Lorsqu’il s’agit de servir l’intérêt général de la Bêtise, l’union nationale s’effectue aisément en France. Et une Grande Coalition de l’hypocrisie est prompte à aller au charbon. A quelques voix courageuses près, l’Assemblée nationale a donc adopté, le 22 décembre, une proposition de loi d’origine UMP, mais surfant sur un texte précédent d’initiative socialiste, qui réprime la négation des génocides reconnus par la France, dans le vertueux souci d’harmoniser son droit avec le droit européen. Les députés ne (...)
Nicolas Sarkozy a bâti sa politique méditerranéenne avec l’énergie et l’improvisation qui ont caractérisé l’ensemble de sa diplomatie. Et, là comme ailleurs, ce volontarisme brouillon se solde par un fiasco. La pierre angulaire de son action en la matière a été son refus de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Son choix aurait pu être le sujet d’un vrai débat politique, pesant le pour et le contre d’une telle option. Mais il s’est énoncé sur le mode d’une fausse évidence – la Turquie ne fait pas (...)
Par JEAN-FRANÇOIS BAYART directeur de recherche au CNRS (Science Po-Ceri)
Lorsque Nicolas Sarkozy refuse l’adhésion de la Turquie au nom des « frontières naturelles » de l’Europe, chacun comprend qu’il parle de ses « frontières culturelles ». Et la culture de la Turquie est l’islam : il serait incompatible avec l’Europe, et même avec la République.
La Turquie vit pourtant en République depuis 1924. L’islam s’y est démocratisé. Il s’est approprié l’idée de nation, les institutions républicaines, le code (...)
L’Express du 29/11/2004
Du haut de leur gros bon sens, les contempteurs de la candidature turque à l’Union européenne, Valéry Giscard d’Estaing en tête, invoquent la géographie pour étayer leur refus. Ce faisant, ils en disent long sur la conception qu’ils se font du monde dans lequel ils vivent encore - et dans lequel ils risquent de nous faire retomber.
Mettre en doute l’appartenance géographique de la Turquie à l’Europe, c’est partir d’une évidence. Seule une petite partie du territoire turc est (...)
Le Monde - 07/10/2004
Jean-François Bayart est directeur de recherche au CNRS, ancien directeur du CERI
En demandant la tenue d’un référendum au sujet de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, M. Sarkozy s’est abrité derrière l’argument imparable de la souveraineté du suffrage universel. Plus démocrate que lui, l’on meurt assurément. Quelle maestria dès qu’il s’agit de tirer le tapis (anatolien, en l’occurrence) sous les pieds de M. Chirac et de court-circuiter M. Bayrou ou M. de Villiers ! Et quel (...)
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