L’Union européenne a mis en garde la Turquie mardi contre tout écart dans la voie des réformes susceptible d’entraver l’ouverture prévue à l’automne des négociations d’adhésion avec Ankara.
L’UE a aussi réaffirmé que la Turquie devait étendre le protocole d’union douanière qui lie les deux parties à ses nouveaux Etats membres, Chypre incluse. Cette extension doit se faire avant le 3 octobre, date prévue pour le début des pourparlers d’adhésion, a rappelé la présidence luxembourgeoise.
« Nous avons rappelé notre attachement aux critères politiques qui doivent être remplis (pour ouvrir les négociations d’adhésion) », a déclaré le ministre des Affaires étrangères luxembourgeois Jean Asselborn, à l’issue de la réunion du conseil d’association UE-Turquie, à Luxembourg.
« Dans ce contexte, certaines questions continent à nous préoccuper, notamment la liberté religieuse, la protection des minorités, l’exercice des droits culturels et sociaux, les relations entre la société civile et l’armée », a-t-il souligné lors d’une conférence de presse.
« La vitesse avec laquelle progresseront les négociations d’adhésion dépendra du rythme du processus des réformes en Turquie. Une mise en œuvre résolue, effective et globale des réformes sera déterminante pour le succès de l’ensemble du processus d’adhésion », a-t-il ajouté.
« Il y a eu des progrès sur les réformes, (mais) il est essentiel de garder le rythme et de les mettre en œuvre afin qu’elles deviennent réalité... dans toutes les rues et les recoins de Turquie », a renchéri le commissaire européen à l’Elargissement Olli Rehn.
Le chef de la diplomatie turque, Abdullah Gul, a répondu à ses interlocuteurs en assurant qu’il ne devait « y avoir aucun soupçon » de la part des Européens quant à la volonté d’Ankara.
« J’ai renouvelé notre détermination à mettre en œuvre les réformes... Ici ou là, il peut y avoir des problèmes qui apparaissent mais nous n’essayons jamais d’ignorer les difficultés », a-t-il assuré.
Sur la question de Chypre, M. Asselborn s’est félicité qu’Ankara ait paraphé il y a quelques semaines le protocole étendant l’accord d’union douanière avec l’Europe de 1963 aux dix nouveaux Etats membres entrés dans l’UE il y a un an.
« Cela représente un pas important dans la normalisation des relations bilatérales entre la Turquie et tous les Etats membres de l’UE », a-t-il estimé.
« Nous attendons maintenant sa signature », a-t-il rappelé, assurant que la présidence luxembourgeoise entendait « tout faire pour obtenir la signature de cet accord » avant de passer les rênes de l’Union au Royaume Uni le 1er juillet.
M. Rehn a précisé que la Commission finaliserait les préparatifs « dans la première moitié de mai ».
Plusieurs étapes de procédure resteront ensuite à franchir devant le Conseil des ministres de l’UE, le Parlement européen et l’assemblée nationale turque, ce qui devrait ouvrir la voie à une signature effective au plus tôt en juin.
Le commissaire à l’Elargissement a toutefois redit sa « confiance » que l’opération, préalable absolu fixé par les dirigeants des 25 en décembre dernier avant l’ouverture des négociations, sera bien bouclée dans les temps d’ici au 3 octobre.