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Plaidant pour l’adhésion de la Turquie,Jean-Louis Debré tance Nicolas Sarkozy

mardi 8 février 2005, par Patrick Roger

Le Monde - 07/02/2005

Trois jours en Turquie, des certitudes ébranlées... et quelques flèches acérées. Les quatre présidents de groupe de l’Assemblée nationale - Bernard Accoyer (UMP), Jean-Marc Ayrault (PS), Alain Bocquet (PCF) et Hervé Morin (UDF) - qui ont accompagné Jean-Louis Debré à Ankara et Istanbul, du 3 au 5 février, ont dû réviser, s’ils en avaient, quelques-uns de leurs préjugés. C’était l’un des buts à peine voilés de M. Debré : défendre l’engagement de Jacques Chirac en faveur d’une adhésion future de la Turquie. Au passage, il l’a assorti d’attaques appuyées en direction de son principal rival, Nicolas Sarkozy.

La délégation parlementaire était donc venue « voir, écouter, comprendre, selon l’expression favorite de M. Debré, ce grand pays qui frappe à la porte de l’Europe ». Tout au long de leur périple, les députés ont pu constater que la Turquie avait déjà largement ouvert ses portes à l’Europe. Quand les députés franchissent le porche du grand bazar, samedi, ils passent sous les drapeaux turc et européen flottant côte à côte. Aux distributeurs automatiques, il est possible de retirer des euros. Les achats se règlent indifféremment en monnaie européenne ou en devise locale.

« Si la Turquie était dans l’Europe, ça se saurait », avait prévenu M. Sarkozy, le 9 mai, lors du conseil national de l’UMP, pour marquer son hostilité à l’éventualité d’une adhésion de ce pays. « En voulant intégrer la Turquie par la contrainte, vous préparez des lendemains brûlants », avait déclaré François Bayrou lors du débat sur la candidature de la Turquie à l’Union européenne organisé à l’Assemblée. « L’adhésion de la Turquie est un pas non vers l’unité de l’Europe, mais vers sa dispersion », avait ajouté le président de l’UDF.

« A force de créer des doutes et non de se tourner vers l’avenir, de n’évoquer que les peurs et l’inquiétude, on oublie peut-être l’essentiel : la Turquie et l’Europe peuvent ensemble créer de la valeur ajoutée, a rétorqué, Pekin Baran, le vice-président de la Tüsiad, l’équivalent du Medef, devant la délégation parlementaire française. Nous, nous n’avons aucun doute sur notre capacité à réussir. » M. Baran a été aussitôt invité par M. Debré à venir s’exprimer à l’Assemblée nationale.

« DÉÇUS ET LÂCHÉS »

Un peu plus tard, avec les représentants du lycée et de l’université français de Galatasaray, l’interpellation est tout aussi directe. « Nous avons été profondément déçus par les arguments utilisés en France. Nous nous sommes sentis lâchés », déplore le vice-président de l’université, Seyfettin Gürsel, frère de l’écrivain francophone Nedim Gürsel, dénonçant des « amalgames injustifiés ».

Alors M. Debré, qui jusque-là avait observé une certaine réserve en public, s’emporte. « J’ai l’impression que vous n’avez retenu que certains arguments. Moi, j’ai entendu le président de la République, commence-t-il. Il a été clair, et son message est peut-être plus légitime que d’autres. Ecoutez d’abord ceux qui s’expriment au nom du peuple, parce qu’ils tiennent leur légitimité du peuple, c’est-à-dire le président de la République et le gouvernement. Ecoutez-les d’abord avant d’entendre ceux avec qui vous ne pouvez pas discuter. » Et de conclure, en balayant l’air d’un geste de la main : « J’espère que la prochaine fois vous ne me parlerez plus de ces personnages. »

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