Jeudi 9 novembre s’est tenue à Paris, à l’initiative de l’Assemblée Européenne des Citoyens - Helsinki Citizens Assembly (AEC - HCA France) et du Rassemblement des Associations Citoyennes des Originaires de Turquie (RACORT) une rencontre turco-arménienne sur le thème « Ils le font, pourquoi pas nous ? ».
De quoi s’agissait-il ? Bernard Dreano président de AEC - HCA France a décrit sa propre expérience et a ouvert le débat en parlant d’un séminaire intitulé Yavas Gamats organisé à Antakya en Turquie en août 2005 qui a réuni des étudiants volontaires Turcs de Turquie et Arméniens d’Arménie.
Le défi consiste à établir progressivement un dialogue entre les diasporas turques et arménienne comme il a été établi un dialogue entre jeunes turcs de Turquie et jeunes arméniens d’Arménie. Avant de pouvoir envisager une réconciliation, il faut d’abord se parler et essayer de se comprendre.
Certains jeunes arméniens et turcs ayant participé à Yavas Gamats nous ont raconté leur expérience, comment malgré une certaine réticence et méfiance, ils ont pu construire de véritables amitiés en surmontant leurs préjugés.
Ümit Metin, coordinateur et une jeune femme du réseau RACORT sont également intervenus pour expliquer pourquoi leur organisation s’est associée à ces rencontres.
Reynald Beaufort, Président et Arife Çolakoğlu, vice- présidente de Turquie Européenne faisaient aussi partie des invités.
Etaient aussi présents Jean-Claude Kebabjjan, directeur du Centre de Recherche sur la Diaspora Arménienne, Denis Donikian, Rédacteur en chef de Yevrobatsi et un cinéaste arménien.
Arthur Sakunts de HCA Vanadzor (Arménie) nous a également parlé d’initiatives à haute portée symbolique qui ont permis à des Azéris et des Arméniens de participer à des activités comme la remise en état réciproque de cimetières détruits pendant la guerre.
Une journaliste turque qui accepte d’utiliser le terme de génocide pour les massacres et les déportations de 1915, dit que l’erreur de la diaspora vis à vis de la Turquie est d’utiliser des moyens coercitifs plutôt que d’utiliser la pédagogie et le débat. Elle déclare : « Reconnaître le Génocide pourquoi pas, mais ensuite qu’est-ce qu’on fait ? » Elle veut dire par là que les objectifs des Arméniens ne sont pas clairs : simple reconnaissance, compensations financières, restitutions de territoires, jusqu’où veulent-ils aller ?
Les Français d’origine arménienne ont insisté sur le fait que les jeunes Français d’origine turque doivent s’informer et ne pas se contenter de l’histoire officielle qu’ont apprise et leur transmettent leurs parents.
Il a été aussi question des manipulations politiques dont font l’objet les Arméniens et du manque de sincérité des élus qui ne considèrent, dans cette affaire, que l’impact en terme de voix des concessions qu’ils font aux arméniens. L’instrumentalisation du génocide arménien par certains pays afin de freiner l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne a été dénoncée par tous.
Les discussions ont duré près de trois heures dans un climat d’écoute réciproque et de respect mutuel.
D’autres échanges qu’on espère fructueux ont eu lieu en marge de la rencontre entre les différentes personnalités et organisations. Mais les discussions ne doivent pas s’arrêter là, et tout semble possible si, de chaque côté, on accepte de se démarquer des dogmes officiels et des positions nationalistes extrémistes. Qui sait ? Peut être avons nous vécu un moment d’histoire ce jeudi soir ?
Nous devons y croire et poursuivre cet effort, Turquie Européenne soutiendra et participera à toute initiative dans ce sens.
De nouvelles réunions à venir
A l’issue de cette rencontre, la première à se dérouler sereinement en France, après le sabotage de celle de Lyon par les élus PS le 8 septembre 2006 (Voir) on ne peut pas dire que l’une ou l’autre des parties en présence ait convaincu l’autre, ça n’était pas l’objectif, mais elles se sont parlé, elles ont montré qu’il est possible de dialoguer.
Le solution semble bien l’aide désintéressée d’organisations médiatrices qui ne prennent pas parti pour les uns ou les autres, mais dont la présence permet de modérer les positions. C’est le rôle qu’a tenu dans ces expériences l’AEC dont devraient s’inspirer les institutions, partis et organisations non gouvernementales françaises. L’objectif à atteindre n’étant pas une victoire ou une revanche des uns sur les autres, mais une réconciliation sur les bases du respect de la mémoire de chacun des peuples et la résolution de leurs conflits par des moyens pacifiques.
Une autre réunion du même type est prévue à Strasbourg ce 12 novembre 2006.
Ce compte rendu n’est évidemment pas exhaustif, certaines personnes n’ont pas été citées, des échanges manquent veuillez nous en excuser. Si certains participants désirent que l’on corrige un oubli qui leur semble important ils peuvent nous ne faire part en nous envoyant un courriel au moyen du formulaire de contact du site.
Pour aller plus loin :
Yavasgamats
Assemblée Européenne des Citoyens
L’article de Yevrobatsi