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La Turquie, dossier phare de la présidence néerlandaise

jeudi 1er juillet 2004, par Pierre Avril

Les Pays-Bas à la tête de l’Europe pour les six prochains mois
La Haye : de notre envoyé spécial Pierre Avril

Nouvelle Commission en novembre, nouveau Parlement, les Pays-Bas prennent la présidence tournante de l’Union européenne aujourd’hui, dans une période de transition, mais auront à charge de piloter le verdict crucial sur la candidature turque à l’UE en décembre prochain. Les Européens ont promis de se prononcer sur l’ouverture de négociations d’adhésion avec la Turquie au sommet du 17 décembre 2004. La décision sur la Turquie se fera « de manière équitable, indépendante et transparente », a insisté le ministre des Affaires étrangères néerlandais, le chrétien-démocrate Bernard Bot, lors de la présentation des grandes orientations néerlandaises, la semaine dernière.


Si la Turquie ne parvient pas en décembre à grimper sur le marchepied de l’Union européenne, elle ne pourra pas en vouloir à la présidence néerlandaise. Au premier jour de sa prise de fonction, hier, le premier ministre néerlandais, Jan Peter Balkenende, qui représentera les Vingt-Cinq jusqu’à la fin 2004, a implicitement ouvert la voie à l’ouverture de négociations d’adhésion avec Ankara. Les chefs d’Etat prendront leur décision en décembre - à l’unanimité et sur la base d’un rapport de la commission, attendu pour sa part en octobre. Tout en se défendant de « spéculer » sur les conclusions de ce document, qui évaluera la capacité de la Turquie à remplir les critères politiques d’adhésion - en particulier sur le respect des droits de l’homme -, la présidence néerlandaise a franchi un pas hier. Comme si elle voulait préparer l’opinion publique européenne à un tel élargissement.

« Le fait que la Turquie soit un pays islamiste ne doit pas être utilisé comme un argument plaidant en défaveur de son adhésion », a déclaré le premier ministre. Rappelant que la « liberté de religion » était une « obligation » au regard des critères européens, il a invité ses pairs à discuter d’une possible adhésion d’une « manière non pas négative, mais également positive ». Il a surtout rejeté les propositions visant à instaurer un « partenariat privilégié » entre l’UE et Ankara. Cette option est présentée comme une alternative à l’adhésion par ceux qui, à l’instar des conservateurs français et allemands de l’UMP et de la CDU, sont hostiles à cette perspective. Les sommets d’Helsinki et de Copenhague (1999 et 2002) ont déjà reconnu à la Turquie le droit d’être un jour membre de l’UE, a rappelé Jan Peter Balkenende.Discuter aujourd’hui d’un partenariat privilégié « reviendrait à changer les règles », ce qu’il refuse. Une opinion totalement partagée par la Commission européenne. « La Turquie fait déjà partie de l’Union douanière et a signé un accord d’association. Le stade au-dessus, ça ne peut être que l’adhésion », explique-t-on à Bruxelles.

Evidemment, La Haye ne peut se permettre de couper l’herbe sous le pied de la Commission européenne, à qui revient la responsabilité de rendre son verdict technique, à l’automne. Charge ensuite aux Vingt-Cinq, sous l’égide de la présidence, de rendre une « décision bien argumentée et solidement charpentée », a expliqué Balkenende. Mais les échanges ont déjà débuté. Le 17 juin, le commissaire à l’élargissement Günter Verheugen a rendu visite à La Haye au ministre des Affaires étrangères, Bernard Bot. « La Turquie a réalisé des progrès considérables, mais des améliorations sont nécessaires », a expliqué le responsable allemand à son interlocuteur. Parallèlement, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan vient d’être reçu à La Haye, où il a vanté les performances de son pays. A écouter aujourd’hui les dirigeants néerlandais, la démonstration a dû être convaincante. Hier, la nouvelle présidence n’a pas parlé « d’acquis communautaire » ou de « critères », mais des bénéfices politiques d’une possible adhésion d’Ankara. « La Turquie est un grand pays, son héritage culturel est différent, mais c’est justement ce qui fait sa valeur », a déclaré Jan Peter Balkenende, en s’adressant au citoyen européen. Pour La Haye, tout ne semble plus qu’une question de pédagogie. « Quelle que soit notre conclusion, nous aurons besoin du soutien de tous les Etats membres, pas seulement maintenant, mais aussi dans le futur », a expliqué Balkenende. Si la perspective de l’adhésion devient réalité, ce jour-là, renchérit de toute façon Bernard Bot, « l’Union européenne aura déjà beaucoup changé »...

http://www.lefigaro.fr/international/20040701.FIG0219.html

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