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Musique Beirut : Herder est vivant… Et il est américain.

mardi 4 mars 2008, par Julien Bartoletti

Beirut - The Flying Club Cup
Parfois les plus beaux porte-parole d’une identité ne sont pas originaires du foyer de celle-ci. L’ étranger, reflet embellissant, fera prendre toute la valeur d’une culture au sein même de son lieu d’origine.

Un reflet qui pourra, par sa créativité, prendre vie et élever une coutume locale au rang d’œuvre d’émancipation.

Lorsque Zach Condon, le leader du groupe Beirut a fait son premier voyage en Europe, il y a rencontré diverses influences culturelles, notamment celles d’orchestres tsiganes. Il s’est, par la suite, laissé affaler d’amour pour les musiques traditionnelles du vieux continent.
Venant d’outre-atlantique, son recul lui aura peut être permis de nous faire parvenir une interprétation libre de façon parfois plus efficace que les groupes régionaux originaires d’Europe. Au mélange de musique celte, de cuivres hispaniques et de musette, Zach Condon ajoute sa voix jazzy et vibrionne qui parvient souvent à nous faire frissonner de l’intérieur.

Beirut, c’est la vision mélodieuse d’un américain du Nouveau-Mexique qui, tout en gardant la liberté de notre génération individualiste, fait prendre forme, trois siècles plus tard, au rêve d’Herder et des frères Grimm (premiers théoriciens du concept de Volkskbund ou “génie du peuple”).

Ainsi, le groupe peut être classé dans ce que les pré-romantiques commencèrent à nommer par « traditionnisme » ou folklore. Cette idée de réappropriation du folklore par l’individu et non plus par des élites populistes, voire fascistes, Fatih Akin l’esquisse déjà lorsqu’il filme dans Crossing the Bridge le vivier culturel d’Istanbul. La musique y est jouée pour ce qu’elle procure et non pour la région ou le clan qu’elle est censée revendiquer. A l’instar de ce que nous montre Fatih Akin, Beirut est une expérience instrumentale qui fait contre-pied au respect dogmatique de traditions bien souvent inventées par les nationalismes (cf. « L’invention de la tradition » Hobsbawn, Ranger éd. Amsterdam).

Ainsi, avec Beirut, le folklore et ses coutumes se laissent étoffer, se vidant ainsi de leurs purisme et chauvinisme.


- Références :

http://www.myspace.com/beruit

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