La question qui divise le plus profondément les Européens, ce n’est pas l’avenir de son modèle social mais bien l’adhésion éventuelle de la Turquie. Elle oblige l’Europe à préciser son identité et à s’interroger sur ses frontières. Le débat, sur fond de peurs irrationnelles et de mauvaise conscience, se déroule le plus souvent dans une méconnaissance profonde de ce qu’est réellement la Turquie d’aujourd’hui. A la crainte rémanente devant un empire ottoman pourtant disparu se superpose une panique culturelle très contemporaine devant un islam perçu de manière indifférenciée et souvent caricaturale.
Le livre que publie Semih Vaner avec un groupe d’universitaires retrace la marche forcée vers l’Occident entamée depuis bientôt un siècle par la Turquie sous l’impulsion de Kemal Atatürk. Sans cacher ses zones d’ombre, les auteurs mettent en évidence la réalité moderne d’un Etat-nation turc profondément différent des autres pays musulmans. Un livre à lire pour que des hésitations justifiées face à la Turquie cessent d’être obscurcies par des fantasmes d’un autre âge.
« La Turquie », sous la direction de Semih Vaner, Fayard/CERI, 744 p., 28 euros.
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