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La Turquie doit »gagner les coeurs » des Européens, affirme Olli Rehn

samedi 8 octobre 2005

La Turquie devra se battre pour vaincre les préjugés des Européens et parvenir à devenir membre de l’Union européenne, a affirmé vendredi le commissaire européen à l’Elargissement Olli Rehn au cours d’une visite à Kayseri, en Anatolie centrale.

Après avoir attendu aux portes de l’UE pendant plus de 40 ans, la Turquie a entamé mardi des négociations d’accession avec le bloc européen, les ministres des Affaires étrangères des 25 parvenant in extremis à lever les objections de l’Autriche, qui voulait offrir à Ankara une option en deçà de l’adhésion.

Si les pourparlers, qui devraient durer au moins 10 ans, s’achèvent sur un succès, la Turquie sera le premier pays de population principalement musulmane à intégrer l’Union.

Cette perspective est cependant envisagée avec réticence par une majorité de l’opinion publique européenne - le rejet de la Constitution européenne par la France et les Pays-Bas lors de référendums au printemps a été pour partie attribué à cette hostilité.

 »Les citoyens de l’UE et les citoyens turcs ont besoin de faire davantage connaissance pour combattre les préjugés et améliorer leur compréhension mutuelle », a déclaré M. Rehn à la presse après des entretiens avec des fonctionnaires et des hommes d’affaires de Kayseri.

 »Vraiment, nous devons gagner les cœurs et les esprits les uns des autres », a-t-il poursuivi. »En particulier, la Turquie doit gagner les cœurs et les esprits des Européens pour réussir dans les négociations d’adhésion ».

Le commissaire européen a ajouté qu’en plus d’une bonne communication, Ankara devait accélérer le rythme de ses réformes démocratiques et remplir ses obligations à l’égard de tous les membres de l’UE, en faisant notamment bénéficier la République de Chypre - qu’Ankara refuse de reconnaître - d’un accord d’union douanière liant la Turquie à l’UE, dont Chypre est membre.

 »Alors, nous avons d’excellentes chances de succès », a-t-il estimé.

Introduire les valeurs de l’UE jusque au fin fond des villages anatoliens, régis par des traditions séculaires et rigides, constituera sans doute un défi pour la Turquie.

De Kayseri, ville natale du ministre des Affaires étrangères Abdullah Gül, aux cafés et salons de thé fermés jusqu’au soir pour cause de ramadan, Olli Rehn a retenu »le mélange de modernité et de tradition ».

 »Vous nous dites que nous devrions apprendre à connaître les Européens, mais comment pouvons-nous le faire si les mouvements sont restreints ? », a interrogé un résident de cette cité industrieuse d’un million d’habitants, faisant référence à la possibilité que l’UE introduise des restrictions permanentes à la libre circulation des Turcs dans le bloc européen.

La mesure, mentionnée dans le cadre de négociations qui doit régir les pourparlers entre Bruxelles et Ankara, vise principalement à apaiser les craintes européennes quant à un éventuel déferlement d’immigrés turcs.

 »Je suis sûr que nous aurons des négociations très intéressantes quand nous parviendrons à ce chapitre », a répondu M. Rehn, reconnaissant le caractère éminement sensible de ce dossier.

De nombreux habitants de Kayseri se sont rendus à l’université de la ville pour entendre le fonctionnaire européen, qui y donnait une conférence, et le remercier d’avoir choisi de visiter leur ville plutôt que Diyarbakir, la principale ville du sud-est anatolien à majorité kurde.

Les visites régulières de représentants de l’UE à Diyarbakir, soulignant la nécessité pour Ankara d’améliorer les droits de sa minorité kurde, ont à chaque fois suscité l’exaspération des autorités turques.

M. Rehn doit se rendre à Istanbul samedi avant de quitter la Turquie.

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