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Les Turcs s’inquiètent pour leur adhésion

mardi 15 mai 2007, par Yves Bourdillon

Source : Les Echos, le 11-04-2007

Inquiétude et perplexité. Tels sont les sentiments qu’a pu inspirer la campagne électorale française aux nombreux Turcs qui s’y sont intéressés. En effet, une majorité d’entre eux soutient la candidature de leur pays à l’Union européenne alors qu’aucun candidat français de premier plan, sauf Ségolène Royal avec de sérieux bémols, n’y est favorable.

Même si les Turcs se félicitent de ne plus faire figure d’épouvantail dans la campagne, comme il y a deux ans avant le référendum sur la Constitution, ils considèrent que le « partenariat privilégié » proposé par Nicolas Sarkozy et François Bayrou est un lot de consolation condescendant, qui n’ajouterait rien à l’Union douanière en vigueur depuis onze ans.

Cengiz Aktar, directeur du Centre pour l’union européenne, estime toutefois que le candidat de l’UMP pourrait assouplir sa position, en raison de sa proximité avec les Etats-Unis, qui ont toujours plaidé en faveur de l’adhésion turque. Ségolène Royal passe pour un moindre mal, mais les journaux turcs doutent ouvertement de ses compétences diplomatiques et estiment qu’elle a éludé la question de l’adhésion d’Ankara avec une certaine légèreté quand elle s’est bornée à déclarer que le moment venu sa position serait « celle du peuple français ». Qui se trouve être majoritairement opposé à cette adhésion, d’après les sondages. Le quotidien à grand tirage « Hürriyet » rappelle aussi que Ségolène Royal exige que la Turquie reconnaisse le génocide arménien. Ce que les Turcs jugent inacceptable.

Chauvinisme

La presse s’étonne aussi de l’irruption dans la campagne d’un chauvinisme contre lequel elle croyait la France immunisée. « Si nous avions encore des illusions sur la sophistication de la vie politique française, elles sont en train de voler en éclats », note le commentateur politique Ilter Turan à l’évocation du ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale proposé par Nicolas Sarkozy ou de l’appel de Ségolène Royal à arborer le drapeau tricolore aux fenêtres le 14 Juillet. Cengiz Aktar juge le programme de la candidate socialiste « populiste et ambigu » et que Nicolas Sarkozy « flirte avec les idées racistes », tandis que le « Turkish Daily News », constate, sarcastique, que « la Turquie n’a pas le monopole de la montée du nationalisme ».

Et vue du Bosphore, la campagne présidentielle s’avère étonnamment indifférente à la question européenne ou à celle de la place de la France dans le monde, au-delà d’une phobie de la mondialisation.

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