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La perspective d’adhésion à l’Union dope la Bourse d’Istanbul

mercredi 3 novembre 2004, par Cécile Prudhomme

Le Monde - 02/11/2004

L’inflation, les taux élevés et le poids du pétrole sur l’économie ne découragent pas les investisseurs.

La perspective offerte à la Turquie d’ouvrir des négociations en vue d’intégrer le pays à l’Union européenne est une aubaine pour les investisseurs opérant sur la Bourse d’Istanbul. Deux jours après que la Commission européenne eut annoncé, le 6 octobre, l’ouverture des discussions, l’indice ISE 100, des 100 premières capitalisations du marché des actions turc, s’est offert un record historique : 22 951,36 points le 8 octobre, son plus haut niveau à la fermeture du marché. Jeudi 28 octobre, l’ISE 100 était encore à 22 899,89 points. Depuis mai, il a progressé de près de 44 %.

L’évolution du marché boursier turc depuis un an témoigne d’un assainissement de la situation financière du pays. La Turquie a connu en 2001 une grave crise financière qui l’a entraînée au bord du défaut de paiement après le déclenchement de la guerre en Irak, en 2003. Les investisseurs boursiers, qui avaient fui le pays au moment de la crise, sont peu à peu revenus, profitant de l’amélioration de la situation économique du pays.

« Le marché boursier turc est assez profond, avec beaucoup de valeurs et de volume d’activité,constate Mathieu Nègre, gestionnaire de fonds chez Fortis Investments. Il y a presque plus de valeurs en Turquie que sur les marchés polonais, hongrois et tchèque réunis. »La capitalisation boursière d’Istanbul a progressé de 70,4 % en 2003, par rapport à 2002. En comparaison, Euronext (qui regroupe les marchés de Paris, d’Amsterdam, de Bruxelles et de Lisbonne) n’a gagné que 11,4 %. Mais la valeur totale du marché turc était en 2003 de 96 072 774 milliards de livres turques, soit 51,12 milliards d’euros, à comparer aux 1 646,178 milliards d’euros d’Euronext. La plus grosse capitalisation de la place d’Istanbul est l’opérateur de télécommunications Turkcell, qui détient 64 % du marché local du téléphone.

DE LA PRUDENCE NÉANMOINS

« En tant qu’investisseur, nous croyons beaucoup au potentiel du marché boursier turc même si nous le trouvons assez risqué, souligne M. Nègre.Les équilibres financiers sont fragiles, le poids de la dette publique est important, et la devise est surévaluée et volatile. Mais deux éléments sont positifs : la renégociation de l’accord avec le Fonds monétaire international -FMI- et l’accès du pays à l’Union européenne, qui ouvrirait des perspectives d’investissement énormes si le pays était considéré comme étant sur la voie d’une convergence avec la zone euro. »

Malgré l’amélioration de la situation, les investisseurs restent inquiets devant le déséquilibre des comptes courants du pays. Pour le moment, celui-ci est essentiellement financé par des rapatriements de capitaux turcs, et par des investisseurs qui cherchent à profiter des 22 % de taux d’intérêt à court terme en vigueur dans le pays. Toute la question est de savoir si ces flux seront remplacés à l’avenir par des investissements de long terme, dans une logique de convergence avec l’Europe.

Autre sujet de préoccupation : la sensibilité de l’économie turque à la flambée du pétrole. Le pays est le second plus gros importateur de produits pétroliers, en pourcentage du produit intérieur brut (PIB), après la Corée du Sud, depuis 1999. Les investisseurs restent sur leurs gardes, d’autant que le chemin du pays vers l’Union est encore long.

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