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Qui se cache derrière l’attentat de Taksim ?

vendredi 5 novembre 2010, par Jean Marcou

Attentat de TaksimUn attentat-suicide a eu lieu, le 31 octobre, dans la matinée, aux abords du monument de l’indépendance, sur la place Taksim, à Istanbul. Cet attentat visait manifestement les forces de police anti-émeute (photo), qui stationnent habituellement aux abords de ce monument et qui encadrent les manifestations, presque quotidiennes, qui se déroulent, à proximité, sur Istiklâl Caddesi (l’avenue de l’Indépendance). Seul le kamikaze a péri dans cet attentat, qui a néanmoins fait plus d’une trentaine de blessés (dont 15 policiers qui se trouvaient à proximité).

Le lendemain, le PKK a démenti toute implication dans cette opération, en annonçant parallèlement la prorogation du cessez-le-feu (décrété unilatéralement, le 13 août dernier, avant le référendum de révision constitutionnelle du 12 septembre 2010) qui arrivait à échéance à la fin du mois d’octobre dernier. Dans un communiqué, l’organisation rebelle a déclaré notamment : « Il n’est pas possible pour nous de mener une telle action au moment où notre mouvement a décidé de prolonger une trêve. Nous ne sommes en aucune manière impliqués dans cette attaque. »

Le 2 novembre, le président de la République, Abdullah Gül, s’est réjoui de la prolongation de cette trêve, en espérant que l’abandon des armes puisse « devenir permanent et que tout le monde renonce à cette erreur. » En revanche, le premier ministre, Recep Tayyip Erdoğan a, le même jour, violemment critiqué les pays européens, en leur reprochant leur soutien à des fondations ou des associations qui sont liées au PKK, et en les rendant en partie responsables de l’attentat de Taksim. « En dépit de tous les avertissements, requêtes et de toute la documentation que nous avons présentés, certains pays soutiennent toujours directement ou indirectement la terreur », a déclaré le chef du gouvernement.

Le 2 novembre toujours, un communiqué du gouverneur d’Istanbul a annoncé que le déclencheur de la bombe avait été identifié : il s’agit d’un homme de 24 ans, Vedat Acar, qui aurait rallié le PKK, en 2004. Toutefois, ce communiqué n’attribue pas explicitement la paternité de l’attentat au PKK, et déclare que l’enquête se poursuit à ce sujet.

Cet attentat et ces réactions surviennent alors que le gouvernement semble, depuis l’été, vouloir renouer avec les efforts qu’il avait entrepris, l’année dernière, pour trouver une solution politique au problème kurde. Alors même que les autorités turques continuent à annoncer qu’elles refusent de négocier avec le PKK, le chef de l’organisation rebelle, Abdullah Öcalan, emprisonné sur l’île d’Imralı, a fait l’objet, ces dernières semaines, de visites répétées, tant des services secrets turcs que de représentants de forces politiques kurdes légales. Le 25 octobre 2010, l’avocate Aysel Tuğluk, ex-députée du DTP, l’avait notamment rencontré, afin de le convaincre de proroger la trêve (cf. notre édition du 29 octobre 2010). Il semble ainsi que le chef du mouvement rebelle soit de fait associé aux négociations qui tendent à relancer un règlement politique de la question kurde. D’après le quotidien « Milliyet », c’est d’ailleurs un récent courrier de sa part aux chefs militaires du PKK, réfugiés dans les montagnes de Kandil, en Irak du nord, qui aurait permis à la prorogation de la trêve d’aboutir.

Dans un tel contexte, l’attentat-suicide du 31 octobre est particulièrement surprenant : est-il le résultat d’une provocation ou celui d’une initiative prise par une frange dissidente du PKK… affaire à suivre…

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Sources

Article publié sur le blog de l’OViPoT le 3 novembre 2010 sous le titre : Qui se cache derrière l’attentat de Taksim ?

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