Il n’est peut-être pas le seul, mais ils ne sont sûrement pas légion. Cafebabel.com est un magazine en ligne, dont la première particularité est d’être disponible simultanément et intégralement en sept langues. Pas une de moins.
Au cafebabel.com, on parle français, anglais, allemand, espagnol, italien, polonais et même catalan.
Sur la page d’accueil, un petit clic suffit sur un drapeau pour accéder à la totalité du contenu dans le verbe de son choix. Polyglotte par nature et de naissance. Cafebabel.com se définit comme « le magazine de l’Europe » et il est né en effet sous le signe de l’Union européenne.
« Mais attention, prévient d’emblée Adriano Farano, le directeur de la rédaction, pas l’Europe institutionnelle, pas l’Europe des directives et des ordonnances. Pour nous, l’Europe, c’est avant tout une histoire humaine. Avec cafebabel.com, notre ambition est de donner à lire les phénomènes de société et la politique avec un oeil européen ».
Le sommaire témoigne de cette volonté. En ce moment, la page d’accueil propose ainsi un entretien avec Oliviero Toscani, le photographe provocateur des campagnes de publicité pour la marque Benetton ; une enquête sur la justice en Turquie, jugée « expéditive » ; une rencontre avec le musicien Yann Tiersen ; des dossiers, dont celui consacré au journalisme citoyen.
Excepté quelques articles et sujets localisés, le tout est donc disponible dans les sept langues.
Le projet a vu le jour il y a six ans. Grâce à Erasmus, programme d’échanges pour les étudiants européens, Adriano Farano et Nicola Dell’Arciprete, deux jeunes Italiens, se trouvent alors à Strasbourg, à l’Institut d’études politiques. Ils ont 21 ans et évoquent l’idée de lancer un média paneuropéen, qui prendrait racine sur « le terreau fertile d’Erasmus ».
Depuis le lancement du programme Erasmus, il y a tout juste vingt ans, ils sont en effet presque un million et demi de jeunes à avoir fait in vivo l’expérience de l’Europe. « Une nouvelle génération d’Européens, qui ne regarde pas la politique uniquement sous l’angle de leur nationalité », explique Adriano Farano.
Au départ, le magazine est publié en quatre langues, le français, l’anglais, l’italien et l’espagnol, et tout repose sur le fantastique réseau que représente Erasmus et sa « diaspora ».
A la fin de la première année, ils sont déjà une cinquantaine de rédacteurs bénévoles, représentant douze nationalités, à participer à la publication en ligne européenne.
Au fil des ans, la structure s’est étoffée et professionnalisée. Aujourd’hui, grâce à des financements publics et privés - dont l’Union européenne, bien sûr, mais aussi la région Ile-de-France et la Mairie de Paris entre autres -, elle est composée d’une rédaction professionnelle d’une dizaine de journalistes et traducteurs de huit nationalités, qui gère, depuis Paris, la production d’un millier de contributeurs bénévoles à travers l’Europe.
« Nous avons inventé une forme de journalisme participatif transnational et de qualité », se plaît à dire le directeur de la rédaction. Le site veut s’adresser à tous « les curieux de l’Europe », et il ne lui déplairait certes pas de participer à la construction d’une « opinion publique européenne ». « Mais nous ne sommes pas les »béni-oui-oui« de l’Europe », précise encore Adriano Farano.
Prochaine étape : l’ouverture, début mai, d’une plate-forme de blogs. Babelblog sera le premier blog multilingue.