La Turquie et la Grèce ont décidé de montrer la volonté politique de faire d’intenses efforts pour résoudre leurs problèmes, et pour créer un nouveau climat de paix dans la région égéenne, a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères Ali Babacan aux journalistes après avoir conclu ses contacts officiels à Athènes, mercredi.
Babacan a déclaré que la prochaine visite du Premier ministre grec Costas Karamanlis, à Ankara, est très importante, en ajoutant que la Turquie et la Grèce sont dans un processus de dialogue et de coopération. La visite devrait avoir lieu en janvier 2008. Et sera la première visite d’un Premier ministre grec en Turquie depuis 48 ans.
Babacan a fait ces commentaires après avoir rencontré Karamanlis. Plus tard, Babacan a eu un entretien avec le président du Parlement grec Dimitris Sioufas et d’une réunion distincte avec le ministre grec de l’Économie et des finances, Yeoryios Alogoskoufis.
Après ses entretiens à Athènes, Babacan s’est rendu à Alexandroupolis, pour s’entretenir avec des Turcs de Thrace occidentale.
Au cours de ses entretiens à Athènes Babacan a aussi demandé aux Grecs d’aider Ankara contre le PKK, organisation terroriste.
Lors de ses entretiens avec le ministre des Affaires étrangères grec Dora Bakoyannis, Babacan a dit à son homologue que, bien que le PKK ait été déclarée organisation terroriste en Europe, certaines de ses ressources proviennent de l’Europe, et a ajoute que ces filières doivent être détruites.
La Turquie, a déclaré Babacan, possède des informations montrant que l’organisation terroriste PKK était active en Grèce, grâce à la couverture fournie par certaines organisations. Il a demandé à Bakoyannis de prendre les mesures nécessaires contre ces dernières et de ne pas permettre aux terroristes du PKK d’agir librement.
Les migrations clandestines et les violations de l’espace aérien turc ont également été évoquées au cours des entretiens. Babacan a souligné que les « combats de chiens » qui ont lieu de temps en temps entre des avions grecs et turcs contrastent la vision commune que partagent les deux pays.
Dans le cadre de la visite de Babacan, le turc Bureau turc des relations économiques extérieures(DEIK) et la Fédération grecque des industriels ont signé un accord, visant à créer un conseil économique turco-grec.
Babacan a noté que but des relations économiques turco-grecques est de créer une zone économique unique, indiquant que les deux pays ont des rôles importants, dans la mesure où la sécurité et la stabilité dans la région sont concernées.
D’autre part, Bakoyannis a déclaré que la Grèce soutient candidature de la Turquie à l’UE, en exprimant sa conviction que ce pays ― une fois l’acquis communautaire adopté ― finira par adhérer à l’UE.
Notant que les sociétés grecques investissent en Turquie, mais qu’il existe un déséquilibre à cet égard, Bakoyannis a appelé les hommes d’affaires turcs à investir en Grèce.
Mardi, la Grèce et la Turquie ont annoncé leur volonté d’élargir la coopération militaire dans le cadre de nouvelles mesures de confiance, convenues après que les relations bilatérales ont été renforcées par un important projet de gazoduc.
Les forces armées des deux pays voisins mèneront des missions conjointes au sein de l’OTAN, des efforts d’assistance en cas de catastrophe, et, à l’étranger, des missions de maintien de la paix, a déclaré Bayokannis. « Nos relations se développent de façon dynamique… Mais cela exige d’y travailler avec ardeur », a dit Bakoyannis.
Deux rivales historiques
Rivales historiques, la Grèce et la Turquie ont été proches de la guerre à trois reprises depuis 1974, à cause de la question chypriote et des frontières contestées en mer Égée. Mais les relations se sont améliorées considérablement pendant la dernière décennie, et, désormais, Athènes appuie résolument les efforts turcs pour rejoindre l’Union européenne. La frontière entre ces deux alliés de l’OTAN est encore fortement militarisée, des deux côtés. La Grèce a déclaré qu’elle nettoierait cet espace des mines antipersonnel d’ici 2010, quatre ans avant échéance d’un traité international sur ces mines.
Les liens entre Turquie et Grèce ont également été renforcée le mois dernier, lorsque les dirigeants des deux pays ont ouvert un projet de gazoduc qui transportera le gaz naturel de l’Asie centrale vers l’Europe occidentale, reliant l’Azerbaïdjan et l’Italie en 2012. « Je crois que ce gazoduc […] constitue une étape importante dans le développement de nos relations financières. Nous lui accordons une grande importance », a déclaré Babacan, qui est aussi un ancien ministre de l’Économie.
Par ailleurs, le chef du Parti socialiste grec (PASOK, opposition), Georges Papandréou, a eu des entretiens avec Babacan, mardi. Ils ont évoqué toutes les questions concernant les relations gréco-turques et celles concernant le parcours européen de la Turquie. Papandréou a réitéré son appui à la Turquie sur cette question, et notamment sur la future adhésion à l’UE, à condition que la Turquie s’acquitte de toutes les conditions fixées par l’UE.
Le chef du PASOK a également mentionné les questions liées au fonctionnement du Patriarcat œcuménique, à celui de la Faculté de théologie de Halki, et aux droits de la minorité grecque en Turquie, comme étant des conditions préalables de base qui doivent être mises en œuvre de la part de la Turquie sur son parcours européen. Pour sa part, Babacan a informé Papandreou du plan de réforme établi nouveau gouvernement turc à ce sujet, ainsi que sur sa volonté de procéder à la mise en place de conditions préalables fixées par l’UE.
Lors de leur rencontre, la situation au Moyen-Orient et dans les Balkans a également été discutée, Papandreou réitérant la ferme position du PASOK sur une solution à la question de Chypre, car « elle constitue un important problème international », tout en appelant à la mise en œuvre de l’union douanière et des protocoles comme une obligation de la Turquie envers l’UE. Babacan a déclaré que les résultats de l’élection présidentielle à Chypre sont attendus, et a indiqué que la Turquie est favorable à une solution à la question chypriote dans le cadre des principes adoptés par l’ONU.