Étudiants, journalistes, militants arrêtés... L’espoir d’une adhésion à l’Europe avait favorisé des avancées démocratiques. Mais, au nom de la lutte contre le terrorisme, le gouvernement d’Ankara renoue avec les pratiques des années noires
Nesimi Yigit Eryilmaz peut sans doute dire merci à « Time Magazine » qui, en décembre, a sacré le « manifestant » personnalité de l’année 2011. Deux jours après la publication de l’hebdomadaire américain, cet étudiant turc s’apprête à apostropher le ministre de l’Énergie, (...)
L’arrestation de l’ancien chef d’état-major Ilker Basbug le confirme : l’armée turque, garante de l’orthodoxie kémaliste, est affaiblie. Et désormais contrainte de composer avec le gouvernement AKP.
Neuf ans après son accession au gouvernement, le Parti de la justice et du développement (AKP) savoure sa revanche. Il est parvenu à affaiblir l’armée au point de la contraindre à partager le pouvoir. Mais le mouvement de Recep Tayyip Erdogan a le triomphe discret : l’ennemi a de beaux restes, et il s’agit (...)
Le mouvement est inhabituel. Lors de la traditionnelle réunion hebdomadaire de son groupe parlementaire, mardi dernier, Recep Tayyip Erdoğan a pris la défense du chef d’Etat major, Necdet Özel, qui s’est estimé insulté par le co-leader du parti kurde BDP, Selahattin Demirtaş.
Le début de l’affaire remonte à la semaine dernière, et notamment à une interview du général Özel, parue dans le quotidien Milliyet du 5 janvier. Interrogé sur le récent drame d’Uludere, le nouveau commandant en chef de l’armée turque (...)
Halil Savda a 37 ans. Cet homme, originaire de Sirnak, un fief kurde à l’Est de Diyarbakir, a été arrêté mardi soir, à l’aéroport d’Istanbul, alors qu’il s’apprêtait à embarquer pour Paris. Halil Savda est Kurde, objecteur de conscience et militant antimilitariste. Malgré cela, il ne s’attendait pas à être arrêté. « J’étais surpris. Le système informatique indiquait un mandat d’arrêt contre moi », témoigne-t-il. Vérification faite, il s’agissait d’une déposition manquante, lors de l’audience d’un procès, en (...)
La Turquie semblait enfin sur le chemin de la levée des tabous, des intellectuels éminents semblaient pouvoir enfin s’exprimer librement sur le génocide arménien et la question kurde, voir même sur la légitimité du kémalisme et le rôle des militaires. Le débat semblait même « descendre » dans l’opinion par le truchement d’une partie de la presse. Cette brève embellie paraît, depuis quelques jours, connaitre un coup d’arrêt brutal.
Le parti au pouvoir a-t-il maintenant retourné à son profit un système qui (...)
La majorité, l’état-major militaire et les principaux partis d’opposition sont tombés d’accord pour procéder à la réécriture proposée par le gouvernement turc d’un article très controversé de la loi TSK (Türk Silahlı Kuvvetleri, Forces armées turques). L’article 35, entré dans la législation après le coup d’Etat du 27 mai 1960, dispose en effet que le devoir de l’armée est de « préserver et de protéger la République de Turquie ». L’armée turque a réalisé les deux coups d’État suivants, en 1971 et 1980, sur la base (...)
En démissionnant le 29 juillet en compagnie de ses principaux collaborateurs, l’ancien chef d’état-major, Işık Koşaner, pensait peut-être qu’au moins ce départ lui permettrait d’entamer une retraite plus paisible que les derniers mois qu’il avait vécus à la tête des forces armées. Erreur ! Le général Koşaner s’est peut-être évité d’avoir à supporter le triomphe d’un premier ministre dominateur, présidant seul le Conseil militaire suprême (YAŞ), qui s’est tenu au début du mois d’août, mais il n’en est pas quitte (...)
La décision prise, le 29 juillet au soir, par l’état-major de l’armée turque de démissionner collectivement fait craindre l’éclatement d’une nouvelle confrontation entre civils et militaires en Turquie. Professeur à l’IEP de Grenoble et chercheur à l’Institut français d’études anatoliennes d’Istanbul (IFEA) depuis 2006, Jean Marcou connaît particulièrement bien ce pays, où il a enseigné les sciences politiques et administratives à la fin des années 1980. Il a bien voulu décrypter, pour El Watan, cet événement (...)
L’état-major de l’armée turque a annoncé, vendredi 29 juillet au soir, sa décision de démissionner collectivement. Plus précisément, ce sont le chef d’état-major, le général Işık Koşaner, et les généraux commandant l’armée de terre (Erdal Ceylanoğlu), l’aviation (Hasan Aksay) et la marine (Eşref Uğur Yiğit), qui ont demandé à faire valoir leur droit à la retraite. Au sein du commandement suprême de l’armée turque, le seul à s’être tenu en dehors de ce mouvement est le commandant de la Gendarmerie, le général Necdet (...)
« J’ai peur, mais je le fais quand-même » C’est la phrase qui reste dans la mémoire après la lecture de Pınar Selek du 19.05.2010 à Berlin. C’est peut-être cette mélange d’irrationalité courageuse…
...et de passion qui rend Pınar Selek si intéressante
La plupart des articles et critiques actuels sur Pınar Selek traitent de ses expériences avec la justice turque. AVIVA-Berlin veut pourtant mettre le focus sur les questions qui obsèdent le cœur et l´esprit de l´auteure. Exilée, Pınar Selek utilise son temps (...)