Les universités turques offrent la possibilité de connaître en profondeur des civilisations éteintes il y a longtemps comme les Sumériens et la culture hittite, mais aucune n’avait encore consacré un département aux langues kurde et arménienne.
Une récente proposition initiée par le député Osman Ozçelik du Parti pour une Société Démocratique ou DTP d’ouvrir un département de langue kurde à Istanbul a mis en exergue ce déficit. « Si les universités font une telle proposition, nous pourrons discuter de la question avec nos amis et faire ce qui est nécessaire » a déclaré le Président du Conseil de l’Enseignement Supérieur (YOK) Yusuf Ziya Ozcan au quotidien Radikal.
Un département de langue et la littérature arméniennes devrait être lancé l’année prochaine à l’université de Nevsehir (centre de la Turquie, ndlr).
« Au moins trois professeurs qui connaissent le sujet sont exigés avant que le département ne soit opérationnel. Nous sommes en pourparlers avec des professeurs en Turquie qui ont écrit au sujet de la littérature arménienne » a déclaré Filiz Kilic le recteur de l’Université de Nevsehir au quotidien Hürriyet.
« Le département de littérature arménienne est un sujet sensible et c’est un projet à long terme. La Turquie aurait dû avoir plusieurs départements semblables il y a longtemps » a dit Filiz Kilic. « Les classes évoqueront nécessairement les particularités de la langue et la littérature arménienne mais le contenu spécifique sera écrit une fois que les professeurs commenceront leur travail » a-t-elle dit.
« Il n’est pas sûr que le département soit prêt pour l’année universitaire 2009-2010 mais nous voulons commencer dés la fin des préparatifs adéquats » a dit Filiz Kilic.
L’université de Nevsehir possède déjà un département hébreu mais la priorité est maintenant dans la mise en fonctionnement d’un département opérationnel de langue et littérature arméniennes a déclaré Mme Kilic. La langue et la littérature grecques peuvent être apprises à l’université d’Istanbul depuis 1983 et à celle d’Ankara depuis 1936.
« Aucun obstacle constitutionnel »
Le monde universitaire a accueilli favorablement la demande d’ouverture d’un département de langue kurde soulignant qu’il pourrait contribuer à la paix sociale. Serdar Bedii Omay le recteur de l’Université Mardin Artuklu a déclaré qu’il allait lancer un travail pour ouvrir un tel département dans sa propre université et soumettre la proposition au YOK aussitôt que possible.
Selon Serdar Bedii Omay un tel département apportera de grands bénéfices au pays. En attendant les autorités du YOK ont noté qu’il n’y avait aucun obstacle constitutionnel contre cette proposition. Le président du comité d’éducation du YOK Halis Ayhan a soutenu que c’est même une décision tardive. « La langue pour l’éducation est déterminée comme le turc dans la constitution et tant que cela ne contredit pas l’article de la constitution, je n’ai aucune objection à l’ouverture de tels départements » a-t-il dit.
Bien connue pour sa faculté « Langue, Histoire et Géographie » l’université d’Ankara est un des établissements qui ont réagi positivement à l’idée. « Si notre Faculté Langue, Histoire et Géographie offre d’ouvrir un département, nous travaillerons sur le sujet avec plaisir » a dit le recteur de l’Université d’Ankara Cemal Talug.
Deux universités à l’est et le sud-est de l’Anatolie la où la population kurde est importante ont aussi présenté une position positive envers le sujet. Le recteur de l’Université d’Hakkari Ibrahim Belenli a déclaré qu’il ne voyait aucun mal à l’ouverture d’un département de langue kurde. « Un département de langue et littérature kurdes peut s’ouvrir dans notre Faculté de Science et des Lettres. Nous n’avons pas de faculté littéraire encore, cependant, quand les lois pour ouvrir le département seront publiées et qu’une telle proposition adoptée par l’université, je pourrais la soumettre au YOK » a dit le recteur de l’Université de Sirnak Ali Akmaz. Des cours spéciaux de kurde ont été ouverts dans le passé mais aucune université n’a de programme sur la langue kurde.