Ali Babacan, ministre des Affaires étrangères turc et responsable des négociations avec l’Union européenne, a réaffirmé jeudi la détermination de la Turquie à entrer dans l’UE, au lendemain de la réunion tenue par la commission parlementaire euro-turque, où il a promis que la Turquie satisferait aux acquis communautaires et accomplirait les réformes requises.
Babacan a participé au quatrième Forum italo-turc, en compagnie de Massimo d’Alema, vice-président du Conseil italien, et ministre des Affaires étrangères.
À cette occasion, Babacan a déclaré : « L’UE va devenir une véritable puissance mondiale, après qu’elle aura admis la Turquie en son sein. La Turquie a toujours fait partie de l’histoire, de la politique, et de la géographie culturelle européenne. En conséquence, les détracteurs de l’adhésion turque ne pourront pas aller contre les dynamiques naturelles de la géographie. »
« Je crois qu’une Europe qui porte l’éclat de la Renaissance et des Lumières doit s’ouvrir à la lumière et aux couleurs d’autres cultures », a-t-il noté. « L’appartenance de la Turquie à l’UE retiendra l’attention dans le monde entier. »
Babacan a affirmé que le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE avait atteint un point de non retour. « La Turquie est consciente du fait que le processus d’adhésion à l’UE est long, et comporte beaucoup de difficultés. Pourtant, nous sommes conscients que l’Europe ne parviendra pas à son point d’équilibre sans l’adhésion de la Turquie, et nous sommes convaincus que le processus s’achèvera avec succès », a-t-il expliqué.
« Il pourrait y avoir certains obstacles après l’ouverture des négociations [en 2005]. Nous attendons de nos amis qu’ils aident la Turquie à relever ces défis, et l’Italie a fourni un appui constant à notre pays dans son processus d’adhésion à l’UE. » « Nous sommes convaincus que l’Italie est favorable à la Turquie, et qu’elle continuera de l’être à l’avenir. L’appui de l’Italie lui a gagné le cœur de millions de Turcs. »
En ce qui concerne les relations entre l’Italie et la Turquie, Babacan a déclaré : « Les relations bilatérales reposent sur des bases solides. La Turquie et l’Italie sont deux pays alliés. Ces deux nations partagent les mêmes valeurs humanistes et démocratiques. »
« Avoir des relations politiques cordiales permet également de renforcer les relations culturelles et commerciales. Le nombre d’entreprises italiennes investissant en Turquie s’élève désormais à plus de 450. » Babacan s’est félicité du soutien italien au projet russe de gazoduc, transportant le gaz produit en mer Noire vers la Turquie ; d’autre part, le gaz de la Caspienne sera transporté vers l’Europe via l’interconnexion Turquie-Grèce-Italie.
Le Forum italo-turc permettra de renforcer les relations entre les deux pays, a ajouté Babacan.
Pour sa part, d’Alema a déclaré : « La Turquie fait face à des attaques terroristes qui ne peuvent être acceptées en aucun cas. Face aux attaques terroristes contre la Turquie, il convient de répondre avec un soucie de la stabilité, et de la maîtrise de soi. La Turquie se bat contre les terroristes comme un véritable pays démocratique. »
Nous avons décidé de tenir tous les ans une réunion entre nos deux gouvernements. L’Italie n’a de relations si particulières qu’avec peu de pays dans le monde », a expliqué d’Alema. « Nous avons des intérêts stratégiques communs. Cette déclaration n’est pas simplement rhétorique. Nous avons en commun des intérêts économiques, sociaux, politiques et culturels. »
D’Alema a salué le rôle joué par la Turquie au Proche-Orient. « Nous ne devons pas oublier que la Turquie a de bonnes relations avec tous les pays du Moyen-Orient. Or, l’Italie a pour but d’établir de bonnes relations entre Israël et la Palestine », a-t-il expliqué. « La Turquie est un pays important, non seulement pour le Moyen-Orient, mais dans le monde entier. La Turquie est devenue un pays souvent consulté, et avec lequel beaucoup cherchent à travailler de concert. »
« La Turquie mène des actions importantes, mesurées et responsables, dans des régions stratégiques. Quand elle deviendra membre de l’Union, les actes de la Turquie contribueront à l’harmonie en son sein » a déclaré d’Alema. « Il est nécessaire pour l’UE de s’étendre en incluant la Turquie. L’UE en tirerait bénéfice, en matière de sécurité et de stabilité régionale. Les Italiens sont favorables à l’adhésion de la Turquie. »
« Une Europe ouverte d’esprit doit absolument laisser entrer la Turquie dans l’Union. Nous avons des objectifs communs, et nous marchons ensemble sur la voie de la prospérité. Nous faisons partie de la même civilisation. »
À propos de l’article 301 du Code pénal turc, qui suscite des controverses, d’Alema a déclaré : « c’est un article symbolique qui, nous l’espérons, sera modifié. »
Babacan et d’Alema ont signé une déclaration commune, sur l’ouverture d’une université italienne à Istanbul.
Après la clôture du forum, Babacan et d’Alema ont tenu une conférence de presse commune. Babacan a répondu aux reporteurs que les parlementaires, hommes d’affaires, universitaires, journalistes, et représentants d’ONG, turcs et italiens, ont été conviés au forum. Il a ajouté que les participants ont échangé, à cette occasion, des vues sur des sujets politiques, culturels et économiques.
Ils ont discuté des questions régionales et internationales, a déclaré Babacan, et ils qu’ils partagent le même point de vue sur le développement de la coopération globale entre la Turquie et l’Italie dans les domaines de l’économie, le commerce, la culture, le tourisme et la défense, a-t-il ajouté. Babacan a également déclaré que les positions de la Turquie et de l’Italie à l’égard des problèmes qui se posent dans les pays du Moyen-Orient ainsi que de l’Iraq, du Liban, de israélo-palestinien problèmes sont les mêmes.
D’Alema a déclaré que l’Italie veut que l’UE pratique la politique de la « porte ouverte ». Il a ajouté qu’il souhaite voir le processus d’adhésion turque s’accélérer, à la lumière du rapport sur les progrès accomplis.
Il a indiqué que le commerce entre la Turquie et l’Italie représente plus de quinze milliards de dollars, et s’accroît rapidement, ce qui prouve la force des relations entre les deux pays.
D’Alema a dit qu’il assisterait, avec Babacan, à la conférence d’Annapolis, qui se tiendra à la fin du mois de novembre.
Ensuite, d’Alema et Babacan ont eu un entretien en tête à tête, à l’hôtel Conrad, où la presse n’a pas été conviée, et qui a duré plus d’une heure.