position unique entre l’Orient et l’Occident, que personne d’autres ne peut tenir ce rôle et que « cela suppose donc que la Turquie conserve sa place unique » (Posta, 25 Février 2011) …
De fait, le projet d’intégration avance plutôt lentement. Sur les 35 chapitres qui le structurent, 13 sont en cours d’intégration, un seul est refermé, 18 sont gelés à cause du blocage politique sur la division de Chypre ou par opposition de plusieurs pays membres. Restent 3 à ouvrir et ensuite … nous serons dans la configuration d’un projet d’intégration sans chapitre à intégrer…
Le dialogue de sourds continue donc entre Recep Tayyip Erdogan qui demande à Nicolas Sarkozy d’assumer son opposition et de prendre la responsabilité d’une rupture des négociations et Nicolas Sarkozy qui justifie l’existence de ce projet d’intégration, même tenu comme un fil de soie, comme un moyen d’approfondir les liens entre UE et Turquie « pour que cette relation soit plus dense encore, plus solide, plus étroite ».

La Turquie, 3e partenaire économique de la France - La dernière visite d’un chef d’Etat français en Turquie remonte à 1992. Et c’est en chef que de l’Etat que les responsables politiques turcs espéraient recevoir Nicolas Sarkozy et son épouse.
Outre la force des liens historiques et culturels, le poids des relations économiques justifiaient largement cette attente. La Turquie reste le 3e client et fournisseur de la France . 300 entreprises françaises sont installées en Turquie et y emploient plus de 70 000 personnes. La Turquie est en effet un marché d’équipement et de consommation en plein développement et nombreux sont les grands patrons français qui sollicitent, parfois en vain, des entretiens à Ankara pour négocier une position décisive sur d’importants contrats.

Cette visite comportait d’importants risques diplomatiques compte tenu des personnalités également emportées de Nicolas Sarkozy et Recep Tayip Erdogan, de leur capacité à instrumentaliser des sujets de politiques étrangères pour améliorer leur cote électorale, de la complexité des rapports entre les deux pays et de la scène internationale. Bernard Emié, Ambassadeur de France à Ankara nommé à Londres en Janvier, n’avait pas encore pris ses nouvelles fonctions pour préparer cette très délicate visite.

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