Uğur Hüküm - Defne Gürsoy
Collection « Villes en mouvement » Autrement - février 2006 - 19€
4e de couverture :
Istanbul en mouvement. Emergence de la société civile, mutation des mœurs, mosaïque ethnique et religieuse, cohabitation d’un pouvoir islamiste avec des modes de vie modernes, institutions et contre institutions, arts, movida : entre les deux rives du Bosphore, au point de contact entre l’Orient et l’Occident, Istanbul bruisse de nouvelles couleurs, de nouveaux sons et de nouveaux mélanges. Militants, artistes, agitateurs, urbanistes, architectes, entrepreneurs, représentants de communautés, créateurs d’institutions… Ce livre est une rencontre avec 27 personnalités qui incarnent l’explosion culturelle et sociale d’Istanbul : autant de parcours de vie ; autant de points de vue sur une ville dont ils sont partie prenante.
L’avenir est depuis dix ans en train de s’inventer dans le creuset de la vieille Istanbul. De ce bouillonnement, ce livre donne un aperçu inédit et captivant.
Defne Gürsoy et Uğur Hüküm, bilingues et biculturels, vivent entre Paris et Istanbul.
Defne Gürsoy est journaliste indépendante, spécialiste d’art et de géopolitique. Uğur Hüküm est journaliste à RFI et correspondant du quotidien turc Cumhurriyet
Nos commentaires
« Si le monde entier devait être un seul pays, Constantinople en serait la capitale » . « Constantinople, c’est l’empire du Monde ! » Deux phrases attribuées à Napoléon Bonaparte dont on ne peut apprécier tout le sens sans avoir rêvé sur les rives du Bosphore en contemplant cette ville qui s’est offert une mer comme fleuve, sans avoir flâné dans ses rues hors des circuits touristiques et sans y avoir vécu quelques nuits blanches.
« La ville qui ne dort jamais » retrouve sa vocation universelle après une période de torpeur qui a bien failli avoir raison de sa richesse culturelle héritée un empire multiconfessionnel et multiethnique qui n’a jamais eu quoiqu’en disent ses détracteurs, de volonté hégémonique. Ce n’est que sous la poussée de nationalismes alimentés par les puissances occidentales que se développera en Turquie un « nationalisme de survie » dont les excès ne sont pas, malgré tout, venus à bout de toute la diversité.
La libéralisation des années 90, l’ouverture du pays, sa jeunesse, la globalisation, la volonté sans cesse réaffirmée de la Turquie d’être à nouveau reconnue comme la puissance européenne qu’elle n’a, en fait, jamais vraiment cessé d’être, à créé un élan formidable qui semble capable de briser la rigidité d’un establishment agrippé à l’héritage momifié du père de la nation.
La Turquie est sur le fil, si la peur de l’inconnu et de l’affranchissement de l’autorité paternelle ne l’emporte pas, elle est en passe de parachever sa transition démocratique par le dynamisme de sa société civile qui compense les carences d’un état qui se montre peu capable d’innovation sociale. La Turquie se construit un avenir à mesure qu’elle recouvre la mémoire. Elle est en train de réapproprier l’héritage des civilisations qui se sont succédées et se sont métissées depuis 100 siècles sur son sol. Gageons qu’après la transposition de recettes occidentales inadaptées telles que le nationalisme et le jacobinisme, la Turquie trouve enfin une voie originale qui corresponde mieux à cet héritage pluriel qui est une partie essentielle du patrimoine de l’humanité.
Ce livre présente quelques uns des personnages qui font revivre la ville. Et faire bouger Istanbul c’est faire bouger la Turquie toute entière. Vous allez sûrement découvrir que l’avenir de l’Europe et de son rayonnement culturel est en renaissance sur les rives du Bosphore alors que les capitales des anciens empires cèdent à leur tour à la peur de l’autre et se recroquevillent tels des vieillards sur leurs passés glorieux. « La Ville » n’a pas encore dit son dernier mot…
Reynald Beaufort - Turquie Européenne
Extrait de la table des matières :
Préface : Istanbul sans dessus dessous par Semih Vaner
Introduction
Séquence 1 : L’émergence de la société civile
- Ömer Madra, journaliste animateur de radio
Açik Radyo, la voix indépendante d’Istanbul - Otay Ekinci, architecte
La bête noire des spéculateurs immobiliers - Korhan Gümüş, architecte L’agitateur de la société civile
- Mahmut Çelebi, traiteur à Arnavutköy
Le quartier des résistants - Cahit Istikbal, pilote maritime
Les anges gardiens du Bosphore
Séquence 2 : Une société en recomposition
- Pinar et İpek İlkkaracan, militante féministes
Les droits de l’homme au féminin - Yeşim Başaran, militante lesbienne
Un douloureux coming out - Yusuf Ahmet Kulca, militant pour les enfants de la rue
L’espoir dans la rue
Séquence 3 : La mosaïque stambouliote
- Murat Belge, professeur de littérature comparée
Le flâneur d’Istanbul - Bartholoméos 1er, patriarche œcuménique de l’église orthodoxe grecque
Le patriarche vert - Hrant Dink, journaliste
La voix des Arméniens - Naïm Güleryüz, avocat, historien
Les juifs stambouliotes ont 1400 ans
Séquence 4 : Institutions et contre-institutions
- Kadir Topbaş, maire d’Istanbul
De la maison des douceurs à la mairie d’Istanbul - Şakır Eczacibaşı, président de la Fondation culturelle et artistique d’Istanbul
Le géant de la culture - Oğuz Özerden, fondateur de l’université Bilgi d’Istanbul
Le maître non académique - Oran Silier, économiste, historien
Un passé pour l’avenir
Séquence 5 : Gloires établies
- Ara Güler, photographe
L’œil noir de la ville - Atif Yılmaz, cinéaste
Le gentleman du cinéma turc - Burhan Doğançay, peintre, photographe
Le musée d’une légende vivante
Séquence 6 : Pionniers de l’art
- Işil Kasapoğlu, metteur en scène
Le théâtre citoyen - Zeynep Tanbay, danseuse
La grande dame de la danse - Hasan Saltık, fondateur du label Kalan Müzik
La mémoire de la musique turque
Séquence 7 : Movida, nuit, musique
- Ali Akay, sociologue
L’aficionado du monde de la nuit - Cem Yegül, cofondateur du groupe Pozitif
Le carrefour des musiciens du monde - Arkın Allen, alias Mercan Dede, DJ
Le soufi techno