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Les propos de Paris sur Chypre n’effraient pas Ankara

jeudi 11 août 2005

L’Express - 11/08/2005

Les récentes déclarations de la France sur la nécessité de la reconnaissance de Chypre par Ankara pour l’ouverture des pourparlers avec l’Union européenne sont uniquement motivées par des questions de politique intérieure, estime le ministre turc de l’Economie, Ali Babacan.

« Pour nous, les dernières déclarations françaises relèvent uniquement de la politique intérieure », a déclaré Babacan, qui dirigera la délégation turque lors des négociations d’adhésion, interviewé sur la chaîne de télévision NTV.

L’opinion publique française est considérée comme généralement défavorable à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne.

La semaine dernière, le Premier ministre français Dominique de Villepin avait déclaré : « Il ne me paraît pas concevable qu’un processus quelconque de négociation puisse s’ouvrir avec un pays qui ne reconnaîtrait pas chacun des membres de l’Union européeenne. » Villepin avait alors évoqué l’éventualité d’un report de la date d’ouverture des négociations avec la Turquie, fixée au 3 octobre.

La Grande-Bretagne, qui assure la présidence de l’Union, et la Commission européenne estiment de leur côté que la Turquie a rempli toutes les conditions fixées au lancement du processus de négociations.

« La confusion règne. Nous attendons toujours une explication (de la France) », disait cette semaine un diplomate turc, précisant que le chef de la diplomatie turque, Abdullah Gül, pourrait effectuer ce mois-ci une tournée dans les capitales européennes.

En pleine période de vacances du gouvernement français, Ankara devra au moins attendre la réunion à Bruxelles sur la Turquie le 24 août, pour obtenir des clarifications, voire la réunion les 1er et 2 septembre au Pays de Galles des ministres européens des Affaires étrangères.

« PAS D’OBSTACLE LEGAL OU TECHNIQUE »

Ankara refuse de reconnaître le gouvernement chypriote grec, reconnu sur le plan international et seul représentant de Chypre au sein de l’UE depuis mai 2004. La Turquie reconnaît seulement le gouvernement chypriote turc, qui dirige une enclave dans le nord de l’île. Chypre est divisée en deux depuis son invasion par la Turquie en 1974, après un coup d’Etat militaire chypriote grec.

Babacan a réaffirmé la position d’Ankara selon laquelle une reconnaissance du gouvernement grec de l’île ne pourra intervenir qu’après la conclusion d’un accord de paix.

« Alors que la Turquie a fait tout ce qu’elle pouvait pour un arrangement pacifique sur Chypre, il est injuste de continuer à exercer des pressions sur la Turquie », a-t-il déclaré.

L’année dernière, les Chypriotes turcs ont approuvé par référendum un accord de paix appuyé par l’Onu, mais le texte a été rejeté par les Chypriotes grecs, qui représentent 4/5 de la population de l’île, quelques jours avant l’adhésion de « la République de Chypre » à l’UE.

« Il n’y a pas d’obstacle légal ou technique s’opposant à l’ouverture des pourparlers d’adhésion le 3 octobre », a insisté Babacan.

Mercredi, le ministre chypriote des Affaires étrangères a jugé provocante l’attitude de la Turquie.

« Je crois que nombreux sont ceux dans l’Union européenne qui pensent qu’il s’agit de déclarations provocantes qui touchent le cœur de l’ordre légal interne à l’UE », a dit George Iacovou. « L’UE ne manquera pas de réagir. »

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