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Après celle des Tulipes, l’ère de la Rose

lundi 3 septembre 2007, par Marie-Antide

La Grande Assemblée nationale vient d’élire le 11e président de la République de Turquie. Il s’agit, sans surprise, du député de Kayseri, Abdullah Gul, membre fondateur de l’AKP, parti majoritaire à l’assemblée.

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Il a été élu avec 339 voix soit toutes les voix des députés AKP (340 voix). Les députés du MHP (extrême droite) ont voté pour leur candidat Sabahattin Cakmakoglu, les députés du DTP (pro-kurde) étaient présents mais se sont abstenus, les députés du CHP (centre gauche) ont pratiqué la politique de la chaise vide sans toutefois mettre en péril le seuil des 367 députés présents requis pour la validité de l’élection.

Abdullah Gul a prêté serment quelques heures après son élection. N’assistait pas à la cérémonie son épouse et Mme Sezer. Avaient boycotté la cérémonie les représentants du CHP et de l’armée.

Dans l’actuelle Constitution, les compétences associées à la fonction présidentielle sont limitées à la nomination des hauts fonctionnaires (administration, enseignement, magistratures) et à un droit de véto aux lois proposées par l’Assemblée.

L’élection d’Abdullah Gul, dans la continuité de la nouvelle majorité de l’AKP à l’Assemblée, inaugure une nouvelle ère en Turquie, marquée par une inquiétude diffuse sur la réelle intention de l’AKP et d’Abdullah Gul de respecter les fondations laïques de la République turque.

Certes, les résultats de l’AKP à l’issu du son premier quinquennat sont tangibles : stabilité financière retrouvée, croissance économique confirmée, ouverture européenne affichée. Mais qu’un homme aussi marqué religieusement occupe la fonction présidentielle, que l’AKP, dont les membres fondateurs ont fait leur classe, dans les années 80 et 90, dans des partis musulmans conservateurs comme le parti de la Prospérité puis le parti de la Vertu, avant de s’en séparer devant l’impasse politique où ces partis les menaient, prennent en main le destin du pays, laissent toutefois planer une réelle suspicion sur leurs intentions profondes au sein d’une majorité de l’électorat turc.

Toutefois, le succès de l’AKP aux élections législatives (47%) n’aurait pas été si important si ce parti n’avait pas su faire preuve de pragmatisme dans la conquête d’un électorat beaucoup plus large que son noyau initial. Ces 47% sont donc fondés sur un consensus social et c’est ce consensus qui a élu Abdullah Gul aujourd’hui. C’est aussi ce consensus qu’il devra préserver. Abdullah Gul s’est donc employé, la semaine dernière, à rassurer l’électorat sur son respect de la laïcité et sur son intention d’être Président de tous les Turcs.

Le général Buyukanit est intervenu Lundi dénonçant des efforts quotidiens pour saper les structures laïques de l’Etat.

Les faits et gestes du nouveau Président vont donc être observés et analysés avec une grande vigilance par tous et évidemment par la presse. En attendant, les caricaturistes et les éditorialistes ne vont pas manquer de broder avec l’humour dont ils savent faire preuve en toute circonstance sur le patronyme du nouveau président : « gul » signifie en effet « la rose » en turc.
« La saison de la Rose » titrait ce matin le quotidien Yeni Safak. Gul, une rose aux longues épines ?

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