La fausse république. 51 questions sur Atatürk et le kémalisme : ce livre de Sevan Nisanyan (prononcer « Nichanian »), historien, linguiste et – entre autres - rédacteur à l’hebdomadaire arméno-turc Agos, est une remise en cause des dogmes sur lesquels reposent le kémalisme et l’histoire officielle enseignée en Turquie. L’histoire de la république, en particulier, est enseignée comme un catéchisme. C’est Mustafa Kemal lui-même qui en a fixé le récit, dans son célèbre discours-fleuve, le Nutuk, prononcé en (...)
La justice turque vient à nouveau de frapper fort, le 2 février 2012, d’une part, en requérant la prison à vie contre l’ancien chef d’état-major, le général İlker Başbuğ (2008-2010) et, d’autre part, en lançant une enquête contre certaines des activités passées de son prédécesseur, le général Yaşar Büyükanıt (2006-2008). Le premier est en prison, depuis le 5 janvier dernier (cf. notre édition du 7 janvier 2012), accusé d’avoir été l’instigateur d’une campagne de propagande électronique contre le gouvernement. Le (...)
La Turquie semblait enfin sur le chemin de la levée des tabous, des intellectuels éminents semblaient pouvoir enfin s’exprimer librement sur le génocide arménien et la question kurde, voir même sur la légitimité du kémalisme et le rôle des militaires. Le débat semblait même « descendre » dans l’opinion par le truchement d’une partie de la presse. Cette brève embellie paraît, depuis quelques jours, connaitre un coup d’arrêt brutal.
Le parti au pouvoir a-t-il maintenant retourné à son profit un système qui (...)
Dans mon dernier papier, je disais que le roi était nu : l’article 2 de notre constitution dispose que [le régime de la république de Turquie] doit être “lié au nationalisme d’Atatürk”. Ce à quoi j’ajoutais que je n’avais jamais “entendu parler d’un concept plus vide de sens que celui-ci”. Qu’il en soit remercié, un camarade de promotion, chroniqueur pour le journal Milliyet, a consacré à cette question sa colonne du 12 octobre dernier. Sous un titre évocateur “Il a vendu son bouquin”, il se demandait (...)
Des chars qui défilent dans une banlieue islamiste. Un maire sanctionné pour avoir traité de haut les cérémonies d’hommage à Atatürk, un autre humilié par le commandant de garnison, le maire d’Istanbul enfin condamné et incarcéré... Quel contraste avec la situation actuelle ! Nous sommes à l’époque du Refahyol, cette coalition menée par le parti islamiste Refah (RP) et le Dogru Yol Partisi (DYP) entre juin 1996 et juin 1997. La situation est bien différente de celle que connaît la Turquie actuelle : en (...)
L’AKP, quelle épopée ! Recep Tayyip Erdoğan, le Luke Skywalker de Taksim fait sauter l’étoile noire de la mairie d’Istanbul en 1994. Moins de quatre ans plus tard, l’empire kémaliste contre-attaque et envoie Tayyip au tapis, ou du moins en prison. Puis, une fois l’alliance scellée avec Maître Yoda, c’est le retour du Jedi, enfin de l’AKP, qui prend le pouvoir en novembre 2002... La suite, on la connaît ; neuf ans d’exercice du pouvoir ou presque, une émergence multidirectionnelle de la Turquie : (...)
À la fin du XIXe siècle, la naissance du nationalisme turc a coïncidé avec une période de découverte de l’ancien monde turc grâce aux travaux historiques et archéologiques : la turcologie scientifique a nourri le nationalisme. Histoire critique de cette gémellité fondatrice en Turquie, suite...
Partie N°1
Rappelons d’abord la vision officielle de l’Anatolie du manuel de 1929 : « La Turquie est composée de terres où sont établis uniquement des Turcs. » La politique postérieure consiste à le réaffirmer, (...)
“Vivre comme un arbre seul et libre, vivre en frères comme les arbres d’une forêt.”(Nazim Hikmet)
Question kurde, génocide arménien, discriminations sexuelles, laïcité à outrance ou islamisme radical... autant de défis à l’expression des libertés dans une république singulière.
Peut-on tout penser, tout dire, tout faire ? En Turquie comme ailleurs, la législation, l’état de la société et les traditions modulent sinon jugulent les “degrés de liberté”.
Mais tout d’abord, une curiosité : quels sont les mots (...)
Le Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir, a décidé de réviser la Constitution afin de rendre plus difficiles les dissolutions des partis politiques et, partant, de réduire le poids des institutions favorables à l’armée.
Quand le 30 mars dernier, le parti au pouvoir AKP (Parti de la justice et du développement, issu de la mouvance islamique) a déposé au Parlement un projet de révision constitutionnelle, l’opposition kémaliste et nationaliste y a vu un complot visant à porter atteinte (...)
Un article intéressant qui reprend dans le détail le processus de ré-islamisation de la Turquie sur ces 60 dernières années. L’auteur ne semble pas être favorable à l’intégration européenne de la Turquie ni du point de vue européen, ni du point de vue turc, en prétextant que la démocratisation est incompatible avec la sauvegarde de la laïcité en Turquie ! Raison de plus de soutenir une Turquie Européenne pour démontrer que la démocratie n’est pas un moyen mais une fin en soi !
Les sénateurs ont supprimé (...)