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Le cousin d’Amérique, le chouchen et l’ortie d’Arménie

mardi 1er mars 2011, par Elif Kayi

Il y a des jours où on a simplement envie d’en mettre plein la vue, d’estomaquer, de boucher des coins, de scier autre chose que des branches. A défaut d’avoir un oncle, nous avons tous un cousin d’Amérique. Si, si ! Il suffit de bien vouloir chercher un peu et on en trouve toujours forcément un.

Honnêtement, les sciences généalogiques me laissent profondément de marbre. Je ne me suis donc personnellement jamais attelée à l’exercice fastidieusement ennuyeux de répertorier les rejetons de mes aïeux, aussi éparpillés qu’ils soient de par ces changeantes contrées. N’ayant jamais eu la main verte, je surenchérirai volontiers en ajoutant que ce type d’arbre me fatigue encore plus que les autres. Je me contente d’attendre nonchalamment que ces dites boutures viennent se mettre en travers de ma route pour prendre distraitement note de leur existence.

Pour une partie du commun de nos frères et sœurs mortels, partir en quête de racines est un labeur doucereux. Comme si trouver un quelconque rapport avec des inconnus, morts parfois depuis bien longtemps, apportait une singulière touche de vie à nos mornes tableaux quotidiens. Des couleurs et des goûts…

Il arrive parfois que cette étude prenne un sens particulier, pour sortir du cadre strictement personnel, dépasser la curiosité historique et atteindre une dimension socio-politique à caractère hautement symbolique. C’est par exemple le cas dans la genèse de certains conflits historiques. Encouragée par la sortie du petit roman autobiographique de l’avocate Fethiye Çetin en 2005, qui relate la découverte tardive des origines arméniennes et chrétiennes de son aïeule, une petite partie de la population turque s’était par exemple lancée dans la recherche de supposées origines arméniennes. Une manière de se dédouaner inconsciemment d’une responsabilité héritée en même temps que les liens de filiation, diront certains. Ce qui peut se défendre. Toujours est-il que, ramené au contexte historico-culturel turc, ce type de démarche est en droit de revendiquer un caractère assez exceptionnel.

***

Je répète ici que nous avons tous un cousin d’Amérique. N’oublions pas que c’est à force de marteler les choses que celles-ci deviennent « vérité ». Parfois, il faut du temps. Ce n’est qu’au terme de près de trente années, séparant ce jour de ma venue dans ce monde en perpétuelle mutation, que j’appris que ma famille avait peut-être repiqué des souches outre-Atlantique. Aussi surprenante que la descente d’un Archange, cette révélation m’apparut tandis qu’attablée dans un petit restaurant marocain de l’actuelle capitale allemande, je dégustais un couscous au mouton en compagnie d’un professeur de littérature américaine, dont je tairai le nom. Nous le désignerons sous l’avatar –soyons modernes - de Professeur C. Qu’il m’excuse de le présenter uniquement à travers sa profession et cette initiale –prise parfaitement au hasard d’ailleurs – mais je suis sûre qu’il préférera conserver un flou certain autour de son identité pour des raisons que personne ne comprendrait de toute manière. Nous voilà attablés entre pois chiches, carottes, semoule et jarrets.

Premier détail important pour la suite de cette triviale anecdote. La famille du Professeur C. est originaire de la région de Tunceli, à l’est de la Turquie. D’ailleurs, au lieu de parler de Tunceli, il serait préférable de parler de Dersim, son nom historique. Les amoureux d’histoire sauront que c’est dans cette ville qu’eut lieu, en 1938, le dernier soulèvement de la population kurde, réprimé avec forte effusion de sang. Le professeur C. est un descendant du peuple « dersimli ». Oh, mirifique hasard ! Voilà que ma grand-mère paternelle était, elle aussi, originaire du Dersim. Première pierre de notre édifice commun. Jusque-là rien de foncièrement surprenant et pas de quoi laisser la puce s’approcher de l’oreille me direz-vous. Cette terre anatolienne ayant toujours été un véritable foutoir, quoi de bien renversant, en conclurez-vous. Je vous l’accorde, cela va sans dire.

Mais continuons plutôt dans l’introspection du contenu de cette rencontre kreuzbergoise –du nom du quartier dans lequel est situé le restaurant marocain pour ceux qui n’auraient pas encore eu la chance de visiter le coin. Nouveau petit détail qui pimente ce conte vaguement soporifique et sans lequel celui-ci n’existerait même pas : le professeur C. est d’origine arménienne. Enfin, le professeur C. est arménien de citoyenneté américaine, pour respecter ses propos. Je vois d’ici certaines mains se frotter, mues par une curiosité toute malsaine, et certains esprits en quête d’histoires à sensation retrousser leurs babines dégoulinantes. L’enfant de la victime pactisant avec celui du bourreau ? Diantre ! Que faisait donc un professeur d’origine arménienne, enfin un professeur arménien et citoyen américain, attablé devant le couscous d’un restaurant berlinois avec une jeune femme issue d’une lignée des peuples de l’Altaï ? Eh bien, il mangeait un couscous. Bon, mais encore ? Cherchait-il à séduire cette héritière des sultans ottomans – oui, enfin, presque ! –, acte qui lui vaudrait inconsciemment vengeance de ses ancêtres sur leurs tortionnaires ? Fausse route. Le professeur C. serait-il hermétique aux charmes de la gente féminine ? Que nenni. En fait, et c’est là qu’intervient le roulement de tambour : sur les deux acteurs du petit huit-clos teuton plane un soupçon de consanguinité. Et là, le lecteur, qui a réussi à tenir jusque-là, est en proie à la plus profonde perplexité.

Bon, d’accord ! J’ai dévoilé la fin de l’histoire avant d’en commencer vraiment le début. Il faut dire que j’avais peur que vous me fassiez faux bond en cours de chemin. Je sais, c’est un argument un peu lâche mais on ne sait jamais… En ces temps où des informations cruciales ne cessent de jaillir en permanence des quatre coins de la toile, il n’est pas évident de maintenir le lecteur en haleine avec une histoire digne en apparence du plus insipide journal intime. Mais puisque vous êtes toujours là, laissez-moi vous expliquer comment nous en sommes arrivés à ce coup de théâtre. Je précise tout de suite que cette histoire n’est basée que sur de hasardeuses présomptions. Je préfère en effet éviter toute réclamation à postériori. Et tant pis pour ceux qui iront encore maugréer que les journalistes écrivent des articles brassés avec du vent. Moi je pense que le vent, ça n’est pas si mal. Ca permet à la poussière de se déplacer. Même si celle-ci revient toujours, comme l’avait remarqué le poète Yunus Emre devant la porte de son premier tekké.

Reprenons. Comme j’écrivais un peu plus haut, ma grand-mère était originaire du Dersim. Orpheline de père à l’âge de onze ans, ce sont ses frères aînés issus du premier mariage de son père qui se sont alors occupés d’elle et l’ont rapidement mariée à mon grand-père, de près de trente ans son aîné. Elle partit vivre à ses côtés loin du Dersim, à Istanbul. Vous vous demandez sûrement comment cela est possible. Pas le fait qu’elle ait été mariée très jeune –ce dont nous n’avons aucune véritable preuve tangible, car elle ne possédait aucun certificat de naissance fiable. Je me permets de rappeler ici que les mariages précoces étaient une pratique courante à l’époque –si on peut parler d’époque, puisque cela continue encore jusqu’à aujourd’hui. Bon, cette fois, on va m’accuser de cautionner le mariage forcé de jeunes filles mineures ! Le lecteur a toujours l’esprit mal tourné. C’est agaçant à la fin ! Non, ce qui est étrange, ou plutôt me semble étrange, c’est qu’une jeune fille ait été envoyée aussi loin pour se marier, plutôt que de se marier dans sa région d’origine. Comme mon esprit aime les chemins de traverse, j’ai souvent imaginé qu’il avait fallu « éloigner » ma grand-mère. Un soupirant trop zélé peut-être ?

A cet instant l’autre figurant du petit drame qui se noue revient en scène. Le professeur C. a une théorie tout autre que celle du soupirant pour expliquer cet « éloignement ». Selon lui, ma grand-mère aurait peut-être été une orpheline arménienne, recueillie dans une famille turque après le génocide et qu’on aurait simplement préféré envoyer dans une autre ville quand elle commença à grandir. Je doute que cette théorie rencontre un franc succès auprès des autres membres de ma famille, mais elle n’est pas complètement saugrenue, comme beaucoup de choses dans ces années-là. Rappelons que l’action se déroule entre la fin des années 1920 et le début des années 1930. Comme tout caractère avide de fiction et de romanesque, je dois dire que la fable n’est pas sans me plaire.

Mais l’histoire de s’arrête pas là ! Le professeur C., continuant dans sa lancée, me relate alors l’histoire de sa propre aïeule. Au lendemain du génocide, sa grand-tante, rare rescapée de sa lignée, avait vécu un temps avec un Turc, « le Turc » comme on l’appelait dans sa famille, les rares fois où l’on évoquait cette histoire. De cette union non consacrée étaient nés deux enfants, un garçon et une fille que sa grand-tante abandonna lorsqu’elle décida d’émigrer aux Etats-Unis. C’est là que le Professeur C. me propose sa fumeuse théorie : le « Turc » dont il est question aurait peut-être été mon arrière grand-père. La grand-tante du Professeur C. aurait été un temps sa concubine et aurait donné naissance à une fille, ma grand-mère. Mon arrière-grand-père aurait continué à s’en occuper après que sa concubine soit partie pour les Etats-Unis. Le professeur C. et moi-même serions donc des cousins éloignés. Bon, à vue de nez, nous ne semblons pas avoir beaucoup de traits physionomiques communs. Quoique, à la réflexion…

Je me dois ici de faire une pause. D’abord pour vous laisser reprendre votre souffle au milieu de ce bourbier généalogique et ethnologique sans nom. Mais aussi pour balayer toute tentative d’accusation de détournement inconscient d’un sentiment de culpabilité lié à ma filiation. Que les descendants des victimes du génocide qui se heurteraient par hasard à ce texte daignent accepter mes modestes excuses. Je ne cherche nullement à les froisser en mettant pathétiquement en scène la révélation d’un improbable lien de parenté. A défaut de preuves convaincantes et au-delà de son attrait romancé, il n’y a aucune considération historique dans la thèse du professeur C. Celui-ci ne pouvant me convaincre de mes origines arméniennes, je ne chercherai à en convaincre personne. Je vagabonde, c’est tout.

Je sens ici une sourde frustration, un agacement certain, une déception tangible chez le lecteur. Tout ce fatras de lignes tapées sur un clavier AZERTY pour ça ! Mais qu’il se rassure ! Je lui ai préparé un petit lot de consolation. Car à défaut d’avoir un cousin américano-arménien, j’ai par contre une grand-mère arménienne ! Je vous vois d’ici hausser les sourcils en vous demandant quand prendra fin cette torture textuelle. On ne vous la fait plus à vous, une fois suffit ! Messieurs dames, ne vous gênez pas pour descendre en route. Je ne m’en offusquerai nullement. Il faut dire que j’ai l’habitude…

Bref, je reprends, nullement déconcertée. Je vous parlais de ma grand-mère arménienne. En fait, c’est plutôt une arrière-grand-mère car c’était la grand-mère de mon père. La Stambouliote Madame Takouhi. J’entends des chuchotements désespérés et des gloussements à peine retenus : Mais qu’est-ce qu’elle raconte ? Elle écrivait il y a à peine une minute que sa grand-mère paternelle était originaire du Dersim et voilà maintenant que l’arrière-grand-mère serait d’Istanbul ? Ceux qui savent mêler liens du cœur et liens du sang ne seront pas étonnés, question d’habitude.

Je n’ai jamais connu cette grand-mère arménienne, car elle est décédée il y a déjà longtemps, sur les rives du Bosphore. A la naissance de mon père, dans le quartier oriental stambouliote d’Üsküdar, mon grand-père et ma grand-mère louaient un petit appartement dans la maison de Madame Takouhi. Mon père appelait cette dame âgée « grand-mère » et en retour elle l’appelait affectueusement « Chouchanorti ».

Des années plus tard, alors qu’une amie arménienne était de passage chez mes parents, et que mon père racontait une énième fois l’histoire de sa « grand-mère », je demandai à cette amie la signification du mystérieux « chouchanorti ». Après avoir bafouillé, elle refusa à ma grande surprise de le traduire. « Chouchanorti » signifiait donc bien quelque chose et en plus, quelque chose qu’on ne voulait pas traduire. Piquée de curiosité et à force d’insistance, je finis par apprendre que cela voulait dire « petit chien ».

Mais c’est encore quelques années plus tard, toujours devant la même table couscoussière avec mon improbable cousin d’Amérique, que je pris connaissance de la véritable signification de « chouchanorti ». Le professeur C. ne put d’ailleurs réprimer un sourire en me livrant le secret de cette énigme. « Chouchanorti » signifie « chien et fils de chien ». Honnêtement, je ne pus m’empêcher d’éclater de rire. Mais la seconde d’après, je me trouvai plongée dans un abime de réflexion quasiment opaque. La grand-mère Takouhi appelait donc mon père « fils de chien » sur un ton affectueux ?

Impossible de prétendre avoir fait le tour de toutes les langues du monde pour pouvoir déclarer qu’une expression a valeur universelle. Peut-être que les mots composant cette expression ne signifient absolument rien dans certaines langues. Peut-être même que les concepts ou les objets qu’ils désignent n’existent même pas. Il existe bien des langues ne comprenant pas plus de deux mots pour désigner les couleurs. Les langues ne représentent que les méandres culturels de leurs locuteurs.

Dans toutes les langues que j’ai été amenée à côtoyer de loin ou de près, il me semble que désigner quelqu’un du prédicat de « chien » ou du génitif « fils de chien » relève plus de l’insulte que d’un témoignage d’admiration. Et pourtant, pour des raisons toutes personnelles, cette expression appliquée à l’être humain sera toujours empreinte d’un mystère teinté d’une grande nostalgie. Les langues et leurs expressions sont les habits de nos réflexes culturels, de nos histoires vécues ou héritées. Ils sont les témoins de notre humanité, dans tous ses recoins, brillants ou beaucoup moins reluisants.

Alors, que diriez-vous si quelqu’un osait traiter un être cher de « chien » ou, pire, de « fils de chien » ? C’est ici que la fiction reprend le dessus. Quel passé avait pu avoir Madame Takouhi ? Peut-être avait-elle perdu toute sa famille pendant le génocide. Peut-être même un enfant. Appeler ce petit garçon turc « fils de chien » serait devenu une manière de se venger indirectement d’un peuple qui l’avait tant fait souffrir. Ce qui n’enlevait rien à l’affection qu’elle éprouvait pour le petit et sa famille, exaltant par là le tragique de l’histoire.

Je m’arrête encore un instant pour souligner ici que mon père ne connait pas la signification de ce petit mot. S’il venait à tomber sur ces lignes, j’espère qu’il excusera cette plongée intimiste. Je ne cherche pas à discréditer Madame Takouhi. Bien au contraire. Mais je pense qu’il saura reconnaitre mon goût pour les digressions et comprendre le message.

***

Changement d’époque et retour en France. A l’école primaire, on ne se ménage pas. En même temps, on sait déjà jouer avec les codes. On se cache et on se cherche. « Je suis sûr qu’il n’y en a même pas dans ton pays ». Voilà la phrase que me lança J. à la fin des années 80 et à l’ombre d’un cerisier, non pas en fleurs celui-ci, mais plutôt en fruits. Je ne citerai pas son nom comme nous ne sommes plus en contact, mais je me contenterai de décocher grincheusement que son nom de famille ne sonnait guère terroir local non plus. Notre maîtresse –on ne disait pas encore institutrice- avait invité toute la classe à venir manger des cerises dans son jardin. Alors que je vantais tout haut la saveur du fruit, J. m’attaquait ainsi d’un de ses pics habituels.

Rappelons les codes. J., issu au moins partiellement d’une famille pas forcément « française de souche » et votant bien à droite du spectre politique, ne pouvait s’autoriser à montrer une quelconque affection à une fille dont le prénom et le nom indiquaient clairement l’appartenance à une autre souche, en l’occurrence une radicule de provenance tout à fait proscrite et plutôt asiatique.

Du haut de nos dix ans, en plus de respecter des codes comportementaux complexes, nous jonglions innocemment avec de périlleuses imbrications politiques. Malgré nos relations houleuses et par respect sans doute d’une certaine diplomatie, J., m’invita à son anniversaire. Je lui demandai ce qui lui ferait plaisir, n’ayant aucune idée de ce que j’aurais bien pu lui offrir. « Pour toi Arménie », me répondit-il, en me précisant qu’il s’agissait de musique, mais sans me fournir d’autres détails.

Me voilà donc dans les rayons de la grande surface Mammouth –aujourd’hui devenue Géant Casino- à la recherche d’un quarante-cinq tours. Honnêtement, le titre de la chanson n’évoquait rien de connu. Après avoir épuisé la quasi-totalité des vendeurs disponibles, l’un d’entre eux finit par se révéler fin connaisseur. « Pour toi Arménie » était un titre de Charles Aznavour. Je pris un exemplaire et passai en caisse. Rentrée à la maison, j’emballai la pochette dans du papier cadeau et collai un petit ruban dessus. Le jour de l’anniversaire, je tendis le cadeau à J. qui afficha un air pleinement satisfait, visiblement très content de son petit cadeau. Sur la pochette, une petite inscription précisait que les revenus du disque seraient versés aux victimes du tremblement de terre de 1989.

Elif Kayi de son état-civil –les connaisseurs repéreront que ce nom de famille est aussi celui d’une des trois tribus proto-turques- offrait à J., Français de non-souche et raciste sans savoir pourquoi, un disque de Charles Aznavour portant le nom d’un pays auquel elle était déjà liée avant même d’en connaître l’existence. C’est le rouge aux joues et du bout des lèvres que je dois reconnaître piteusement n’avoir découvert cette existence que bien plus tard. Alors qu’un nouveau camarade à l’université expliquait qu’il était arménien, je lui demandai s’il venait de Turquie, persuadée qu’il ne pouvait venir que de ce pays et ignorant totalement la présence du petit pays frontalier. Flagrant délit de refoulement s’il en est. Réponse exacte sur le fond, dirait le Professeur C.

Etudiant à l’université technique d’Istanbul, mon père allait parfois rendre visite à Madame Takouhi. Quand il frappait à la porte, la vieille dame, alors presque sourde et aveugle, criait « Qui est là ? ». Et mon père répondait : « Grand-mère, c’est moi ! Chouchanorti ». « Ah, c’est toi, chouchanorti ! Approche que je t’embrasse ! ».

- Article paru sur Mediapart

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Sources

Source : Mediapart

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