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Le rapport Eurlings sur les progrès de la Turquie sur la voie de l’adhésion

dimanche 1er octobre 2006, par Reynald Beaufort

Turquie Européenne - 01/10/2006
Euractiv.com - 26/09/2006

Constatant que l’on entend et lit un grand nombre d’approximations au sujet de ce rapport, Turquie Européenne le met à disposition de ses lecteurs. Il est déplorable que chacun, en fonction de ses intérets propres, en extraie les informations qui l’arrangent, or il convient d’en faire une lecture globale pour mettre en balance les points positifs et négatifs.

Ce rapport est idéniablement teinté de lobbying arménien et tente d’ajouter de nouvelles conditions à l’adhésion. Il contient des informations erronées notamment l’assimilation qui est faite entre les manifestations du mois de mars de Berlin et de Lyon qualifiées en bloc de « négationnistes ».
( Voir : Mémorial de Lyon : pourquoi refuser d’entendre la voix des associations turques ? )

Autre article étayant notre affirmation : celui qui affirme que le blocus de l’Arménie est « injustifiable ». Selon M. Eurlings, l’occupation illégale d’une partie du territoire Azerbaïdjanais est-elle plus « justifiable » ?

Il est heureux que l’introduction de la clause suspensive de la reconnaissance du génocide arménien n’ait pas été retenue. Nous avons dit ailleurs que la mémoire ne se recouvre pas sous la contrainte et nécessite du temps. C’est aussi l’avis d’intellectuels éminents de Turquie (dont certains sont arméniens) qui trouvent ces pressions totalement contre-productives.
( Voir : Lois mémorielles : l’appel des démocrates turcs )

Turquie Europenne s’inquiète qu’un rapporteur, à ce niveau, tout comme la presse dont il s’est manifestement inspiré, ne prenne pas la peine de recouper et de vérifier des informations d’une telle gravité et si lourdes de conséquenses dans la perception qu’ont les Européens des Turcs.

Espérons que le reste du rapport soit le fruit d’un réel travail « de terrain » et non pas basé uniquement sur la lecture de la presse européenne qui n’est pas toujours d’une grande rigueur.

Le problème chypriote est abordé dans son seul aspect des reproches à faire aux Turcs. Rien sur le comportement de la partie grecque, rien sur l’embargo dont souffre aussi le nord de l’île, pas plus de mea culpa sur l’erreur qui a consisté à faire entrer l’île dans l’UE sans résoudre d’abord le conflit.

Si le texte mentionne les ralentissement des réformes, il ne tente pas d’y trouver une explication. Aucune mention de la situation préelectorale de la Turquie peu propice aux changements audacieux, comme si ce genre de situation était inconnu dans les autres pays d’Europe.

Le document réaffirme hypocritement l’intérêt que l’UE et la Turquie ont à cette adhésion tout en faisant monter « les enchères ». Cela n’est pas sans rappeler le « oui-mais » du Parti Socialiste français où le « mais » prend une dimension démesurée par rapport au « oui ».

Ces critiques ne sont pas exhaustives, Turquie Européeene va continuer l’analyse du texte et espère vous en livrer rapidement le résultat.

Seules les positions des Verts (Joost Lagendijk dans l’article ci-dessous) et du député européen libéral Andrew Duff semblent guidées par le bon sens et véritablement constructives.

Reynald Beaufort pour Turquie Européenne

Rapport du Parlement : un test pour les relations UE-Turquie

Le Parlement a adopté un rapport très critique à l’égard des réformes en Turquie en vue de son adhésion. Cependant, une clause controversée sur la reconnaissance du génocide arménien a été supprimée.

Les négociations d’adhésion avec la Turquie ont été lancées officiellement en octobre 2005. Au cours de ce processus, l’avis du Parlement européen sur les progrès de la Turquie en vue de son adhésion est déterminante. Même si jusqu’à présent, le Parlement n’a pas utilisé son droit de veto, il doit donner son accord pour toute nouvelle adhésion.

Le rapport a obtenu le soutien de la majorité des députés européens (429), 71 votant contre et 125 s’abstenant. Une clause controversée, faisant de la reconnaissance du génocide arménien une « condition préalable » à l’adhésion de la Turquie à l’UE, a été amendée.

Selon le rapporteur Camiel Eurlings des Chrétiens-Démocrates (PPE-DE), le rapport est « sévère mais juste ». Il souligne les principaux obstacles sur la voie de l’adhésion turque, à savoir les réformes dans les domaines de la liberté de religion et de la liberté d’expression, et notamment le célèbre article 301, sur lequel reposaient les procès sur « l’identité turque » d’écrivains et de journalistes. Un autre point préoccupant est l’ouverture des ports et aéroports turcs aux navires et avions en provenance de Chypre.

Positions :

La présidence finlandaise a noté que de nombreux progrès avaient été réalisés mais a insisté sur la nécessité de plus de « résultats tangibles ». Selon la ministre des affaires européennes, Paula Lehtomäki, la Turquie doit accélérer le rythme des réformes politiques et poursuivre intensément le processus de réforme. Elle doit absolument mettre en œuvre ses réformes de façon complète et efficace pour garantir le caractère irréversible et durable des changements.

Le commissaire à l’élargissement, Olli Rehn, a également regretté le « manque de progrès des réformes. » Il a souligné que les négociations étaient un « processus ouvert » sans garanties automatiques. « L’intégration de la Turquie serait bénéfique des deux parts, » a-t-il déclaré, ajoutant : « l’UE a besoin d’une Turquie prospère et stable. »

Le rapporteur Camiel Eurlings (PPE-DE) a souligné avant tout que le PE regrettait la « lenteur des réformes » en Turquie, mais a salué le 9e paquet de réformes du gouvernement turque.

Le député européen chrétien-démocrate Elmar Brok (PPE-DE) a mis l’accent sur les problèmes relatifs aux droits de l’homme, à la protection des minorités et à la liberté de religion et d’expression. Il a précisé qu’il s’agissait de « conditions préalables » à l’adhésion de la Turquie, qui n’a même pas encore mis en œuvre le protocole d’Ankara. Il a également souligné l’importance de traiter des aspects financiers des négociations en raison de l’absence de « liberté financière » de l’UE dans le cadre des perspectives financières.

Le député européen libéral Andrew Duff (ALDE) a rappelé que le rôle du PE était « de soutenir la démocratie parlementaire en Turquie, » ce qui signifie encourager la modernisation du pays en ne mettant pas de « faux obstacles » à son processus d’adhésion. S’il y avait un « accident de parcours » avec Chypre, il resterait deux points : un concernant « les efforts de la Turquie pour créer une réforme viable de l’Islam européen », l’autre concernant les efforts de l’Europe pour définir une politique étrangère et de défense commune solide, à laquelle la Turquie pourrait « contribuer grandement ».

Joost Lagendijk, député européen vert, a estimé que faire de la reconnaissance du génocide arménien par la Turquie une condition préalable à son adhésion, et ce à la suite de pressions de groupes de lobbying, posait problème. Il a souligné que le Parlement devait « soutenir les citoyens turcs qui se battent pour les mêmes choses que nous. »

Le mouvement turc ARI a prévenu qu’en raison de cette condition, la Turquie pourrait se montrer moins enthousiaste et revoir ses ambitions à la baisse concernant son processus de réformes.
Développements récents et prochaines étapes :

Le rapport de suivi de la Commission sur la Turquie a été reporté et devrait être publié le 8 novembre 2006.

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Rapport sur les progrès de la Turquie sur la voie de l’adhésion
Auteur : Camiel Eurlings - 13/09/2006

Liens :

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